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Curry and Coco : Un concert dans une boîte gay ? On y va tout de suite !

Avec leur « pop de danse » qui déplace de plus en plus de foules, et leurs titres sexy catchy punk qui donneraient presque envie de remettre des lacets fluos à ses Dock Marteens, les Curry & Coco (duo, couple, ou frère : barre les mentions qui t’arrangent le moins) sont un des groupes actuels qui électrisent grave les salles de concert. Les concerts ils connaissent puisque c’est là qu’ils sont nés et que ça fait déjà plus de 3 ans qu’ils parcourent les routes d’Europe, créant le buzz, tapant dans l’oreille de Jean-Charles de Castelbajac et délivrant enfin un premier album ‘ »We are Beauty » produit par David Kosten (Bat For Lashes), dans les bacs et disponible en téléchargement légal. Curry & Coco n’est pas un plat aphrodisiaque quoique, ni un groupe de pop britannique puisqu’ils sont bien originaires de chez nous. Heu, vraiment ? Mais qui sont vraiment Curry & Coco ? A la veille de leur venue au festival Solidays … Interview !

Tof : Bonjour vous deux, merci de me recevoir. Pour commencer dites-moi donc : Curry & Coco, mais qu’est-ce que c’est que ce nom ? [ Rires ]

Sylvain (le blond) : Curry & Coco, c’est le nom qui sonnait le plus juste par rapport à ce qu’on est …

Thomas (le brun) : On a quand même failli s’appeler « Précision allemande » ! [Rire]
Sylvain : Honnêtement tout ce qu’on fait on le fait à l’instinct, pour nous amuser, prendre du plaisir et que le public en prenne aussi. En même temps on a aussi une vraie ambition artistique…

Tof : On dit que vous êtes frères, ou même que vous êtes un couple !

Sylvain : Hé, hé, on n’est pas frères mais presque …

Thomas : C’est vrai que pour monter un duo et pour faire de la musique, sans séquence, sans vraiment rien derrière pour nous soutenir – on est vraiment qu’à deux à faire de la musique – il faut forcément que la relation soit forte, intense, même explosive ! Du coup ça passe un peu par tous les stades de définitions possibles d’une relation à deux …

Tof : Racontez-moi comment vous vous êtes rencontrés … Vous aviez un autre groupe c’est ça ?

Sylvain : Non Curry & Coco c’est notre premier projet en fait ! On est de Lille et là-bas il y a des formations multiples qui se produisent dans des bars. On a eu cette expérience mais honnêtement on ne peut pas dire que c’était vraiment des groupes.

Tof : J’imagine que ça ne doit pas être évident, de se dire qu’il va falloir occuper l’espace d’une scène, en étant seulement deux …

Thomas : On y est allés sans réfléchir. Tout ce qui comptait c’était de faire de la vraie musique live en direct, sans assistance, « sans filet » , avec cette notion de devoir « tout tenir à deux ». Vraiment on ne s’est pas posé cette question comme ça, et en fait la meilleure raponse qu’on pourra te donner c’est de venir nous voir en concert. Pour nous cette formation n’a pas de limite, elle nous oblige juste à être vrais et à envoyer un maximum !

Tof : Vous êtes hyper influencés par la musique des années 80, et pourtant vous insistez beaucoup sur le fait que, chez vous, tout est joué, sans aucun élément de programmation … Faut-il y voir une volonté de vous différencier de vos pairs ?

Sylvain : Clairement oui ! C’est important que le public sache qu’on joue sans filet parce que ça fait complètement partie du projet. Enormément de personnes nous classent dans la catégorie électro. Bien sûr on est ultra fans de cette musique, autant à ses débuts qu’en ce qui concerne des artistes actuels. Mais pour nous la musique électronique c’est avant tout une musique jouée avec des machines, ce qui est absolument l’inverse de ce que nous faisons. Chez nous tu peux toujours chercher les ordinateurs, les loops et les samples ! Tout est joué à la main et on met un point d’honneur à le faire remarquer …

Thomas : C’est notre façon de donner une vérité à ce qu’on fait, à une époque où on a tendance à sur-séquencer les choses …

Sylvain : Oui, regarde les Ting Tings ! C’est blindé de séquences, avec des chants partout !

