Définition – SommaireRéférences
Définition du pacte civil de solidarité (PACS)
Principe Le pacte civil de solidarité (PACS) est un contrat. Il est conclu entre deux personnes physiques pour organiser leur vie commune. Ces deux personnes doivent être majeures (il est impossible de conclure un PACS à trois personnes, ou plus), de sexe différent ou de même sexe. Résidence commune Les personnes liées par un PACS doivent disposer d’une résidence commune.
Sommaire
· Personnes pouvant conclure un pacte civil de solidarité · Conclusion d’un pacte civil de solidarité · Pacte civil de solidarité : droits et obligations · Modification d’un pacte civil de solidarité · Pacte civil de solidarité : dissolution · Pacte civil de solidarité : décès et succession · Déclaration de revenu et pacte civil de solidarité (PACS) · Pacte civil de solidarité : accès aux registres · Roselyne Bachelot, dans le texte |
||||||||
Personnes pouvant conclure un pacsPersonnes pouvant conclure un pacte civil de solidarité
Conditions exigées Les personnes qui souhaitent conclure un pacte civil de solidarité (PACS) doivent être majeures. Aucune condition de nationalité n’est exigée pour conclure un pacte civil de solidarité en France. En revanche, lorsque le PACS est conclu à l’étranger (à l’ambassade ou au consulat) l’un au moins des partenaires doit être de nationalité française. Les majeurs protégés peuvent conclure un PACS sous certaines conditions :
Restrictions Un PACS ne peut être conclu :
A noter : les mineurs, même émancipés, ne peuvent conclure de PACS. Où s’adresser ?
|
||||||||
ConclusionConclusion d’un pacte civil de solidarité
Principe La conclusion d’un pacte civil de solidarité (PACS) s’effectue :
Les personnes doivent se présenter en personne. Il n’est pas possible de se faire représenter par un tiers. Convention Les personnes doivent remettre au greffier une convention passée entre elles et signée par les 2 partenaires. La convention peut également être rédigée par un notaire. Dans ce cas, les personnes remettent l’expédition de l’acte notarié. Il n’existe pas de modèle particulier ; la convention peut simplement :
Pièces à fournir par chaque partenaire Pièces à fournir dans tous les cas
Autres pièces à fournir selon la situation du partenaire
Enregistrement du PACS Après vérification des pièces présentées, le greffier enregistre la déclaration si les conditions légales sont remplies. Lorsque le PACS est conclu à l’étranger, l’enregistrement de la déclaration est assuré par les agents diplomatiques et consulaires français. Le PACS produit ses effets entre les partenaires à la date de son enregistrement. Le greffier remet à chaque partenaire pacsé une fiche d’information relative à l’enregistrement de la déclaration de PACS (sur la faculté de demander copie des informations enregistrées, des destinataires de ces informations, et sur la possibilité de demander la rectification d’éventuelles erreurs d’enregistrement). Formalités de publicité Après l’enregistrement de la déclaration, le greffier fait procéder aux formalités de publicité. Il est fait mention en marge de l’acte de naissance de chaque partenaire de l’existence du PACS avec indication de l’identité de l’autre partenaire. Cette mention est portée par l’officier de l’état civil du lieu de naissance de chaque partenaire, ou, pour les Français nés à l’étranger, par l’officier de l’état civil du service central de l’état civil de Nantes. Pour les personnes de nationalité étrangère nées à l’étranger, cette information est portée sur un registre tenu au greffe du tribunal de grande instance de Paris. Le PACS n’est opposable aux tiers qu’à compter du jour où les formalités de publicité sont accomplies. Où s’adresser ? · Tribunal d’instance (TI)
|
||||||||
Droits et obligationsPacte civil de solidarité : droits et obligations
