Les mercaticiens, financiers et économistes leur ont apporté une réponse : bienvenue au pays du Jamais Jamais (Never Never Land) – happy hour spécial paumés !
Notons tout d’abord, et avec intérêt, l’utilisation abusive du portable, moyen de communication moderne, flexible, expression arbitraire et superficielle d’une forme de liberté de communication qui ouvre en opposition de la communication elle même, pour rejoindre en ce sens les propos des sociologues actuels lorsqu’ils soulignent qu’à force de vouloir trop communiquer on finit par ne plus communiquer ; 08 36 68. bonjour.et bienvenue sur « plan baise », la nouvelle messagerie 100% plaisir, 100% souvenirs, 100% seuls, et vive le réso (ça ne s’écrit pas comme ça ! Ah.bon.)
On pourrait envisager qu’il s’agit ici de compenser une forme de communication insatisfaisante et insatisfaite de la petite enfance et de l’adolescence mais ce serait réduire l’effet de mode à l’état d’explication probante d’une défaillance sociale sans rapport, que beaucoup ne manqueront pas de me reprocher. Car l’intérêt ici, est de soulever le voile sur une partie de ce qui rend toute possible intégration stérile.
En conséquence, livrons-nous à une considération d’ensemble quant au traitement de la société de consommation et de ses nombreux rapports et incidences sur l’entretient et le développement du Syndrome de Peter Pan (SPP) au sein d’une certaine catégorie de membres de la communauté gay : les Peter Pan.
Dans son refus de grandir, sa passion pour l’irresponsabilité, ses relations (humaines et sexuelles sommes toutes.. conflictuelles) l’ironie est que – dans ce cas précis – le danger vient de l’extérieur, extra communautaire donc insecure, mais pour une fois, parce qu’il participe à la construction de ce qu’il pense être SON monde, le sujet atteint de SPP s’y réfugie avec un délectable plaisir matérialiste de compensation par la possession.
Il y a une règle toutefois : consommer doit être un plaisir en harmonie avec l’imaginaire du sujet atteint de SPP ; il pourra ainsi remplir à loisir son panier à provisions de pensées magiques, ces petites choses qui envahissent notre littérature (la presse spécialisée s’en fait écho chaque jour.), les médias (et en avant l’homo de service dans toutes les séries B du PAF – aïe ! ça fait mal !) jusque dans l’éducation, si, si.
Tout est affaire de vite consommer et de satisfaction pleine et entière comme autant de success Story médiatiques où Monsieur Personne devient Monsieur Tout le Monde tant son passage de l’ombre à la lumière (cathodique, et non spirituelle ou intellectuelle, il va sans dire !) le place au rang d’incarnation vivante d’une forme de réussite populaire et donc, possible. Ephémère ? Certes ! Mais tellement cool, in, et branché ! Enviable ? Oui, puisque pour le bataillon d’enfants perdus qui le regardent, il brille, il devient sans effort, comme poussé, l’exemple vivant du ‘je suis reconnu, intégré, accepté, j’ai résolu ma solitude, j’appartiens ! et si je peux appuyer le tout avec un soupçon de ‘regardez-moi bien, je vous représente, ne suis-je pas formidable ? Non, pff ! t’es qu’une mauvaise ! jalouse !
Aujourd’hui, le Peter Pannisme revient. en chanson, avec les BO des dessins animés des années 80. Goldorak , Capitaine Flam, Casimir, Tom Sawyer et tous les autres. dans quelques bars à la mode, à Paris, à Bordeaux, à Madrid et Ibiza.
Nombre de Bars et discothèques gays (pas uniquement, mais quand même.) sont devenus des ‘maisons de repos’ pour ces victimes du SPP. Trois maisons de disques ont fait un carton commercial, et la tournée Gloubiboulganight affiche complet.
Il en va ainsi du Diktät alimentaire, culturel, musical, physique ou vestimentaire dont la presse, la télévision ou encore la radio nous abreuvent chaque jour.
Lorsque l’on sait que les victimes du SPP sont, d’une manière générale, extrêmement sensibles, il est logique qu’on ne cesse de les satisfaire à coups de couleurs, de packagings et autres séries limitées qui ne manqueront pas de flatter l’égo narcissique du sujet atteint de SPP dans sa quête de l’éternelle jeunesse ; merci Mylène ‘on t’aimeuuuu !’, dieu ait une pensée émue pour Madonna que j’adoreuuu ! et qui me le rend bien en fermant les yeux sur une politique commerciale prohibitive ! Ah bon, elles ne le savent pas ? Mais je croyais que c’était aussi des femmes d’affaires avisées moi ? Dis-moi, qu’est-ce que tu en penses Alizée ?
