Cela avait été un des coups durs de la recherche contre le VIH l’an dernier soit l’annonce par le laboratoire Merck de l’abandon de ses essais relatif à un candidat vaccin a priori prometteur et qui se révéla incapable d’empêcher des contaminations.
Cet échec a été largement commenté lors de la dernière conférence mondiale contre le Sida qui se tenait cet été à Mexico, les chercheurs appelant à un retour à la recherche fondamentale.
Aussi, une étude de chercheurs français publiée lundi aux Etats-Unis vient confirmer ce que l’on pressentait : le candidat vaccin de Merck a facilité des infections par le virus VIH au lieu de les empêcher. Beaucoup d’espoirs avaient prévalu avant ces essais, ce candidat vaccin visant par mutation d’un virus du rhume commun à provoquer une réponse immunitaire contre une infection ultérieure par le VIH. Selon l’étude des chercheurs français publiée en ligne par le Journal of Experimental Medicine, le résultat a été inverse les anticorps engendrés par le vaccin se sont attachés aux récepteurs à la surface des cellules immunitaires facilitant l’entrée du vaccin quand on espérait qu’il l’empêche.
Testé sur des personnes non contaminées, il y a eu au final légèrement plus de personnes contaminées dans le groupe ayant bénéficié du candidat vaccin par rapport au groupe non vacciné.
En marge de leur nomination au Prix Nobel de Médecine, les professeurs Barré-Sinoussi et Montagnier ont rappelé l’importance de continuer la recherche vaccinale. Luc Montagnier avait déclaré croire en la possibilité d’un vaccin thérapeutique dans les années à venir. Habitué des déclarations à l’emporte-pièce et malgré le constat de la communauté scientifique cette année sur le caractère potentiellement vain de la découverte d’un vaccin, Luc Montagnier a annoncé un «vaccin thérapeutique» d’ici à quatre ans. Pour le professeur qui exerce dorénavant aux Etats-Unis et qui a créé sa société de biotechnologie, «les chercheurs doivent continuer à travailler parce que le sida n’est pas guéri. On le voit ici en Afrique, le sida est toujours là et donc le combat continue» précisant que «(son) travail de recherche à l’heure actuelle, c’est de trouver des traitements complémentaires qui vont permettre d’éradiquer l’infection afin que les patients soient traités dans un temps assez court et ensuite soient guéris, c’est-à-dire que leur système immunitaire contrôle l’infection». Pour le virologue, ce traitement sera «possible grâce à un vaccin thérapeutique et non un vaccin préventif», dont les résultats pourront être publiés d’ici à «trois ou quatre ans».
D’autres spécialistes, échaudés par les échecs successifs depuis plus de 20 ans, sont beaucoup plus septiques. Dans tous les cas, ces échecs permettent également de mieux comprendre le virus dans l’attente toujours d’une réussite sur le sujet.
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