Obligations envers le partenaire Les partenaires liés par un PACS s’engagent à une vie commune, ainsi qu’à une aide matérielle et une assistance réciproques (par exemple en cas de maladie, de chômage). L’aide matérielle est proportionnelle à la capacité financière respective de chacun des partenaires, sauf si ceux-ci en disposent autrement dans la convention. Les partenaires sont également solidaires des dettes contractées par l’un d’eux pour les besoins de la vie courante. Toutefois, cette solidarité n’a pas lieu pour les dépenses manifestement excessives. A savoir : chacun des partenaires reste seul tenu des dettes personnelles nées avant ou pendant le pacte, sauf cas prévu ci-dessus. Partenaires étrangers Le pacte civil de solidarité, conclu avec un partenaire français ou titulaire d’un titre de séjour, est un élément d’appréciation des liens personnels en France pour l’obtention d’un titre de séjour. Il ne donne donc pas lieu de plein droit à la délivrance d’un titre de séjour pour le partenaire étranger. Effets sur les biens Principe A défaut de précision dans la convention de PACS, les partenaires sont soumis en ce qui concerne la gestion de leurs biens au régime légal de la séparation des patrimoines. Ainsi, chacun des partenaires conserve la pleine propriété de ses biens personnels possédés avant la conclusion du PACS. Chacun des partenaires peut prouver par tous les moyens qu’il a la propriété exclusive d’un bien. Les biens sur lesquels aucun des partenaires ne peut justifier d’une propriété exclusive sont réputés leur appartenir à chacun pour moitié. Régime de l’indivision des biens Les partenaires peuvent, dans la convention initiale ou dans une convention modificative, choisir de soumette au régime de l’indivision les biens qu’ils acquièrent, ensemble ou séparément, à compter de l’enregistrement de ces conventions. Ces biens sont alors réputés appartenir à chacun pour moitié, sans recours de l’un des partenaires contre l’autre au motif d’une contribution inégale au financement. Biens restant propriété exclusive Certains biens restent la propriété exclusive de chaque partenaire notamment :
Transmission d’entreprise En cas de décès d’un partenaire, le partenaire survivant peut demander l’attribution préférentielle par voie de partage, à charge de soulte s’il y a lieu, de toute ou partie de l’entreprise. Logement Partenaires locataires Si le partenaire était locataire du logement commun, en cas de décès (ou d’abandon du logement) de celui-ci, l’autre partenaire bénéficie du transfert du contrat de location à son profit, sans condition de délai de cohabitation. Partenaires propriétaires A partir du 1er janvier 2007, lorsque le partenaire qui était propriétaire du logement constituant leur résidence principale décède, le partenaire survivant a de plein droit, pendant une année, la jouissance gratuite de ce logement ainsi que du mobilier compris dans la succession. Droits sociaux et travail Droits sociaux Si l’un des partenaires n’est pas couvert à titre personnel par l’assurance maladie, maternité, décès, il peut bénéficier de la qualité d’ayant droit au titre de l’autre partenaire. Le partenaire est prioritaire, devant les enfants et ascendants de son partenaire, pour l’obtention du capital décès. Il peut, sous certaines conditions, bénéficier d’une rente d’ayant droit si son partenaire décède. Droits du travail Dans le domaine du travail, le partenaire bénéficie :
Dans la fonction publique, le partenaire bénéficie d’une priorité dans l’ordre des mutations pour suivre son partenaire. Les partenaires doivent toutefois faire la preuve qu’ils se soumettent à l’obligation d’imposition commune prévue par le code général des impôts. En l’absence de possibilité de mutation, il peut bénéficier en priorité d’un détachement ou d’une mise à disposition. Il peut également bénéficier d’autorisation d’absence sous réserve des intérêts du service :
Perte de droits Le partenaire perd en cas de conclusion d’un PACS les droits :
si, étant isolé, il y avait droit précédemment. Revenus pris en compte pour les plafonds de ressources Les revenus des deux partenaires sont pris en compte pour le calcul des ressources en matière de :
Où s’adresser ?