C’est ce désir frénétique d’appartenance qui incite le sujet au SPP à tout voir, tout lire, tout entendre et tout vivre.
Plus qu’un credo, c’est un exutoire, la fuite en avant de la solitude par la consommation effrénée de la connaissance et de son environnement immédiat, comme clef d’appartenance sociale ; seul problème : l’abondance est un faux sentiment de sécurité qui devient rapidement LE catalyseur de l’état de solitude ; merci (bis !)
Son approche « marchandise » de la société déteint très rapidement sur son relationnel humain et affectif et pousse le sujet atteint du SPP à considérer toute forme d’échange comme un plaisir personnel de satisfaction individuelle immédiate, un moyen d’intégration et d’appartenance sociale et/ou culturelle ; cherche 23 cm (voir plus !), blond . euh non, brun ! euh, non, châtain ! enfin un mec, comme. euh. comme. MOI ! merci de lire : cherche produit type INDENTITIK – voir descriptif du produit au verso.
La quête de votre placebo social – loin de l’altruisme – génère une exacerbation de la pression des pairs qui étouffe ce qu’il reste de sollicitude pour exaspérer la solitude dont le sujet atteint de SPP est atteint.
Lisez ce passage du Syndrome de Peter Pan de Dan KILEY (1983) avec vos yeux, mais utilisez votre troisième oreille (oui, j’ai bien dit OREILLE).
Peter Pan est de ceux qui ne se laissent pas abattre. Lorsqu’il se réveille au Pays de Jamais Jamais, en proie à la solitude, il ne panique pas. Il regarde autour de lui, voit d’autres enfants victimes du même destin et transforme en victoire ce qui aurait pu être un désastre. De tous ces garçons liés entre eux par un sort commun qu’ils ressentent profondément – ils ont tous été rejetés de la pire des façons – il crée une troupe dont il scelle l’unité en se déclarant capitaine. Et c’est bien là ce qu’il est. [.] Mais cette camaraderie, cette identité de groupe n’empêche nullement Peter et sa légion de se sentir atrocement seuls. Pour surmonter cette solitude, il leur faut trouver des moyens de transformer ce cauchemar en sport. L’enfant étant l’exemple type du joueur, rien de bien étonnant à ce qu’ils travestissent leur solitude en gaieté et en ruse.
L’ironie de cette quête éperdue de reconnaissance et ce qu’elle comporte d’unicité (vous remarquerez que je n’utilise pas ‘unité’) est qu’elle se proclame d’amblé en marge d’un système établi et vous place comme tels.
Dans un article publié en août 2001 sur citégay.com, et intitulé L’été des grands prédateurs, j’appliquais ce même raisonnement à l’offre touristique gay et concluait sur la définition du terme banlieue et sa mise en perspective de la Communauté :
« Commune qui n’a pas de fonction propre, qui s’est collée contre une ville dotée d’une fonction politique, administrative, commerciale. Endroit où la vie s’est installée après que les gens y sont venus habiter. Vie fabriquée, artificielle, ville dépendante, satellite. »
Libre à vous d’entretenir les marchands d’influence qui vous dépouillent en usant d’une variation sur un seul thème : « si vous achetez ceci, vous ‘ferez partie d’un groupe’ ».
Seulement, à force de sucer votre pouce mental, vos difficultés à vous présenter non préparés aux valeurs environnementales et comportementales irrésolues de votre véritable intégration (qui, elle, se fait dans l’unité, pour ceux qui ont suivi.) tous les phénomènes ‘shampouineuses’, ‘je t’aime, moi non plus’, ‘cherche âme frère comme ci, comme ça, enfin comme MOI !’ ‘je veux construire mais la solitude a ce je ne sais quoi de tellement libre et confortable’ etc. … etc. …, ne manqueront de se frayer un chemin tôt ou tard dans votre esprit conscient au point de vous accabler terriblement, chaque jour, et de gonfler les rangs de ces merveilleuses victimes du marketing moderne ; ‘Dis maman, pourquoi je suis pas un garçon ? ‘merci Mylène, merci Madonna, merci maman qui est toujours là, merci papa que je n’aime pas.’ (fade)
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Homosexualité et peter pannisme


