« la prornographie joue un rôle de régulateur social en offrant un dérivatif à la frustation sexuelle » pouvait-on lire récemment dans Libé dans un appel signé de quelques stars du nouvel ordre sexuel sous le titre de « Rabelais réveille-toi ».
Le débat, travaillé au corps depuis longtemps par les pisse-vinaigre de la Droite (la Bouton anti-pacs & co) a trouvé, en effet, quelques oreillles protectrices de la jeunesse ou de la Femme côté Gauche-caviar-bobo-bourge-parisienne, celle-là même qui a si bien découragé, par sa lâcheté et son immobilisme, de voter Jospin qu’elle en est réduit à donner maintenant son avis sur le cul, même si personne ne le lui demande. Car derrière le porno (et par extension de la prostitution qu’on affecte de vouloir, sinon éradiquer, mais règlementer à Paris, sans se demander au passage ce qu’il adviendra alors de l’économie de la première destination mondiale de congrès pour Messieurs seuls…), c’est toute l’hypocrisie des quincas qui nous gouvernent qui se manifeste ouvertement au grand jour.
Faute d’avoir à temps maîtrisé l’explosion exponentielle du cul sous toutes ses formes, elle se met maintenant à crier au loup et exigerait en plus que l’on l’entende, ce qui ne manque pas de sel. Au détriment de la liberté de choix d’adultes consentants, ce qui est un comble et carrément avec des arrières pensées de censure technologique à l’accès aux sources de diffusion des images.
Certes, il serait possible, et dans certain cas clairement souhaitable, de mettre un peu d’ordre dans ce grand bordel cathodique mais n’y a-t-il pas vraiment mieux ou plus urgent à faire ? Des boutiques spécialisées jusqu’à l’insoupçonable fleurissent partout dans les rues marchandes de nos villes, on ouvre des clubs de table-dancing en veux-tu en voilà, quand aux réseaux d’échange, c’est la croissance à 2 chiffres !
Bref, la pub, la presse, ne peuvent plus vivre sans stimuler les consommateurs français fatigués (et vieillissants) à coup de viagra créatifs et autres addictions libidineuses. Quand aux radios, elles doivent bien de temps à autre mettre un peu de trash dans leur émetteurs faute de quoi elles feront des audiences à la France Culture, c’est dire si ça zappe sec ! La TV, on n’en parle même pas, c’est sex in the living-room et du prime-time mammaire sur toutes les chaînes…
Donc finalement, cessez Mesdames et Messieurs les tartuffes numérisés de crier sans cesse au loup du sexe pour en venir à bout : passez un code de bonne conduite entre adultes consentants, cela va de soi mais donnez-nous d’abord envire de voir autre chose que du cul à la télé. Cela vous évitera de ressortir ce serpent de mer tous les deux ou trois ans. A moins que vous n’ayez déjà à ce point perdu la partie que, finalement, votre charge politique contre la pornographie ne soit le cache sexe bien riquiqui de votre propre impuissance.
Comprenez alors que, pour des raisons pratiques, nous n’acceptions pas votre marché pipé et qu’invoquant à notre tour les mânes de Rabelais, nous ne soyions plus sûrs de rien sinon d’avoir encore eu affaire à une vulgaire histoire de casse-couilles.

