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Le Nobel de médecine à deux des codécouvreurs du virus du Sida

L’année 2008 est de manière inattendue, alors que beaucoup dénoncent un désintérêt pour le sujet, l’année d’un certain renouveau de la lutte contre le VIH alors que l’on déplorait l’anniversaire de la découverte du virus, il y a 25 ans.

Après une conférence mondiale contre le Sida à Mexico qui a été fructueuse et dont l’une des conclusions résidait dans un nécessaire retour à la recherche fondamentale, c’est au tour de deux des découvreurs du virus, Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, de se voir décerner le prix Nobel de médecine. Ils partagent leur titre avec l’Allemand Harald zur Hausen, découvreur du virus provoquant le cancer du col de l’utérus.

Ce choix vient clore la polémique liée à la paternité de la découverte, déjà réglée en grande partie par les scientifiques qui donnaient à la France la découverte du virus causant le Sida face aux américains et à l’équipe du Professeur Gallo qui lui-même a fini par le reconnaître, même si son travail a été non négligeable dans la recherche des virus humains. Les politiques eux-mêmes avaient en leur temps réglé de manière consensuelle la question en donnant la paternité de la découverte de manière conjointe aux deux équipes. La désignation de la discrète Françoise Barré-Sinoussi, 61 ans, professeur à l’Institut Pasteur, qui est toujours en première ligne dans la lutte contre la pandémie est un bon signe également, la collégialité de la découverte ayant été occultée, pour certains, par la forte personnalité de Luc Montagnier, 76 ans, professeur à la Faculté de Médecine de Paris. Françoise Barré-Sinoussi, jeune chercheuse à l’époque, a été la première, sur sa paillasse, a faire le constat de la présence d’un virus inconnu. Ajoutons les rôles essentiels également de certains oubliés du comité : Willy Rozenbaum, aujourd’hui président du Conseil national du sida, Françoise Brun-Vezinet ou encore Jean-Claude Chermann.

En janvier 1983 donc, l’équipe du professeur Luc Montagnier à l’Institut Pasteur isole le virus du SIDA, baptisé LAV (Lymphodenopathy Associated Virus) et publie dès le 20 mai suivant dans la revue américaine Science la première communication sur ce sujet. Le 22 septembre suivant, l’équipe de Pasteur remet la souche du virus LAV à un collaborateur du Pr Robert Gallo au National Cancer Institute de Bethesda, le Dr Mikulas Popovic. Le 5 décembre 1983: l’Institut Pasteur dépose une demande de brevet de test de dépistage devant le Bureau américain des brevets. En avril 1984, le Pr Gallo et la secrétaire américaine à la Santé Margaret Heckler annoncent dans une conférence de presse la découverte du virus baptisé HTLV-III, déclaré virus causal du SIDA, cette annonce étant suivie par quatre articles, toujours dans Science, dont l’un est accompagné de photos du virus français. En janvier 1985, des études françaises et américaines démontrent que le LAV et le HTLV-III sont identiques et la polémique sur la paternité est porté en fin d’année sur le terrain judiciaire. Cotté politiques, le 31 mars 1987, Ronald Reagan et Jacques Chirac, alors Premier ministre, concluent un accord déclarant les deux laboratoires codécouvreurs du virus, sans que le débat soit clos sur le terrain médiatique. Dans les années 1990, Robert Gallo admet que son virus est en fait le virus français et l’Institut national de la santé américain (NIH) reconnaît que la paternité de la découverte du virus appartenait à l’équipe française.

Aussi, outre le règlement définitif sur la paternité de cette découverte, cette annonce vient l’officialiser comme «essentielle à la compréhension actuelle de la biologie de cette maladie et à son traitement antirétroviral» indique le comité Nobel, alors que la communauté scientifique ne s’attendait pas à ce que ces recherches fassent l’objet d’un prix eu égard aux polémiques passées, même si le landernau bruissait d’appels en ce sens à la Conférence de Mexico.

«L’importance de leurs travaux doit être considérée dans le contexte de l’épidémie omniprésente dans le monde et qui affecte près d’1% de la population» a estimé le comité Nobel pour qui «Le succès de la thérapie rétrovirale a permis d’augmenter l’espérance de vie des personnes affectées par le VIH, espérance aujourd’hui semblable à celle des personnes saines».

Face à un désengagement de l’Etat concernant la recherche fondamentale, une diminution des budgets alloués à l’Agence Nationale de la Recherche sur le Sida et les hépatites, comme l’abandon de programmes de recherches de laboratoires pharmaceutiques, on espère tous que cette nomination marque un sursaut sur le sujet.

Le virus du sida touche 33 millions de personnes dans le monde, 25 millions de personnes ayant succombées des suites du VIH. En France, on estime à 120 000 le nombre de personnes séropositives, 40000 ignorant par ailleurs qu’ils sont porteurs du VIH.

EN SAVOIR PLUS

Le communiqué d’annonce du Comité Nobel (Anglais) : nobelprize.org.

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