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Sida : le cri d’alarme de Jean-François Delfraissy

Un coup de gueule pour Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence nationale de la recherche sur le sida et les hépatites (ANRS), un cri de rage pour beaucoup de ceux intéressés par la lutte contre la pandémie en cette veille de Sidaction. Interrogé par Nicolas Demorand sur France Inter ce matin, le professeur Delfraissy a alerté, pour la seconde fois cette année, sur la «quasi-faillite» de l’agence et l’indigence de la recherche sur le Sida en France tout en soulignant dans un premier temps les perspectives nouvelles de lutte contre l’épidémie nécessitant justement des moyens financiers.

«C’EST UNE QUESTION D’ARGENT, C’EST AUSSI AUTRE CHOSE»
«C’est une question d’argent, c’est aussi autre chose» a répondu le directeur de l’ANRS à la question de début d’entretien de Nicolas Demorand écartant à court et moyen terme une éradication du virus quand la perspective d’enrayer la courbe de progression de l’épidémie semble perceptible par le scientifique. «Eliminer le virus, on est incapable pour le moment et je pense que cela va prendre du temps (…) le virus reste sous une forme cachée, latente» a-t-il expliqué.

A la question de «la poursuite de l’épidémie» l’enjeu actuel est davantage dans le fait de savoir «comment casser l’épidémie plutôt que l’éradiquer». Pour Jean-François Delfraissy, «là c est une question d’argent» mais «c’est aussi reconnaître finalement qu’il y a un semi échec, qu’on est dans une sorte d’impasse». Si «le message du préservatif est un message très fort qui doit être poursuivi», «on a besoin d’autres choses, de nouveaux outils de prévention» avance encore le directeur de l’ANRS soulignant la place à venir du traitement comme outil de prévention (Treatment as Prevention-TasP) qui impose un dépistage accru, une mise sous trithérapie plus précoce, l’accentuation des Traitement Post Exposition (TPE) délivrés dans les heures succédant à une prise de risque comme l’hypothèse préventive à démontrer des prophylaxies pré-exposition (PrEP). «Tout ça n’est pas complètement acté au niveau scientifique (…) mais on a la forte intuition, que ce type d’approche, est probablement une des solutions non pas pour éradiquer le virus mais pour couper la courbe de l’épidémie» estime Jean-François Delfraissy avant de rappeler le cas de la lutte contre la syphilis dans les années 40 quand dépistages et traitements ont permis de casser la courbe de cette maladie en Europe occidentale.

Contre le dépistage obligatoire, Jean-François Delfraissy a salué l’avis de la Haute Autorité de Santé sur la généralisation du dépistage comme les recherches menées en matière d’offre nouvelle de dépistage via l’usage, notamment dans un cadre communautaire et associatif ou dans des services d’urgences, des Tests de Dépistage Rapide.

Mais «On ne parle pas suffisamment de la maladie, les jeunes de moins de 20 ans ne connaissent rien de la maladie» a déploré Jean-François Delfraissy pour qui «non c’est pas réglé, c’est une maladie qui est grave, qui reste grave».

«NOUS ALLONS ÊTRE EN QUASI-FAILLITE»
Aussi, face aux enjeux, Jean-François Delfraissy a dépeint sans détour l’état du financement de la recherche sur le Sida en France : «Je suis un monsieur très sérieux et considéré comme tel mais Je le dis très officiellement sur votre antenne. L’Agence nationale de recherches sur le sida va être dans la position de la Grèce [.] dans le courant de l’année 2010. Nous allons être en quasi-faillite ou en tout cas, nous n’avons plus les moyens de porter les nouveaux projets autour de la prévention».

Le budget de l’ANRS qui tourne autour de 45 millions d’euros «n’a pas changé depuis maintenant cinq ans, j’ai trouvé un certain nombre de financements extérieurs, on va essayer de postuler au grand emprunt, mais en tout cas, je ne finirai pas l’année 2010 et je ne sais pas comment on va faire pour 2011» a prévenu son directeur. «C’est très clair, même s’il y a un effort considérable réalisé aux Etats-Unis, en France nous manquons, et le budget de l’Agence est insuffisant»estime-t-il alors qu’il alertait déjà les pouvoirs publics et l’opinion par voie de presse en février dernier quand il estimait pour l’année 2011 de «15 à 20 millions de plus» les besoins de l’Agence.

Dans le même ordre d’idée, Françoise Barré-Sinoussi, Prix Nobel de Médecine et co-découvreuse du virus, estimait encore récemment lors d’un déplacement aux Etats-Unis que le budget français consacré à la recherche contre le Sida était très insuffisant : «Comparé à la France, les États-Unis dépensent 100 à 1 000 fois plus pour la recherche».

Sur le sujet de la prévention et de l’action publique, la Cour des comptes a, dans son dernier rapport annuel relevé l’incohérence de gestion de l’Etat. Elle relevait alors que pour une prise en charge sanitaire du VIH en 2007 de 1,1 milliard d’euros pour le seul régime général de l’Assurance maladie, le montant des dépenses de prévention est resté dans le même temps à seulement 54 millions d’euros…

(CitéGay est partenaire du Sidaction 2010 : les dons sont déjà possibles par téléphone au 110 ou par SMS en envoyant « don » au 33000 ou encore directement en ligne sur www.sidaction.org.66% du montant des dons faits sont déductibles de vos impôts. ex : un don de 50 eur. ne revient qu’à 17 eur. après réduction d’impôts)

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