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Enquête presse gay 2004 : des données alarmantes connues ou révélées

L’Institut de veille sanitaire (InVS) et l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (Anrs), publient, le 22 juin 2007 le rapport final et une synthèse de l’Enquête Presse Gay (EPG) réalisée fin 2004 auprès d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH).

CitéGAY était l’un des médias supports de cette enquête comme la plupart des titres et sites nationaux à l’attentions des gays. L’enquête menée en 2004 a permis de recueillir plus de 6 000 questionnaires remplis par des hommes grâce à l’implication de 16 titres de la presse écrite identitaires et de 10 sites Internet. «Outre les comportements sexuels à risque et leurs évolutions au sein de la population enquêtée, sont abordés, le recours aux dépistages, les prévalences déclarées du VIH, les questions d’estime de soi ou encore les consommations de substances psychoactives» rappelle l’InVS dont Annie Velter a coordonné ce rapport final.

L’enquête Sex Drive menée par l’IPSR, le SNEG et CitéGay avait déjà fourni des données pertinentes qui montraient un relâchement des pratiques Safe conjointement à une augmentation des prises de risques, intentionnelles ou non, et des taux de prévalence au VIH et IST. L’Enquête ANRS Presse Gay suit depuis 20 ans l’évolution des modes de vie et des comportements préventifs des homo et bisexuels masculins lecteurs de la presse gay. En 2000, pour la première fois, le relâchement de la prévention était mis en évidence par les résultats de cette enquête et les résultats de la cohorte 2004 confirment ces tendances.

Synthétiquement, l’enquête montre une forte activité sexuelle, une pluralité de partenaires, majoritairement rencontrés dans des lieux physiques, avec une augmentation des rencontres faites par Internet, devenu depuis l’enquête le premier lieu de sociabilité et de rencontres entre hommes.

Concernant l’évolution des comportements face au Safe sexe, l’enquête montre une net diminution des fellations protégées, déjà marginales, ramenées de 13% en 1997 à 6% en 2004, alors que les associations rappellent les risques liés à ces pratiques. De plus, une augmentation des contacts sperme / bouche est déclarée. Concernant la pénétration, en 2004, parmi les hommes pratiquant la pénétration anale avec des partenaires occasionnels, 35,8% indiquent au moins une pénétration anale non protégée au cours des 12 derniers mois. Ce chiffre ne varie pas en fonction de l’age mais les répondants on-line rapportent plus souvent cette prise de risque lors de leurs rapports anaux que ceux de la presse (44% contre 33%).

Le statut sérologique du répondant est associé à cette prise de risque. Les hommes séropositifs sont ceux qui déclarent le plus avoir eu au moins une sodomie non protégée : ils sont 56% à l’indiquer soit plus du double que les hommes séronégatifs (28%). Les séro-interrogatifs ont un comportement intermédiaire, 46% d’entre eux ont eu au moins une pénétration anale non protégée. Les hommes non testés l’indiquent dans 33% des cas.

Ces prises de risque augmentent de manière régulière et importante au cours des trois dernières EPG. La part des répondants ayant eu au moins une pénétration anale non protégée dans les 12 derniers mois avec des partenaires occasionnels étaient de 19,5% en 1997, s’élevait à 25,9% en 2000 pour atteindre 33,2% en 2004, soit une augmentation de près de 70% entre 1997 et 2004. Cette progression concerne l’ensemble des classes d’âge. Cette progression du risque se rencontre aussi bien chez les séropositifs que chez les séro-interrogatifs. La fréquence des rapports anaux non protégés augmente alors que la proportion de pénétrations anales non protégées exceptionnelles diminue.

D’autres points sont révélés, notamment un environnement ambivalent concernant l’acceptation de l’homosexualité où «Au fil des enquêtes, le sentiment d’acceptation de l’orientation sexuelle des répondants par la sphère familiale, amicale ou professionnelle s’est accru. Cependant, pour une population plus vulnérable que sont les jeunes ou les hommes faisant partie de classes sociales moins favorisées, ces avancées sont moins marquées».

