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Diva Divo

De Mozart à Strauss, en passant par Bellini, Gluck et Massenet, Joyce DiDonato a choisi de nous montrer, dans son récent récital édité par Virgin Classics, toute l’étendue d’un répertoire de mezzo soprano, qui permet à l’interprète d’embrasser une identité tour à tour masculine et féminine, de prendre l’habit de chevaliers et de princesses, de valets et de grandes dames.

« Je n’ai jamais regretté la longueur de mes cordes vocales », déclare la chanteuse américaine. « Je vis comme un privilège et une joie absolue le fait de pouvoir interpréter aussi bien des rôles de garçons et de jeunes hommes que de jeunes filles et de femmes mûres. Cela me permet d’explorer toute la palette des ambitions humaines ».

« Diva, Divo » présente une sélection particulièrement bien choisie de 16 airs, regroupés pour la plupart en « paires », alternativement un rôle féminin et un rôle masculin. Ainsi sur le thème de Roméo et Juliette, l’air de Juliette de l’opéra de Berlioz et l’air de Roméo dans I Capuleti de Bellini (rôle que Joyce a tenu récemment à Bastille, aux cotés d’Anna Netrebko, dans une production inoubliable).

Pour La Clémence de Titus, elle nous présente d’abord un air de Vitelia extrait de l’opéra de Mozart, puis un air de Sesto tiré de l’opéra de Gluck. Il y a même quelques merveilleuses découvertes, comme cet air bouleversant de l’Ariane de Massenet, suivi de celui, plus connu, du Compositeur dans l’Ariane à Naxos de Richard Strauss.

Et quel immense bonheur de l’écouter chanter avec autant de grâce l’air du Prince Charmant de la Cendrillon de Massenet, que j’ai découvert et tant aimé à l’Opéra Comique il y a quelques jours, avant de nous donner le grand air de La Cenerentola de Rossini.

Tessiture somptueuse, souplesse de la ligne mélodique, clarté des articulations, agilité stupéfiante dans les airs les plus virtuoses, Joyce montre une nouvelle fois qu’elle est vraiment l’une des toutes grandes… diva ou divo ?

Mais au-delà de la magnifique leçon de chant, ce récital intelligent, l’un des plus réussis dans l’abondante production discographique des dernières années, nous fait bien saisir qu’après l’époque des castrats, l’opéra a continué à jouer de l’ambivalence sexuelle, en mélangeant avec malice et une grâce souvent bouleversante les rôles de chacun. Ce n’est pas la seule mais c’est sans doute l’une des raisons qui expliquent que l’opéra soit si aimé dans la communauté gay.

JEF pour CitéGAY ( http://jefopera.blogspot.com/ )



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