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J’accuse, tu accuses, il accuse…….nous récusons !

« J’accuse ! … », bonjour Zola !, misère de style.
L’esprit procédurier venu d’outre-atlantique se pare des feux du siècle dernier et gagne à son tour les écrivains, mais les effets de manche sont inadaptés à ces auteurs dès lors qu’ils veulent en découdre avec leurs bras nus. Meme William Dustan, notre écrivain Francais au prénom Anglais ( Guillaume est un vrai-faux pseudo ) a hélas cédé au jaccuzisme à remous sur la première page de son site. Cette semaine, c’est un écrivain Anglais au nom Francais qui fait la une littéraire du Nouvel Obs. ( que je lis encore parfois !) , John le Carré : « J’accuse… »… et caetera comme aurait dit le mal-rasé! Il va falloir moderniser les outils de la guerre. Alors d’abord pour commencer je récuse et pour continuer, je récure.

Que nous dit cette vieille lime du contre-espionnage britannique, et comment s’y prend cet alchimiste Vidockien pour attraper quand meme des lecteurs avec son vinaigre blanc qui ne délavérait même pas un tee-shirt ? Quel brulot ce ben Loden du pays du cachemeere veut-il lancer contre les vaisseaux amiraux du capitalisme pharmaceutique ? Sous couvert d’humanitaire, il récupère un thème antimondialiste très en vogue pour faire du chiffre avec des arguments de fête foraine. Dans son livre, « la constance du jardinier », il part en guerre contre les labos, comme les autres adorateurs du sifflet à roulette , toujours pas rentrés à l’ENA. « Certaines sociétés pharmaceutiques sont des marchands d’armes en blouse blanche », et c’est ici l’auteur qui s’exprime à travers son personnage. Avec une telle pertinence, je rajoute son livre à mon stock de bois pour l’hiver mais d’autres vont malheureusement avoir envie de partager sa révolution, d’en prendre la tête, d’en être le héros ( d’autant plus facilement qu’il a tout le monde avec lui ). Mais l’expérience prouve que quand tout va mal, on peut se fier à l’intuition innée de la foule : elle a toujours tort. Les malheureux ne s’en sortent jamais par eux-mêmes malgré leur nombre.
Je n’ai pas lu le bouquin, le Nouvel Obs sera largement suffisant.

Première accusation :
« Les laboratoires se débarassent des médicaments périmés en les expédiant vers le Tiers-monde », ou « livrent des produits capillaires, des remèdes anti-tabac, des coupes-faim, pour se racheter une conduite humanitaire à peu de frais auprès de l’opinion publique occidentale »

Deuxième accusation :
« L’Afrique compte 80% des sidéens du monde. Les firmes pharmaceutiques et leur serviteur, le département d’Etat Américain, menacent de sanctions tout pays osant produire sa version bon marché des molécules brevetées aux USA… » des salauds qui n’ont qu’un Dieu, le profit !

Troisième accusation :`
N.O.: Quant aux arguments des laboratoires, selon lesquels cette pratique tarifaire qui maintient des prix élevés sur des médicaments de première nécessité, permet de financer une recherche de plus en plus couteuse, Le Carré la récuse entièrement : cette recherche est SELON LUI, subventionée par les fonds publics et amortie depuis longtemps par les immenses bénéfices réalisés par ces sociétés.

Quatrième accusation :
Falsification des indications thérapeutiques pour étendre les prescriptions à d’autres pathologies où un médicament est peu ou moins efficace

Cinquième accusation :
Mise en circulation de médicaments dont les effets secondaires sont inconnus, voire falsifiés. Menaces ou corruption de chercheurs pour vanter des molécules inefficaces ou nocives

Le Nouvel Obs rajoute son grain de sel : l’Afrique meurt du Sida tandis que les multinationales prospèrent, lesquelles disposent dans le Tiers-Monde d’un vivier de cobayes pour expérimenter en toute quiétude de nouvelles molécules dont profiteront seuls les malades des grands pays occidentaux.

Mais oui les p’tits gars, tout cela est scandaleusement vrai ( à part la 3ème accusation), cette indignation est parfaitement justifiée et le pire a même été oublié ( ce qui ne m’étonne pas avec des gens qui ont si peu de discernement ), avec le brevetage du génome humain. Enfin, »à l’heure du soupçon erigé en philosophie », quand le pire est sûr et la politique du pire aussi, je vous rajoute ma touche paranoiaque : les premiers actionnaires privés des labos sont les congrégations religieuses ( le vatican détient à lui seul 7% de Pfizer ) : peut-être ont-elles interêt à avoir à la fois le maximum de profits tout en freinant la recherche qui menace gravement leurs valeurs ethiques !

Et maintenant, vous me permettrez de prendre un pinceau que je coince entre mes doigts du pied droit ( par respect pour le héros du film « My left foot » ) pour rajouter ma touche perso à cette croute, où j’inclue mon délire paranoiaque précité.

Première récusation :
L’opinion publique occidentale se paye des sifflets à roulettes et des livres de John le Carré pour se racheter à peu de frais la passivité des Etats ( qui n’est autre que la sienne), sur laquelle elle se défausse. Les labos sont meme « moins pires » que les autres secteurs, où l’on vend du lait périmé, des voitures dangeureuses. ..

