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Sida : réactions suite aux données encourageantes de l’essai thaïlandais

L’annonce faite hier par une équipe de chercheurs américains et thaïlandais relative à des résultats encourageant d’un candidat vaccin préventif contre le Sida a suscité de nombreuses réactions. Elles varient entre optimisme renouvelé quant à une éventuelle découverte d’un vaccin après 25 ans d’épidémie et de nombreux échecs et prudence et constat qu’il demeure de très nombreuses incertitudes quant à un réel succès à venir.

«Ces résultats sont modestes, mais c’est la première fois que l’on a un signal positif pour un vaccin» a ainsi déclaré le Pr Anthony Fauci de l’Institut national de l’allergie et des maladies infectieuses, centre de référence américain. Pour l’épidémiologiste, la prudence doit rester de mise : «On ne sait pas quelle est la durée de protection conférée, ni si ce vaccin sera efficace dans d’autres catégories de population, homosexuels ou toxicomanes par exemple».

La prix Nobel de médecine et codécouvreuse du virus, Françoise Barré-Sinoussi, est toute aussi prudente : «Il faut modérer notre enthousiasme, c’est seulement une diminution de 31 %, et on ne sait pas pourquoi ces personnes ont été protégées».

Pour le directeur de l’ANRS, Jean-François Delfraissy, «La première bonne nouvelle, c’est que la communication sur les mesures de prévention a été très efficace, car il n’y a eu que 125 contaminations sur 16 000 personnes». Dans un communiqué, l’agence française de recherche contre le Sida a souligné que «Les candidats vaccins testés dans cet essai ont été conçus il y a plus de dix ans. La communauté scientifique doit poursuivre ses efforts, en particulier en recherche fondamentale, pour aboutir à des candidats vaccins plus efficaces». Responsable des essais français de l’ANRS, le Yves Levy, se réjouit quant même qu’«après 30 candidats vaccins en 20 ans, on a au moins un signe montrant qu’il est possible de réduire les risques».

Le Directeur d’ONUSIDA, Michel Sidibé est allé dans le même sens : «Un vaccin efficace dans 30 % ou 50 % des cas pourrait avoir un rôle important s’il s’inscrit dans un système de prévention renforcé. Il n’y a pas encore de solution unique pour lutter contre le VIH».

La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a pour sa part dans un communiqué résumé que «Pour la première fois, la possibilité d’une protection vaccinale a été mise en évidence», «Cependant, il ne s’agit là que d’une étape très préalable dans la mise au point d’un vaccin offrant une protection suffisante, puisque dans cet essai, la combinaison vaccinale n’aurait permis de protéger qu’un peu plus de 30% des personnes». Egalement, elle est revenue sur l’échec de l’essai, se dernier entendait démontrer que même en cas de contamination, les chercheurs s’attendaient à voir une charge virale plasmatique des personnes contaminées moins importante que celle enregistrée chez les participants ayant reçu le placebo. Cela n’a pas été le cas.

Act Up a également salué ces résultats. «Pour la première fois, un résultat encourageant sur un vaccin préventif contre le sida. La recherche vaccinale – et la lutte contre le sida dans son ensemble – doivent donc être soutenues et renforcées» estiment les militantEs. Les mêmes précisent, à juste titre, qu’«En attendant, le préservatif reste LA protection contre le VIH. Mais peut-être plus éternellement».

Pour sa part, Dr. Alan Bernstein, directeur de la Global Aids Vaccine Enterprise, a souligné les enjeux de ces résultats : « la réduction du risque d’infection par le VIH obtenue dans cette étude est modeste mais donne une orientation décisive aux futures recherches. Les chercheurs, financeurs et défenseurs du vaccin VIH doivent continuer à travailler ensemble pour comprendre ce qui fait le résultat de cette procédure vaccinale, comment son efficacité peut être améliorée, s’il est possible de la reproduire ailleurs dans le monde et comment développer de nouveaux candidats vaccins capables d’étendre le pouvoir de protection atteint ici ».

L’essai, randomisé et en double aveugle, a recruté plus de 16 000 hommes et femmes, séronégatifs, âgés de 18 à 30 ans, à risque moyen d’infection. La moitié des volontaires a reçu le candidat vaccin, l’autre un placebo. Au cours de cet essai, peu de personnes se sont infectées (n = 125). Parmi celles-ci, 51 ont reçu les candidats vaccins, 74 le placebo. A 3 ans et demi de suivi, la diminution du risque d’infection est de 31%. Chez les sujets qui se sont infectés, il n’existe aucune différence de niveau de charge virale entre les deux groupes.

La conférence internationale Aids Vaccine 2009, organisée à Paris, du 19 au 22 octobre par l’ANRS et la Global HIV Vaccine Entreprise, sera l’occasion pour la communauté internationale de discuter de ces résultats et des perspectives de recherche fondamentale et clinique.

EN SAVOIR PLUS

Le site de la conférence : Ici

Thaïlande : résultats encourageants concernant un candidat vaccin préventif du Sida

VIDEO PLUS

Le reportage du JT de TF1 du 24/09/2009 sur ce sujet :






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