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 »Fairyland » – Elevée seule par son père gay, Alysia Abbott livre un témoignage bouleversant

C’est à Paris, qu’elle a dispersé les cendres de son père, au bout de l’île de Cité. Elle était seule. Sa mère était morte il y a près de vingt ans avec un amant dans un accident de voiture. Dans le bouleversant Fairyland (Editions Globe, 21,50?), l’Américaine Alysia Abbott, aujourd’hui mariée et mère de deux enfants, replonge dans les souvenirs de sa vie avec son père, avant qu’il ne meure du sida le 2 décembre 1992.

Journaux intimes
Pour reconstituer leur relation, elle a scruté des photos, la correspondance entre eux et les journaux intimes de son père. «Parfois, quand j’étais petite, je les lisais quand il n’était pas à la maison pour savoir ce qu’il pensait de moi, se rappelle Alysia Abbott pour 20 Minutes. Mais ce ne sont pas ses histoires de coeur qui m’intéressaient, déjà parce qu’il n’était pas du genre à les dissimuler.» Elle s’est émue de paragraphes sur les rapports avec sa mère: «J’avais une idée très romantique d’elle et de leur relation, c’était très douloureux de découvrir qu’ils avaient des moments difficiles entre eux, qu’ils se droguaient. Ils étaient très idéalistes, voire naïfs.» A la mort de son épouse, le poète et militant homo Steve Abbott emménage avec Alysia à San Francisco.

Alysia Abbott portait en elle depuis vingt ans ce désir d’écrire la vérité sur son père. Si longtemps. «Je manquais de distance, j’avais besoin de me représenter mon père comme le personnage d’un livre», soupire-t-elle. En 2000, elle rassemble une anthologie des poèmes de son père. Puis un regain d’intérêt des éditeurs pour son histoire accompagne «l’évolution considérable des droits des gays, comme le mariage», mais aussi «le suicide de Billy Lucas, ado harcelé parce qu’homo».

«Une histoire plus vaste que la nôtre»
Une des forces de ce livre, c’est d’inscrire leur relation intime «dans une histoire plus vaste que la nôtre», pointe-t-elle. Celle qui voit San Francisco basculer dans la tragédie, quand l’épidémie de sida déchire les couples, les familles, entraîne la discrimination des gays. Déjà l’assassinat du maire et du militant homo Harvey Milk avait sonné le glas pour la bohème. La gentryfication posait son vernis sur le quartier de Haight-Ashbury, autrefois adulé des hippies. La maison qu’ils y habitèrent pendant quinze ans figurait sur une photo célèbre des Grateful Dead. C’était avant que le LSD et la marijuana cèdent le voisinage au crack et à l’héroïne.

«Ni gay, ni hétéro, mais dans la marge»
Ses enfants sont «trop jeunes pour lire son livre», mais elle ne leur a rien caché de leur père. «Quand ma fille voudra en savoir plus, si elle le souhaite, elle l’ouvrira. Mais je veux être là pour elle. Et pas qu’elle éprouve un jour le besoin de lire mes journaux pour me connaître», sourit-elle. En tout cas, le témoignage de Alysia Abbott lui a valu beaucoup de courrier, de la part de personnes qui ont été élévées par un parent gay: «Comme moi, ils ne sentaient pas part d’une communauté ni gay, ni hétéro, mais dans la marge.» Désormais, elle se revendique d’une «communauté queer».

De la famille, elle loue les valeurs de «confiance et de proximité. Mon père et moi on appréciait juste d’être ensemble», ajoute-t-elle. De la confiance, elle en a aussi pour la réalisatrice américaine Sofia Coppola, qui est en train d’écrire le scénario d’un film adapté de Fairyland. La famille, c’est «un engagement. Pas sur le papier. C’est s’engager à être toujours là pour quelqu’un.» Pour Alysia, plus fort que les liens de sang, c’est la loyauté.

Source :20mn



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