Deuxième et troisième récusation :
Il faut considérer les deux accusations simultanément pour comprendre la vacuité du raisonnement de le Carré.
D’un coté il montre du doigt les Américains et de l’autre il affirme que les fonds de la recherche sont assurés par le public et les bénéfices tirés par le privé, sans considération de la vie humaine.
D’abord, les labos ne sont pas tous Américains, ils sont aussi Suisse et Anglais, un peu allemands et japonais. Les bénéfices des labos vont dans les poches de leurs actionnaires, la société occidentale. Surtout, on ne voit pourquoi accuser les américains si on dit en meme temps que le secteur public américain subventionne l’essentiel de la recherche pour discréditer les labos en général, alors que l’europe et le japon ne consacrent pratiquement rien à cette recherche publique, environ 10 fois moins que les Etats-Unis par habitant. Pourquoi voulez-vous que les Américains payent pour les autres ( parce qu’ils ont été touchés les premiers par le Sida donc davantage, le pollueur est payeur se disent les européens ! ) . Gauche bien-pensante,anti-américaine : il est très français notre british, son nom d¹auteur n’est pas du au hasard.
« Selon lui », on comprendra la prudence du Nouvel Obs, il ne s’avance pas à affirmer une thèse qui pourrait lui valoir un procès, les labos ont amorti les frais de recherche et tire de scandaleux bénéfices. Vivent les pertes. Avec les attentats, les Etats-Unis ont débloqué d’urgence 40 Milliards de dollar pour leur seule industrie aéronautique, prévoient encore beaucoup plus pour renforcer les services du renseignement. On rappelera que ces memes Etats-unis n’ont donné que 0,7 milliard de dollars à l’ONU pour le plan quinquennal de lutte contre le sida, dont une grande partie ne va pas à la recherche mais à une inutile prévention , mais bien sur les labos sont coupables de tout, et surtout les Américains dont l’effort de recherche est plus de 10 fois supérieur à celui des européens.

Quatrième récusation :
Pas de récusation. Mais ce phénomène est facilité par des consommateurs qui sont demandeurs de médicaments. Logique commerciale, résultat d’un choix hautement politique d’avoir abandonné la pharmacie au secteur privé . En France, Rhone-poulenc a été nationalisée par Mitterrand mais reprivatisée par la nouvelle gauche, la gauche morale.

Cinquième récusation :
La mise en circulation de molécules aux effets secondaires inconnus ! le département d’Etat Américain est le plus sévère de tous pour l’autorisation de nouvelles molécules. Les effets secondaires sont-ils inconnus ou falsifiés? Peut-on prévoir tous les effets secondaires dans une science du vivant. Quand des médicament sont donnés à des millions de personnes , est-il anormal que l’un d’entre eux contre le cholésterol entraine accidentellement 52 décès, le méfait n’est-il pas compensé par le bienfait apporté aux autres patients? Est-ce que ce ne sont pas les associations antilabos qui ont fait pression pour distribuer des molécules de façon anticipées ( les ATU : autorisations temporaires d’utilsation?) A vouloir à tout prix le risque zéro, combien de retard, de surcoûts et de menaces sur l’industrie et les chercheurs fait-on planer? Pourquoi faudrait-il que seuls les médicaments du Sida ne fassent pas de profit, et ils n’en font pas ! Imagine-t-on l’avenir de la recherche , la fiabilité des médicaments dans une industrie soumise à la concurrence et qui ne fait plus de bénéfices ?

RECURAGE:
Surtout peut-on accuser des médecins chercheurs d’être entièrement soumis à leurs employeurs, et ces employeurs de ne penser qu’à l’argent? S¹ils sont soumis à des pressions financières, est-ce à cause du libéralisme ou parce que l’argent est de toutes façon rare et doit etre employé au mieux? Si l’avancée médicale n’est pas assez forte au goût de monsieur le Carré, est-ce la faute des labos ? Pourquoi des individus privés devraient-ils payer des médicaments à la place d¹un plan public dans un Occident qui n’a qu’à donner les médicaments voulus au Tiers-monde en les payant leur juste prix, celui du marché et de l’industrie, quand en plus les « bénéfices » lui reviendront puisqu’il est actionnaire de cette même industrie. Monsieur le Carré mesure -t-il le néant politique de son discours, aussi rempli de bonnes intentions qu’il conduit droit dans le mur ! Ne voit-il pas la marge de manoeuvre financière phénoménale dont nous disposons pour le sida et pourquoi les sidathons marchent-ils si peu ? la faute aux labos bien sûr ! Aux gouvernements, encore mieux !

Allons, ces hommes lettrés sont complètement incultes : ils n’ont jamais lu ni la Tribune, ni Investir, ni le Financial Times, ni 24 Ore…comment voulez-vous qu’ils aient la moindre compréhension de la modenité ?

J’apprends que Télérama dédie sa couverture à le Carré maintenant ! décidément, j’ai le flair pour repérer à 100mètres les meilleurs arnaques !



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