On a défilé pour le droit à l’adoption alors que bon nombre d’entre nous sont bien trop occupés par leur plan cul à venir, et n’ont rien à faire de la possibilité d’adopter un enfant un jour ou l’autre… Assez d’hypocrisie. A chaque gaypride c’est le même refrain : 80% (chiffre politiquement correct) des homos (gays et lesbiennes) qui sont là veulent juste faire la fête, et peu importe la raison du défilé. Bilan des opérations : Un vaste bordel à mi-chemin entre le zoo et une soirée du Scorp, et une fois la gueule de bois du lendemain assumée, et les couilles vidées, l’homo de base reprend son train-train quotidien avec pour seule question existentielle la prochaine boite où il ira chasser un bout de viande à mettre dans son lit. Le pédé de base est partagé entre assouvissement de ses pulsions et oubli de sa solitude, en ce qui concerne les batailles pour des rêves, pour des idéaux, c’est bon pour les autres, pourvu qu’on le laisse baiser peinard dans son coin, avec ou sans capote.
Quand on y regarde bien, on n’est passi malheureux, NOUS. On peut se balader dans la rue sans se faire tabasser àchaque coin de rue (ou presque), on peut s’éclater dans la dernière boite« in » de pédéland, on peut baiser comme des bêtes toute la nuit dansla première backroom venue, avec le premier cul venu. Pendant ce temps,d’autres se cachent, se réunissent en secret, sont persécutés sous prétexte qu’ils ont une sensibilité différente, se font tabasser ou emprisonner en toute impunité à côté de chez nous ou à l’autre bout du monde.
Alors, j’ai fait un rêve : Celui qu’on ferait une gaypride emmerdante. Une gaypride qui passerait sous les fenêtres de l’ambassade égyptienne, une gaypride qui empêcherait l’ambassadeur de Chine de siroter son thé en paix, une gaypride qui interdirait à l’ambassadeur iranien d’oublier l’espace d’un instant tous les homos qu’il exècre.. Juste une gaypride qui exhiberait ses folles tordues libres sous les fenêtres de quelque diplomate d’un pays ouvertement homophobe. Et même si 80% des gens présents se foutent de la cause, au moins, ils feraient chier pour quelques heures un mec aussi tolérant qu’une Boutin (ou un De Villiers au choix) en puissance. Mais bien sûr, tout ceci n’est qu’un rêve. On trouvera encore une raison de vivre bien francofrançaise à la gaypride 2002, deux charlots iront défendre un idéal, et Bob lèvera son gibier pour la nuit, pendant qu’Yvonne ira bouger son corps sans se demander pourquoi elle est vraiment là. Et moi je repars à mon rêve. Que ceux qui s’en sentent le courage méditent cette phrase d’ Ella Wheeler Wilcox : « Pêcher par le silence, quand ils devraient protester, transforme les hommes en lâches »

