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DVD : Vivaldi Ercole su’l Termodonte

On ignore comment la commande d’Ercole sul Termodonte parvint à Vivaldi, mais on sait qu’elle fût la bienvenue pour le prêtre roux, qui n’en avait pas reçu depuis longtemps et commençait à tirer le diable par la queue, au début de ces années 1720.

Alors, quand l’ordre arriva de Rome, Vivaldi tenta le tout pour le tout, en montrant la complète étendue de son art dans un opéra kaléidoscope, méga compil de ses best of, comme on dit aujourd’hui. Il réutilisa en effet dans la partition de nombreux airs d’opéras qu’il avait composés antérieurement et qui avaient tous connu le succès. Son grand talent fît qu’on ne s’aperçut de rien ; en effet, Ercole n’a rien d’un collage sommaire ou artificiel, mais révèle un véritable travail de composition et de réécriture, marqué par une attention scrupuleuse aux tessitures et aux profils psychologiques et dramatiques des personnages.

A propos de personnages, de quoi s’agit-il ? L’opéra est une évocation assez libre du 9ème travail d’Hercule, chargé par Eurysthée de s’emparer de la ceinture d’Antiope, reine des Amazones, virago saphique et belliqueuse qui n’aime rien tant que de couper les roupignolles à tous les mâles qui ont le malheur de se trouver sur sa route.

Le livret présente aussi, on s’en doute, une intrigue amoureuse, un peu tarabiscotée, que j’aurais du mal à résumer. Mais il offre surtout à Vivaldi un cadre dramatique et une palette de personnages lui permettant de brosser une grandiose épopée, avec de nombreux effets scéniques spectaculaires, en premier lieu la bataille livrée par Hercule et ses compagnons aux farouches amazones sur les rives du Termodonte. D’où le titre, Ercole sul Termodonte.

Au début du XVIIIème siècle, la vie lyrique romaine se caractérisait, on le sait, par la prohibition des femmes sur les scènes publiques d’opéra. Il en résultait des troupes entièrement masculines, dans lesquelles les emplois féminins étaient tenus par des castrats. « La décence ecclésiastique », écrivait avec ironie le Président de Brosses, « ne laisse paraître sur le théâtre que de jeunes et jolis garçons, à qui de diaboliques chaudronniers ont trouvé le secret de rendre la voix flûtée. Habillés en filles, avec des hanches, de la croupe, de la gorge, le cou rond et potelé, on les prendrait pour des filles. On prétend même que les gens du pays s’y trompent quelquefois jusqu’au bout ; mais c’est une vilaine calomnie à laquelle je n’ajoute aucune foi. »

Ce qui nous vaut, sur scène, un méli mélo assez savoureux, les rôles d’amazones étant tenus par des hommes qui n’étaient plus vraiment des hommes et qui n’appréciaient sans doute pas beaucoup plus les femmes que les amazones goutaient la compagnie des hommes.

Les efforts de Vivaldi pour montrer le meilleur de son art ne furent pas vains. Présenté le 23 janvier 1723, l’opéra connut un très grand succès et, fait rarissime à l’époque, fût repris une trentaine de fois. Le Pape lui-même ne jurait plus que par Vivaldi, à qui il demanda de venir jouer devant lui.

Comme beaucoup d’oeuvres de cette époque, Ercole tomba ensuite dans un long sommeil, sans doute jusqu’en 2006, année au cours de laquelle le Festival de Spolète le mit à son programme, dans une mise en scène qui ferait se précipiter à l’opéra les plus récalcitrants :

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