En tout homo qui se respecte, votre rêve est de vivre la vie de Mouna Ayoub : dormir sur votre yatch amarré à St Trop et partir pour St Barth en ayant pris soin de dévaliser la boutique Gucci, tout en vous nourrissant de champagne.
Un obstacle néanmoins se dresse sur votre chemin : votre compte est loin d’être celui d’un prince du pétrole. Qu’à cela ne tienne, pour un Jet-setter digne de ce nom, être et paraître sont 2 concepts bien différents.
Levez-vous le samedi matin en ayant pris soin de manger un p’tit-dej’ bien consistant : la journée va être longue et les collations rares car chères. Munissez vous de vos lunettes noires ainsi que d’une tenue vestimentaire dans le même colori (mais sobre !!! J’ai pas dit de porter du lycra !) et d’un portable que vous collerez à votre oreille. Il reste donc à débarquer dans la boutique Armani en beuglant au téléphone : « Naomi, chérie, je t’ai pas dit une vulgaire black de St Denis du nom de Keesha, je veux Naomi. Et fous moi Britney à la table du fond, on a assez vu de teenager chantant en train de secouer ses loches prépubères tout en criant Baby à longueur de spectacle ! » Bizarrement on ne vous regarde plus comme si vous aviez débarqué dans la boutique avec un caddie de chez Champion. Faites un sourire « excusateur » à cette conne de vendeuse , et sortez d’un pas pressé après 2, 3 minutes comme pour indiquer que vous n’allez pas essayer de dépenser du fric dans cette merde. Pour votre café de 4 heures, choisissez le Costes ou n’importe quel endroit affichant un café supérieur à 45 frs sous prétexte qu’il est torréfié par des Colombiens poliomyélites et que vous faites oeuvre de charité. Sortez votre filofax et annotez connement les pages, ça y est vous êtes dans le trip.
Pour la soirée, mettez des basket et recommencez le petit cinéma sur le portable dans la queue du club. Changez Naomi par Ophélie et toute la queue de pauvres tapettes vous imagine à surfer sur le who’s who du showbiz. Au bar, une coupette de champagne fera l’affaire. Il vous suffit de sourire au vieux beau dans le carré VIP et vous voilà déjà en train de remuer des fesses l’air blasé au milieu des quelques happy-few de la soirée.
Et voilà, vous venez de vivre la journée d’un Jet-setter. Bien sûr, vos pieds sont morts car vous n’aviez plus d’argent pour payer le taxi à la sortie du club, et vous avez faim car vous avez claqué 50 balles dans un kawa. Mais on ne peut pas tout avoir, et qui sait, si la prochaine fois vous sucez le vieux beau dans les WC, vous pourrez prendre des petits fours avec votre café.

