Alors là, non ! Je crie au scandale ! Comment peut on encore entendre des gens faire le souhait d’être célibataire ? Comment peuvent-ils vous cracher à la gueule qu’ils n’ont connu dans leur vie que quelques jours de célibat et que la solitude leur laisse tant à désirer ? Mais ça va pas ?! Vous savez même pas de quoi vous parlez alors fermez là !
Car, et bien non Madame, je ne vous parle pas d’un célibat de 10 jours, mais d’un célibat de dix mois. Dix loooooongs mois pendant lesquels on remet tout en cause. On se demande si on a la gueule de l’emploi quand même : il y a bien quelque chose qui cloche quand seules les lesbiennes se retournent sur vous dans la rue ; même les chiens grognent à votre passage. Alors on commence à se ruiner en produits de beauté, puisqu’on s’occupe pas de notre mec, on va s’occuper de notre peau. On s’achète des fringues qu’on ne peut même pas se payer en se disant qu’un T-shirt de designer attirera le poisson dans notre filet. Si seulement Madame…
Et pendant ce temps là, votre meilleur ami, qui est moche comme un pot de chambre plein, se délecte à vous raconter ses dernières aventures sexuelles. Comme si vous, vous pouviez comprendre ce qu’on ressent à baiser dans la plus sordide backroom de la capitale. Même là, personne n’a osé vous toucher.
Alors on se met à rêver. On imagine ce que ce doit être de passer une soirée avec celui qu’on aime, parler des heures au téléphone quand il est en déplacement, lui acheter le dernier livre de Thomas Harris pour qu’il se serre tout contre vous de peur dans le lit, écouter les messages qu’il vous a laissé sur votre portable.
La réalité est bien plus dure. Le seul message sur votre portable, c’est votre signal conso qui vous rappelle que vous avez encore dépassé votre forfait. La seule personne qui partage votre lit, c’est votre meilleure amie lesbienne qui fuit sa petite amie et qui squatte chez vous depuis trois jours. Et le seul livre que vous achetez, il est pour votre poire, et c’est un bouquin d’Angot. Y a pas de quoi la ramener, Madame !
Alors parfois, on glisse dans le sordide et on se met à hurler que tout ce que l’on veut, c’est une bite ; je sais pas moi, juste le bout d’un gland, même tout petit tient, on le prendrais bien. Et là, il y a toujours quelqu’un pour vous lancer à la tronche qu’il nous reste encore la possibilité d’acheter un vibromasseur. Quel pathétique !
Bien sûr, personne ne vient pleurer sur votre sort. Quand on est seul, on est vraiment tout seul. Hein ? Vous comprenez pas ? Si, si, réfléchissez bien vous allez saisir le concept de cette dernière phrase. Heureusement, il vous reste votre voisine du premier, cette jeune femme petite et boulotte qui rêve de se taper Brad Pitt et qui détient ce formidable record de 16 mois de célibat. Tous les deux, vous rêvez ensemble que le soir vous entendez le ronflement de votre être aimé près de vous dans le lit, vous imaginez cette douche froide du matin tant énergisante et un peu forcée par le fait qu’il ait passé 3 heures dans la salle de bain, vous rigolez parce qu’il serait tellement agréable de trouver ses caleçons sales sur le canapé.
Ah, n’être plus seul. Laissez moi encore rêver et ne venez pas détruire mes illusions. En fait, la vie de couple, c’est un peu comme le pain pendant la guerre, on n’en a tellement manqué, que si un jour on en a, on en mangera jusqu’à notre mort. Promis !