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Bleu Noir, Mylène Farmer

Je ne vais pas te cacher que je ne suis vraiment pas du genre à me précipiter sur un cd de la rousse, quand celui-ci fait son apparition sur le web, et encore moins quand mes amis m’y encouragent fortement (l’esprit de contradiction sans doute).

Mylène, je l’ai adoré brune et sans artifices quand elle chantait « Maman a tort » avec son regard torturé ou même « On est tous des imbéciles » (qui s’en souvient encore ?), et puis mon intérêt pour elle a peu à peu diminué jusqu’à l’album « Anamorphosée » en 1995, avec au passage tout de même de superbes moments passés avec « Allan », ou la version live de « Plus Grandir »

Pour moi la chanteuse aux chorégraphies minimalistes, ne fait ni plus ni moins que du Chantal Goya pour adultes, ce qui était bien agréable avec Bécass… heu Libertine, mais bon à presque 50 ans j’aimerais bien la voir enfin évoluer vers d’autres sphères …

Artiste que je respecte infiniment et qui mérite tout à fait sa place de number One dans le coeur de nombreux amateurs dans le monde entier, je ne réussis néanmoins toujours pas à comprendre les scènes d’hystérie et de pleurs qu’elle suscite, tout simplement par ce que ses textes ne me parlent pas sans doute …

Bref, pour son 8ème album, la chanteuse, toujours à fleur de peau, s’est entourée de RedOne, du groupe Archive et de Moby, et a gentiment demandé à Laurent Boutonnat de « quitter l’aventure ».

Le résultat ?

« Bleu Noir » est un disque toujours préférable à son prédécesseur, pour lequel Mylène signe pratiquement toutes les paroles, mais qui continue à patauger gaiement dans le sirupeux, le régressif et le mièvre .

Faut-il vraiment faire des commentaires sur l’agaçant « Oui …mais non ? », hit eurodance instantané et certes efficace produit par RedOne, mais qui devient très vite aussi encombrant qu’une armée d’abeilles sur une tartine de miel … Avec son clip ridicule qui a dû être sponsorisé par Mon Petit Poney si ça existe encore (cf les super coupes de cheveux des danseurs), c’est sûr ce titre est un parfait exemple d’illustration pour l’expression : « Plaisir Coupable » … Enfin si vraiment plaisir il y a …

D’emblée je préfère le titre suivant « Moi je veux », malgré sa faute de syntaxe (Moi je veux c’est aimer) sûrement voulue, qui fait passer Mylène pour une délicieuse autiste, ou en tout cas une amoureuse un peu perdue qui aurait du mal à exprimer des sentiments confus … Pour la musique on reconnaît la patte de Moby, et on a même l’impression qu’il a réussi à refourguer une vieille chute de son album Play …

« Bleu Noir », ballade d’ascenceur s’il en est, donne dans « O ben le monde il est pas beau mais quand même la vie qu’est-ce qu’elle vaut la peine ma p’tite dame » … Le titre est agréable à écouter mais pas non plus vraiment indispensable !

Bizarrement je suis plutôt fan de la chanson suivante, dont la musique est également signée Moby. « N’aie plus d’amertume », avec ses doux arrangements et ces notes subtiles de piano, a réussi à toucher ma corde sensible … Un titre planant, touchant (et oui celui-là il m’a touché, il faut croire que le thème du pardon me parle), très intimiste, qui aura sans doute la faculté de suspendre le temps lors d’un des prochains concerts de la chanteuse, mais que celle-ci s’empressera sans doute de gâcher avec des pleurnicheries et des minauderies systématiques …

Avec « Toi l’amour » on commence sérieusement à se demander si une cigarette qui fait rire n’a pas été dissimulée dans le packaging du disque … Les arrangements, mous comme du chamallow, sont certes jolis et travaillés, mais les paroles … Un tel degré de Rien est-il possible ? Allez ça me donne envie de réécouter du Enya tiens !