L’autre grand enseignement de cette enquête réside dans la démonstration de tendances dépressives et suicidaires importantes : «Les prévalences de tentatives de suicide, d’idées suicidaires ou de dépressions sont systématiquement plus importantes qu’en population générale», «L’augmentation du taux de suicide depuis 2000 et sa prégnance parmi les jeunes interrogent, soulignant un contexte sociétal paradoxal» alors que la visibilité et l’acceptation de l’homosexualité dans notre société est plus importante qu’auparavant.

L’usage des substances psycho-actives est en augmentation de manière supérieure à celle rapportée en population générale. Il s’agit de produits récréatifs pris dans un contexte festif, mais aussi de performance dans le cadre de rencontres sexuelles. «L’émergence du crystal décrite aux USA et en Australie parmi la communauté gay est particulièrement inquiétante au regard de ses effets d’addiction très rapide et de désocialisation, mais aussi de stimulation sexuelle et de désinhibition» inquiète l’InVS, bien que cette substance n’est pas mentionnée par les répondants, quand on sait que la consommation de ce produit est d’ailleurs associée à des comportements sexuels plus à risque

Les pratiques de réductions des risques sexuels tendent à être marginales en France contrairement à l’Amérique du Nord ou l’Australie où le « serosorting » a été systématisé par la communauté scientifique, ce positionnement préventif étant par ailleurs rejeté par la plupart des associations françaises de lutte contre le VIH.

Des déclarations d’IST importantes et en augmentation sont le corolaire tant de l’augmentation des prises de risque que d’un recours important au dépistage, mais ce dernier est hétérogène : «Globalement, les répondants de l’EPG ont très largement recours aux tests de dépistage, que ce soit pour les IST ou le VIH. Cependant, une proportion constante de répondants n’ont jamais pratiqué de tests VIH au cours de leur vie».

Outre les constats de persévérance de l’augmentation des prises de risques, l’InVS souligne comme enseignement de cette enquête «les indicateurs de mal-être (qui) dépeignent des situations préoccupantes, particulièrement parmi les jeunes hommes où les taux de dépression et de tentative de suicide sont bien supérieurs à ceux en population générale et nécessiteraient une prise en charge psychologique plus systématique et plus adaptée». La prévention au VIH doit également répondre au relâchement accru des répondants se déclarant séropositifs. «Aussi, même si la mise en oeuvre d’actions préventives ciblées s’avère délicate, elle est incontournable» estime l’InVS qui suggère un renforcement généralisé des actions de communication préventives, mais également la nécessité d’avoir recours aux tests de dépistage du VIH et des IST et aux vaccinations contre les hépatites A et B.

Si des actions spécifiques, non discriminantes, auprès des hommes séropositifs devraient être envisagées, l’individualisation des actions est aussi avancée : «un renforcement du « counselling » individuel de la part des professionnels de santé devrait être considéré».

Enfin, «La mise en évidence de situations de souffrance psychologique préoccupantes souligne la nécessité de mettre en oeuvre un travail pédagogique sur l’acceptation et la tolérance vis-à-vis de l’homosexualité et plus particulièrement auprès des jeunes, par le biais des professionnels de l’éducation, du social et de la santé. Ce travail nécessite une sensibilisation de ces professionnels par l’intermédiaire de formations sur cette thématique».

Cette enquête a été réalisée en 2004, d’autres postérieures, notamment celle pendante à l’EPG pour la version web, devraient dans les prochains mois confirmer ou relativiser nous l’espérons ces résultats.

EN SAVOIR PLUS

Le site de l’InVs : www.invs.sante.fr.

Le rapport complet Enquête presse gay 2004 (Format PDF) : Ici.

Notre Portail Prévention : http://prevention.citegay.com

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