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Sida : l’utilisation préventive des antirétroviraux bientôt à l’essai ?

Autant l’écrire de suite, le sujet fait et fera largement débat tant l’on semble a priori marcher sur la tête et qu’il bouscule les concepts de prévention, à tort ou à raison.

Des chercheurs et associatifs viennent nous expliquer qu’il serait intéressant de donner à des personnes en parfaite santé une combinaison médicamenteuse antirétrovirale pour les prémunir, éventuellement de surcroit, d’une infection en cas de rapports sexuels non protégés.

Aussi, un projet de recherche avec une cohorte d’homosexuels-cobayes à recruter serait en cours de formalisation et bientôt soumis à la concertation du TRT-5, groupe inter-associatif qui rassemble huit associations de lutte contre le sida dont ARCAT, Sida Info Service, Aides ou encore Act Up Paris. Le préprojet actuel inclurait un groupe témoin qui ne bénéficierait pas des molécules mais d’un simple placebo, groupe dont on sait qu’ils seront exposés potentiellement au vih sans aucune barrière physique, le préservatif, ou chimique, le traitement, si l’on en croit les initiateurs du projet ! «En l’espèce, seule l’observation d’un groupe placebo permet de connaître le taux de survenue d’un événement donné dans la population étudiée (ndr : il faut entendre par taux de survenue la transmission effective du sida chez ces personnes). Se passer d’un bras placebo dans ce cadre risquerait d’allonger considérablement la durée de l’étude et nécessiterait un recrutement bien plus important, sans garantie de démonstration d’un quelconque effet de la PrEP» peut-on lire dans un «argumentaire» interne d’une grande association associée au projet.

A cette remarque, un responsable associatif joint par CitéGAY après que nous ayons été sollicité pour relayer une enquête en ligne auprès des gays sur l’acceptabilité du projet d’étude nous oppose que la cohorte ferait l’objet de counselling et que tout ceci n’est pas finalisé et se retrouve au niveau de la concertation. Interrogés par Destination Santé, les Pr Jean-Michel Molina (Service des maladies infectieuses du CHU Saint-Louis à Paris) qui serait en charge de cette recherche et Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS, ne font pas mystère du projet. «Nous pensons bâtir vers la mi-2010 un essai sur plusieurs centaines de personnes» a indiqué Jean-François Delfraissy.

Ce que l’on appelle la Prophilaxie pré Exposition (PrEP) ne serait, selon ses partisans, que la conséquence de plusieurs constats : l’équation insoluble pour l’heure de la découverte d’un vaccin préventif et/ou thérapeutique, l’efficacité prouvée des Traitements Post Exposition (TPE) administrés en cas de rapports à risques ou d’exposition au sang pour les soignants, l’efficacité des traitements empêchant la transmission mère-enfant et enfin l’efficacité des traitements quant à la diminution de la charge virale et de la capacité de transmission du virus in fine. Cependant, le débat est beaucoup plus complexe et les mêmes causes ne produisent pas forcément les mêmes effets.

En effet, il faudra bien répondre à toute une série de questions avant de faire du traitement un mode préventif : Quid du niveau d’efficacité du traitement pris de manière préventive ? Quid de l’observance et de la tolérance au traitement ? Quid de ses effets secondaires ? Quid du coût de la PrEP ? Quid de l’étendue des personnes susceptibles de se voir préconiser ce « mode » de prévention ? Quid de la possible désinhibition des conduites sexuelles liées à l’utilisation d’une PrEP augmentant ainsi les expositions ? Quel impact sur les autres maladies sexuellement transmissible (Syphilis, Chlamydia, hépatite C..)? Quid du risque d’émergence de virus résistant ?

Les partisans des PrEP avanceront que seule la réalisation de cette étude permettra de répondre à ces questions. Ceux adeptes du principe de précaution avanceront que des données existent déjà et que les conséquences négatives en cas d’échec de l’étude ne sont pas admissibles.

Autant dire que les PrEP soulèvent déjà plus de questions qu’ils n’apportent de solutions pour l’heure. C’est peu ou prou le constat d’Armelle Pasquet, du Centre Hospitalier de Tourcoing (France), en filigrane d’un article sur l’excellent site vih.org où l’efficacité des PrEP est relativisée et fait déjà l’objet de données sur sa faible efficacité compte tenu du sujet, efficacité estimée entre 50 et 65% selon les combinaisons déjà étudiées.

CitéGAY a fait le choix éditorial de ne pas relayer l’enquête en ligne sur l’accessibilité des gays au projet de recherche. En l’état, nous ne relaierons pas plus l’appel à recrutement concernant la cohorte de recherche.

«Le but est de savoir si les personnes adhéreraient à une telle recherche ou si ce n’est qu’un fantasme associatif» nous avançait un responsable associatif à qui l’on faisait part de notre opposition. Admettons que nous fantasmons tous sur un vaccin et qu’à ce fantasme nous pouvons aussi substituer celui d’une prise médicamenteuse préventive. Mais encore faut-il qu’elle soit sans conséquences négatives. C’est bien là le coeur du problème…

EN SAVOIR PLUS

L’article d’Armelle Pasquet, sur VIH.org : www.vih.org

Notre portail Prévention : prevention.citegay.com.

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