Ah ben non, si vous commencez à vous foutre de ma gueule dès le titre, comment voulez vous que je sois un peu crédible. Car enfin Madame, ne vous en déplaise, moi aussi j’ai décidé de me mettre à la mode butch. Après ma période nouveau romantique, ma période indie babe, ma période techno bunny et ma période French chic, j’entame ma période butch.
Pour les ignares, ou ceux qui considèrent que Bastille est un lieu cool, j’explique : vous qui n’aviez du pédé que cette image oh combien réductrice de la folle tonitruante, sachez qu’il est de nouveau à la mode que nous affirmions notre virilité. Sans tomber dans le délire cuir et moustache style Colt Studio en 1977, il est de bon ton, Madame, de mélanger avec grand raffinement un look streetwear et sportwear que vous relèverez d’un détail savamment choisi et donnant au tout une légère tonalité poufiasse. Oui, on est pédé, pas dealer sur la Place de Clichy !
Concrètement, qu’est ce que cela veut dire ? Tout d’abord, la chaussure : laissez tomber vos bottines noires à bouts carrés, et préférez ces baskets dont vous vous serez assuré qu’elles sont le dernier modèle le plus hightech. Pour le pantalon, confort absolu, choisissez un treillis large ou un jeans baggy. Pour le haut, restez sobre, T-shirt Adidas ou sweat-shirt Diesel. Agrémentez le tout d’une veste de créateur en cuir usé sous laquelle vous aurez glissé ce petit haut de jogging à capuche de chez GAP. Détail vulgaire et tout à fait viril s’il en est, le bracelet de force ne doit pas venir d’un quelconque surplus, mais se doit d’être monogrammé Gucci ou Vuitton. Est ce que tout cela est clair ? Donc maintenant, vous pouvez sortir draguer dans les bars sans avoir l’air d’une tapiole cuvée 96. Bien, ça, c’est fait !
Maintenant, bien que vous ayez le look, en ce qui concerne l’attitude, c’est un petit peu « la chasse au trésor ». Soyons clair, une semi racaille ou un herzats de biker qui roule du cul rue Sainte Croix de la Bretonnerie et qui vocifère chaque fois qu’il renverse son café à l’Open, ça ne le fait pas du tout. Imaginez Tom of Finland avec la voix de Zaza Napoli, et oui, vous aussi ça vous fait rire. Regardez vous dans un miroir, vous allez vite vous calmer. C’est plus « la cage aux folles », c’est la cage aux dindes ou comment Renato prend des cours de butchitude.
Quand j’arbore ce look un peu plus masculinisant, et Dieu sait s’il y a du travail avec moi, ma meilleure amie me traite de butchiasse, ce qui est, pour les non initiés, un mélange de butch et de poufiasse. Quel beau néologisme pour nous les pédés en mal de virilité. Allez Messieurs, laissez les camions aux camionneuses et continuez à jouer avec Barbie hôtesse de l’air, car enfin, chassez le naturel, il vous revient quand même en pleine gueule. Et là pour le coup, vous risqueriez de vous faire mal.


