Le président d’Elus Locaux Contre le Sida, Jean-Luc Romero, s’est déclaré vendredi dernier bouleversé par la déclaration du consul des Etats-Unis à Paris, Donald Wells, qui affirme dans les colonnes du Parisien de ce même jour que les séropositifs qui mentiraient pour pouvoir entrer sur le territoire américain, alors que les règles d’immigration en vigueur depuis les années quatre-vingt leur en interdit formellement l’accès, seraient «inscrites sur la liste des personnes interdites de séjour aux Etats-Unis à vie.».
Cette déclaration, en pleine Journée mondiale de lutte contre le sida, est «parfaitement scandaleuse» pour le conseiller régional IDF : «Elle assimile de simples malades, victimes d’une terrible épidémie, à des terroristes qui mettraient en danger la sécurité intérieure des USA.».
Act Up-Paris et ELCS avaient déjà rappelé que, dans plus de la moitié des états membres de l’ONU, des mesures discriminatoires à l’encontre de la liberté de circulation des personnes séropositives sont appliquées. Dans au moins 11 pays dont les Etats-Unis et la Russie, les séropositifs sont tout simplement interdits d’entrer sur le territoire national même en tant que touriste. Dans d’autres pays comme l’Australie, le Canada, la Chine, un test VIH négatif est obligatoire pour séjourner dans le pays au-delà d’un certain temps. Même au sein de l’Union européenne, la Belgique, la Grèce ou l’Autriche appliquent des mesures discriminatoires aux ressortissants hors Union européenne.
Jean-Luc Romero a également relaté dans les colonnes du quotidien la discrimination liée aux restrictions de circulation. Au départ un séjour en Floride cet été avant l’ouverture du congrès sur le sida de Toronto, il a pris en cabine son sac contenant ses médicaments alors que tous les bagages devaient aller en soute : «Boîte par boîte, ils ont tout déballé, les cachets, etc. Ils m’ont demandé : C’est pas pour le sida, ça ? Alors j’ai menti, j’ai dit j’ai un cancer. Moi qui assume ma séropositivité, je me suis senti profondément humilié. J’ai senti à quel point c’était une maladie honteuse aux Etats-Unis. On m’a traité comme si je représentais un danger pour l’ordre public.».
Interrogé par le Parisien, le consul des Etats-Unis à Paris répond à ceux obligés de mentir pour accéder au territoire américain qu’il s’agit d’une «une attitude que je ne leur conseille pas car ils risquent d’être inscrits sur la liste des personnes interdites de séjour aux Etats-Unis à vie.»
A la fin du moi dernier, lors des 11ème Etats Généraux d’Elus Locaux Contre le Sida, Jacques Chirac, Jean-Louis Debré, Xavier Bertrand et Jean-Paul Huchon notamment ont condamné les restrictions de circulation touchant les séropositifs.
En outre, avec le Premier ministre, le ministre des affaires étrangères, va saisir les responsables de l’ONU et l’ONUSIDA afin que les réunions sur la thématique de la lutte contre le sida aient lieu au siège de l’ONUSIDA à Genève et non plus à New-York – les Etats-Unis faisant partie de ces 11 pays dans le monde qui refusent l’entrée aux personnes séropositives.
Concernant les déclarations du consul américain, Jean-Luc Romero a demandé au président de la République de convoquer l’ambassadeur des Etats-Unis afin de réaffirmer l’intangibilité de la liberté de circulation dans les pays signataires de la Charte des Nations-Unies.
EN SAVOIR PLUS
Le communiqué complet de Jean-Luc Romero : Ici.
Lettre ouverte à George Bush sur l’interdiction d’entrée des séropositifs aux Etats-Unis
La liste des pays restreignant l’accès sur leur territoire aux personnes séropositives : Ici.
Le rapport de l’ONUSIDA et de l’IOM sur les restrictions au séjour des personnes séropositives (Format PDF) : Ici.
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