|
||||||||
ModificationModification d’un pacte civil de solidarité
Principe Les partenaires liés par un pacte civil de solidarité (PACS) peuvent modifier leur convention. Les deux partenaires doivent être d’accord. Ils peuvent :
Cas particulier des partenaires résidant à l’étranger Si les partenaires résident à l’étranger, ils doivent adresser la déclaration de modification ou se présenter à l’ambassade ou au consulat de France ayant enregistré leur PACS. Formalités d’enregistrement de la modification Comme pour la déclaration initiale, la convention modificative est établi sur papier libre ou par acte notarié. Les partenaires remettent ou adressent (par lettre recommandée avec demande d’avis de réception) la convention modificative au greffe du tribunal d’instance. Ils doivent mentionner les références de l’acte initial (numéro et date de son enregistrement). A noter : si l’acte est envoyé par courrier, les partenaires doivent également joindre la photocopie d’un document d’identité. Enregistrement de la modification Après vérification, la convention modificative est enregistrée et visée par le greffier du tribunal d’instance. La convention modificative ne prend effet entre les parties qu’à compter de son enregistrement. La modification du PACS n’est opposable au tiers qu’à compter du jour où les formalités de publicité sont accomplies (par la mention, en marge de l’acte de naissance de chaque partenaire, ou sur le registre du greffe du tribunal de grande instance de Paris si l’un d’eux est né à l’étranger et de nationalité étrangère, de la modification du PACS).
Où s’adresser ?
|
||||||||
DissolutionPacte civil de solidarité : dissolution
Principe Le pacte civil de solidarité (PACS) se dissout :
En cas de décès d’un des partenaires La dissolution prend effet à la date du décès. A savoir : le partenaire de PACS n’est pas héritier, sauf si un testament est fait en sa faveur. En cas de mariage Le PACS se dissout par le mariage des partenaires ou de l’un d’eux. Si le PACS est dissous par le mariage de l’un des partenaires : dans ce cas, le partenaire en informe l’autre par voie de signification. Le pacte prend fin à la date du mariage. A noter : les partenaires n’ont pas d’obligation d’informer le greffe du tribunal d’instance (du lieu d’enregistrement du PACS) du décès de leur partenaire ou du mariage des 2 partenaires ou de l’un d’eux. Cette information est transmise au greffier par l’officier d’état civil compétent (selon le cas, par celui qui détient l’acte de naissance du ou des partenaires ou l’acte de décès ou de mariage). Après avoir enregistré la dissolution du PACS, le greffier informe le partenaire survivant (en cas de décès de l’autre partenaire) ou les 2 partenaires (en cas de mariage) de cet enregistrement. Cette information est envoyée par lettre simple aux partenaires. Dissolution à la demande des deux partenaires Les partenaires doivent remettre ou adresser (par lettre recommandée avis de réception) une déclaration écrite conjointe de fin de pacte au greffe du tribunal d’instance du lieu de son enregistrement aux fins de la faire enregistrer. Entre les partenaires, la dissolution prend effet à compter de son enregistrement par le greffe. A noter : si la déclaration est adressée par courrier, chaque partenaire doit joindre à l’envoi la photocopie d’un document d’identité. Demande de dissolution par l’un des partenaires Un seul des partenaires peut demander la fin du PACS. Il signifie par huissier de justice à l’autre partenaire sa décision. Une copie de cette signification est remise ou adressée, par l’huissier de justice, au greffe du tribunal d’instance qui a reçu l’acte initial. La dissolution du PACS prend effet à la date de son enregistrement au greffe. Enregistrement et formalités de publicité Le greffier enregistre la dissolution du PACS. Il procède ensuite aux formalités de publicité en faisant apposer par l’officier de l’état civil, en marge de l’acte de naissance de chaque partenaire, la mention de la dissolution du PACS. Lorsque l’un des partenaires est né à l’étranger et de nationalité étrangère, la mention de la dissolution est portée sur le registre du greffe du tribunal de grande instance de Paris. La dissolution est opposable aux tiers à partir du jour où les formalités de publicité ont été accomplies, sauf lorsqu’elle est consécutive au décès ou au mariage de l’un ou des partenaires. Dans ce cas, elle est opposable aux tiers au jour du décès ou du mariage. Liquidation des droits et obligations En principe, elle se fait à l’amiable entre les anciens partenaires. En cas de désaccord, les partenaires peuvent saisir le tribunal de grande instance pour statuer sur les conséquences patrimoniales de la rupture, et éventuellement sur la réparation des préjudices qui peuvent en résulter. Cas particulier Si les partenaires résident à l’étranger, les déclarations ou significations mentionnées précédemment doivent être adressées à l’ambassade ou au consulat de France.
