Elle s’appelle Dana International, elle est transgenre et c’est une illuminée. Avec sa voix claire, posée, et son sourire radieux comme le soleil, c’est elle qui défendra les couleurs d’Israël au concours de l’Eurovision, Birmingham, le 9 mai.
Opérée en 1992, Dana International est une personne trans réussie, sans équivoque. Sobre. Après quelques shows de drag-queen, elle enregistre un premier titre « Saida ». Il fait un véritable carton. Dana quitte les plateformes. La fièvre monte. Elle va devenir star.
En 1993, son premier album est couronné d’or.
En 1994, le deuxième s’offre le platine et lui vaut le titre de chanteuse israélienne de l’année.
C’est la reconnaissance, enfin.
Si Israël est une démocratie, c’est également le creuset d’une orthodoxie dont l’intolérance est l’image de la puissance. Autant dire que ces orthodoxes, qui n’ont pas le droit d’écouter une femme chanter, se paieraient volontiers la tête d’une personne trans. Donc, elle, fait le choix de chanter.
« Pour les ultraorthodoxes, je suis toujours un agent qui cherche à corrompre la jeunesse«
Dana International n’écoute par la critique et chante
Sa sélection au concours de l’Eurovision la pousse sur la scène internationale. Dana en pleine lumière. Ou plus exactement, c’est parce qu’elle est transgenre que la presse lui ouvre gracieusement ses colonnes.
Elle le regrette. Elle reconnaît même que ça peut lui porter ombrage. C’est aux USA que cette rose des sables a dû apprendre la pensée positive, car elle reste persuadé que sa carrière évoluera. Que l’occident oubliera sa transidentité comme ses fans israéliens l’ont fait. Pourtant, qu’elle ait été un garçon prénommé Yaron, c’est précisément le genre de détail que la presse prend plaisir à siroter à la paille.Jusqu’à la lie.
Mais Dana International, éblouie, préfère fermer les yeux sur cette connaissance qu’on a tous de la presse et du showbiz. On comprend pourquoi… On espère qu’elle résistera.
Le 9 mai au soir, elle interprétera « Diva » au concours de l’Eurovision.
Cette année, ce sont les spectateurs qui voteront. Vous le pourrez donc…
Dana se moque humblement de la place qu’elle obtiendra. L’important dit-elle, c’est d’avoir été choisie pour représenter son pays. Puis elle conclue sur cette pertinente réflexion :
« La musique, c’est comme le sport. On n’a rien à perdre. »