Le summum de l’horreur c’est quand même les « hin, hin, hin » sur « Lonely Lisa » , le titre suivant … Retour terrifiant dans le monde régressif de la cinquantenaire qui s’est prise pour une Charlotte aux Fraises rappeuse et trop chanmée … Et puis alors merci de m’avoir fait bien rire avec le couplet « Une révolution pour créer l’envie .. Y a pas de génie sans grain de Fo… Sans grain de Folie … Hin, Hin, Hin « . Objectivement le groupe Début de Soirée faisait pareil … Encore un titre « Plaisir coupable » signé Red One, qui risque bien entendu paradoxalement de bien marcher sur les dancefloors et ailleurs !

On m’a dit, tu ne pourras pas rester insensible à « M’effondre », un titre vaguement trip-hop avec une fois de plus Moby aux manettes …
Ben si ! D’abord lorsqu’au début Mylène prend sa grosse voix d’ogresse ça a plutôt tendance à me faire sourire, vu que je n’y crois pas une seconde … Et puis après dans la seconde partie de la chanson quand elle répète inlassablement « Jusque là tout va bien », comme une Zazie sans inspiration, là je la crois mais quand tout s’arrête enfin : Une vraie libération !

Surprise intéressante avec le titre suivant « Light Me Up », tout en anglais, dont le groupe Archive a composé la musique toujours très atmosphérique, hypnotique et trip-hop … Je découvre, mais c’est mon avis, que Mylène en anglais, évolue dans un registre pas très éloigné de celui de Charlotte Gainsbourg … Pour moi un des meilleurs de l’album, avec son visuel (naaaan je rigole pour le visuel)

La chanson « Leila » m’a été présentée par des fans comme belle, envoûtante et hypnotique. Moi j’ai répondu « Chiante », « Soporiphique » … Après plusieurs écoutes j’ai dû me rendre à l’évidence : Il s’agit d’un grower qui gagne peu à peu l’auditeur … Un titre hors-format donc risqué, qui est finalement une vraie invitation à la méditation … Je ne suis pas encore convaincu à 100% que c’est un chef-d’oeuvre, mais pas loin !

Et puis patatra … « Diabolique Mon Ange » fait son apparition … Désolé mais le « Flik Flak / Diabolique est mon ange, Tic Tac / Plus rien ne nous dérange » qui fait écho au « C’est peut-être Chic C’est l’ère du toc » de « Oui … Mais non », je peux vraiment pas … Du Gotainer non ? Dommage parce que côté mélodie et arrangement lanscinant, c’est une chanson de qualité … Pardon Mylène, j’essaierai de la trouver en instrumental celle-là !

On finit cet album inégal en beauté majestueuse avec « Inséparables », une fois en anglais et une fois en français … Un titre poignant et même désarmant de beauté, propice au reccueillement, dont les arrangements différents d’une langue à l’autre sont signés Moby … Pour moi le plus beau moment de ce disque, qui s’annonce déjà comme un futur classique. Attention aux âmes récemment séparées : Grosses crises de larmes à prévoir à la suite de son écoute !

En conclusion on va dire que le 8ème album de Mylène n’est pas handicapé par l’absence à ses côtés de Laurent Boutonnat, et reste globalement agréable à écouter. Très contrasté, d’un univers insouciant et régressif que je n’aime pas, à un univers bien plus sombre et plus profond, qui me parle plus, il saura sans doute prendre toute son ampleur en live. La comparaison un peu facile qu’on a pu faire de la chanteuse rousse avec Lady Gaga, tombe bien vite à plat. Pourtant on aimerait bien que Mylene prenne un peu exemple sur la Lady en livrant pour une fois des titres dansants, mais emprunts d’une certaine gravité, et plus ces espèces de comptines à deux balles, que René la Taupe pourrait sans problème reprendre à son compte …

EN SAVOIR PLUS : http://www.mylene.net/

VIDEO PLUS : Leila






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