Où s’adresser ?
|
||||||||
Décès et successionPacte civil de solidarité : décès et succession
Principe Le pacte civil de solidarité (PACS) prend fin à la date du décès de l’un des partenaires. Enregistrement du décès Le greffier du tribunal d’instance du lieu d’enregistrement du PACS, informé du décès par l’officier de l’état civil compétent (ou par les agents diplomatiques et consulaires français en cas de résidence à l’étranger), enregistre la dissolution du PACS. Il fait également procéder aux formalités de publicité par la mention de la dissolution du PACS :
Droit à la succession et testament S’il n’existe pas d’héritier réservataire (de descendant), il est possible de léguer par testament l’ensemble de ses biens au partenaire survivant. Dans le cas contraire, le legs ne peut dépasser la « quotité disponible », c’est-à-dire la part dont peut librement disposer le testateur. Attention : les personnes liées par un PACS sont considérées comme des tiers par rapport à la succession de l’une et de l’autre. De ce fait, en l’absence de testament, elles n’ont aucun droit dans la succession. Droits de succession Depuis le 22 août 2007, le partenaire survivant bénéficie d’une exonération sur les droits de succession. Celle-ci s’applique dès la conclusion du PACS. Néanmoins, le bénéfice de cette exonération est remis en cause si le PACS est rompu au cours de l’année civile de sa conclusion ou de l’année suivante pour un motif autre que :
Abattement sur la valeur vénale de la résidence principale Un abattement de 20 % sur la valeur vénale de la résidence principale du partenaire défunt est également appliqué si, au moment du décès, la résidence est occupée par :
Donations entre partenaires Abattement Le partenaire survivant lié au donateur par un PACS bénéficie d’un abattement de 79 221 ? sur sa part, pour les donations consenties à compter du 1er janvier 2009. Pour les donations consenties avant cette date, l’abattement est de 57 000 ? . Au-delà de ce seuil, les droits sont de 40 % jusqu’à 15 000 ? , et de 50 % pour la part supérieure à 15 000 ? . Réduction pour charge de famille Depuis le 22 août 2007, le partenaire lié par un PACS avec le défunt bénéficie d’une réduction pour charges de famille de 610 ? par enfant vivant ou représenté à partir du 3eme enfant. Pour toute information, s’adresser :
Où s’adresser ?
|
||||||||
Déclaration de revenuDéclaration de revenu et pacte civil de solidarité (PACS)
Principe Dès l’année de conclusion d’un pacte civil de solidarité (PACS), les partenaires sont soumis à une imposition commune pour leurs revenus acquis durant la 1ere année de conclusion du PACS, ainsi qu’éventuellement ceux de leurs enfants et autres personnes à charge. L’imposition est alors établie aux noms et en fonction des revenus et charges des 2 partenaires, ce qui modifie le nombre de parts. PACS conclu en 2009 Pour l’année de conclusion du PACS, 3 déclarations doivent être effectuées :
Ils doivent utiliser la déclaration pré-imprimée que chacun d’eux a reçue,
PACS conclu avant 2009 Les personnes qui ont conclu un PACS avant 2009 doivent remplir une déclaration commune pour les revenus acquis en 2009. Rupture du PACS dans le courant de l’année 2009 La déclaration commune des partenaires cesse à partir de la date à laquelle le pacte prend fin. Trois déclarations doivent être effectuées :
En cas de mariage, le PACS prend fin à la date du mariage ; cela est sans incidence sur les modalités d’imposition. En cas de mariage de l’un des partenaires avec une tierce personne :
En cas de décès En cas de décès de l’un des partenaires, le PACS prend fin. Les modalités de déclaration des revenus sont différentes selon la date de conclusion du PACS.
Où s’adresser ? Par téléphone : 0 810 IMPOTS (0 810 467 687, coût d’un appel local depuis un poste fixe) Par courriel : Accès au formulaire de saisie d’un message à adresser aux services des impôts.
|
||||||||
Accès aux registresPacte civil de solidarité : accès aux registres
Principe Les tribunaux d’instance enregistrent les données relatives au pacte civil de solidarité (PACS). Ces registres tenus par les greffes mentionnent :
Personnes et autorités pouvant accéder aux informations Les partenaires d’un PACS peuvent faire la preuve de leur situation par la production d’un extrait sans filiation de leur acte de naissance, qui peut être obtenu auprès de la mairie de leur lieu de naissance. Les tiers peuvent également avoir accès à ces informations en demandant un extrait sans filiation de l’acte de naissance des partenaires auprès de la mairie du lieu de naissance de chaque partenaire. Lorsque l’un des partenaires est né à l’étranger et de nationalité étrangère, ces informations peuvent être obtenues auprès du greffe du tribunal de grande instance de Paris.
Où s’adresser ?
|
||||||||
Roselyne Bachelot dans le texteRoselyne Bachelot dans le texte, pour l’Histoire
Le 7 novembre 1998, Roselyne Bachelot monte à la tribune de l’Assemblée Nationale et prononce le discours d’une élue responsable et courageuse, l’honneur d’un parlementaire en marche estimant ne reconnaître qu’une seule communauté en défendant le Pacs : « la République ».
ASSEMBLÉE NATIONALE – 3e SÉANCE DU 7 NOVEMBRE 1998 M. le président. La parole est à Mme Roselyne Bachelot-Narquin. Mme Roselyne Bachelot-Narquin. Monsieur le président, madame la garde des sceaux, mes chers collègues, c’est l’honneur d’un parlementaire de voter selon sa conscience, et c’est l’honneur d’un groupe parlementaire d’accepter les différences. M. Jacques Myard. Très bien ! Alors que, seule du groupe du Rassemblement pour la République, je m’apprête à voter le pacte civil de solidarité, je veux dire très simplement ma fierté d’appartenir au RPR et à son groupe parlementaire. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Je veux remercier Philippe Séguin et Jean-Louis Debré de m’avoir proposé de m’exprimer en toute liberté ; je ne sais pas s’il est beaucoup d’autres formations qui en auraient fait autant. (Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) Oui, il est utile qu’existe dans notre droit une structure de compagnonnage, impliquant une solidarité globale entre deux personnes qui ont choisi de vivre ensemble. Eclatement et rétrécissement des familles, allongement de la durée de la vie, affaiblissement des solidarités de voisinage, refus du mariage par certains jeunes parents, volonté d’homosexuels d’inscrire leurs relations dans un cadre stable, qui de nous ne connaît de telles situations ? Qui de nous n’a repéré ce besoin d’un cadre protecteur que ressentent deux personnes qui vivent ensemble ? C’est le sens de la réflexion que j’ai menée au cours de ces dernières années et du cadre normatif que je souhaite voir dans ce nouveau statut. Ce contrat, tout d’abord, doit être clairement distinct du mariage. Il est paradoxal d’entendre certains craindre une parodie du mariage pour regretter, ensuite, que ce contrat ne présente pas les mêmes contraintes. M. Jean Le Garrec, président de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Très juste ! Le mariage est à respecter et à protéger dans sa dimension symbolique unique. Il est, je le redis avec force, la structure la mieux adaptée à l’accueil des enfants, car il inscrit le couple parental dans la durée et il établit la filiation non seulement avec le père et avec la mère, mais aussi avec la famille paternelle et maternelle. M. François Goulard et M. Patrick Ollier. Très bien ! Mais le moindre avantage de notre débat n’aura pas été de nous conduire à nous interroger sur le sens du mariage républicain, qui ne saurait se résumer à la procréation, ni simplement à resituer l’individu comme sujet de droit dans un couple puisque – et c’est heureux – nous n’utilisons plus nos enfants comme objet de troc ou comme objet de pouvoir quand ils se marient. M. Alain Néri. Très bien ! Nous serions plus sereins pour discuter si nous n’avions pas, collectivement, laissé le mariage républicain perdre sa substance. M. Alain Néri. Tout à fait ! Il nous faut, comme le proposait Georges Duby, retrouver dans le mariage l’image de notre propre perfection et, ainsi, bien des questions ne se poseront même plus. M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. C’est autre chose que Mme Boutin ! J’en viens tout naturellement à mon deuxième concept fondateur. Cette structure nouvelle n’est pas, en tant que telle, un lieu d’accueil de l’enfant. Il est également paradoxal d’entendre dénoncer une dérive ultérieure vers un droit à l’adoption ou à la procréation médicalement assistée, et regretter que le statut de l’enfant ne soit pas prévu dans le nouveau contrat ; pour cause ! Cependant, les enfants qui pourraient naître de parents compagnons entre eux ou avec d’autres auront les droits inaliénables qui leur sont reconnus, et qui sont les droits de tous les enfants nés de parents concubins ou mariés (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste), ni plus, ni moins, et les parents qui les auront conçus auront vis-à-vis d’eux les mêmes devoirs de prise en charge matérielle et morale, ni moins, ni plus. Mais ce statut du compagnonnage ne peut-être l’addition de mesures éparses, comme je l’entends avancer parfois. Il doit refléter une vision large de solidarité. On peut partager un appartement avec un ami ou souhaiter faire hériter un proche sans, pour autant, prendre un engagement d’entraide vis-à-vis de lui. Se pose alors une autre question : faut-il donner aux contractants des droits fiscaux, sociaux et successoraux, puisque ces droits seraient le corollaire de services rendus à la société ? J’affirme que ces droits sont légitimes puisque, durant la durée du pacte, l’engagement d’entraide supplée et remplace tout ou partie des dispositifs sophistiqués de notre protection sociale. Il y a donc bien service rendu. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.) Le texte qui nous est proposé aujourd’hui est certes perfectible – ô combien ! -, il mérite d’être éclairé, approfondi et prolongé, mais il correspond aux critères que j’avais fixés : une entité nouvelle de solidarité, large, nettement différente du mariage, et ne constituant pas une structure d’accueil de l’enfant. M. Alain Néri. Très bien ! Enfin, pour lever toute ambiguïté, je tiens à répondre à cette question : le pacte de solidarité a-t-il pour origine une revendication portée par des associations homosexuelles ? Eh bien oui ! Mais qui mieux que les homosexuels pouvaient, à partir d’une expérience de solitude, de rejet et de mépris faire le diagnostic des difficultés qui rongent notre société ? (« Très bien ! » sur les bancs du groupe socialiste.) M. Yann Galut. Quel courage ! Ils et elles ne veulent ni le dégoût des saintes nitouches ni la commisération des dames patronesses. (Murmures sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République.) M. Jean-Pierre Michel, rapporteur. Très bien ! Cela a été l’honneur de ces associations de faire des propositions qui refusaient les solutions communautaristes, forcément stigmatisantes, pour bâtir un projet où chacun et chacune d’entre nous pourra se retrouver, avec ses enfants, ses parents, à un moment où un autre de sa vie, car finalement nous ne reconnaissons ici qu’une communauté : la République. (Applaudissements prolongés sur les bancs du groupe socialiste, du groupe communiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert. – Plusieurs députés du groupe socialiste se lèvent et continuent d’applaudir. – Mme la garde des sceaux applaudit.)
|