Thomas : Tant mieux pour eux en même temps, c’est un son qui leur va bien ! Nous ce qu’on défend c’est de la vraie pop avec un esprit Rock’n Roll, avec l’idée de jouer les choses, de les faire vivre et de les sentir sous les doigts, sans une espèce d’accompagnement qui te limite, ou en tout cas qui t’oblige en fait à être « dans des clous » tout le temps … Là on peut faire « vivre le live », le rendre vivant. C’est une vérité hyper importante pour nous car en la défendant on défend aussi l’idée que tout les jours ça puisse évoluer. Tu vois dans un concert, moi je trouve qu’il n’y a rien de plus frustrant que de voir un mec tout seul, avec en fait huit choeurs derrière lui qui chantent !

Tof : Ca m’évoque la réaction de certains « puristes » qui critiquaient beaucoup la musique à base de synthés dans les années 80, disant que ça ne pouvait pas être de la vraie musique, puisque ça n’était pas fait avec de « vrais instruments »

Thomas : Notre démarche à nous en tout cas, c’est de prendre les instruments qui nous plaisent et d’en jouer comme on a envie d’en jouer … C’est une vraie attitude qui consiste à dire « Fuck Off, nous on fait comme on veut ! » C’est ça le rock’n roll !

Sylvain : On discerne deux écoles de musiciens : D’un côté, tu as ceux qui travaillent en home-studio et qui sont capables de faire des tubes qu’ils adaptent ensuite sur scène, et de l’autre tu as l’inverse, c’est-à-dire ce que nous on fait. Sans ordinateur sans rien, on joue tout live dans notre salle de répétition, et ensuite on se pointe simplement en concert pour jouer ce qu’on a fait !



Tof : On vous dit « nostalgiques » des années 80 … Moi je trouve que c’est vrai mais je situe plutôt vos influences du côté de la fin des années 70, début 80, avec l’arrivée de la british invasion (Thompson Twins, Depeche Mode, OMD, Human League) …

Thomas : C’est hyper juste ! On se retrouve vraiment dans une période qui s’étend de 1978 à 1983. C’est vraiment là que se situent les choses qu’on aime vraiment écouter.

Tof : Ca ne correspond pas à votre âge pourtant …

Thomas : C’est vrai que ça ne correspond pas à notre âge, mais je pense que ces musiques avaient une certaine énergie, un certain truc qui en tout cas nous parle … On est loin de n’écouter que ça, mais cette époque là était vraiment prolifique : On pouvait aussi bien écouter du Rock genre ACDC, que de la synth pop genre Depeche Mode, ou du punk synthétique comme Gang of Four, et bien sûr de la disco … C’est David Kosten, le producteur de l’album, qui nous a fait remarquer tout ça, en nous disant que deux grandes influences se dégageaient de notre musique. On n’en avait pas forcément conscience, mais c’est de la disco mixée à de la new-wave, et les deux tendances viennent s’équilibrer l’une l’autre !

Tof : Et qu’on dise de vous que vous êtes « nostalgiques » de ces années là, ça ne vous embête pas un peu ?

Sylvain : On n’est pas nostalgiques en fait ! Dès la création du groupe avec un schéma clavier-batterie, on s’est mis à chercher à préciser notre son avec d’autres instruments. On est devenus vraiment curieux sur ce qui se faisait en matière de batterie et de synthé, et en ce qui concerne le synthé on s’est rendus compte que tout le matériel actuel, dans sa globalité, nous fait un peu vômir… En fait aujourd’hui tout est numérique, tout est émulé, et les sons produits ne dégagent aucune chaleur. Résultat: On peut faire à peu près tout mais pas en bonne qualité. Tu peux avoir un son de piano ou un truc qui ressemble à de l’orgue, mais rien n’est vraiment chaud. En cherchant on est tombés sur des vieux synthés des années 80, et on a vraiment eu un coup de coeur pour ce type de son, qu’on a voulu absolument avoir sur l’album. Moi personnellement, 6 mois avant l’enregistrement de l’album, j’écoutais autant d’ACDC que de Blondie, que de Gang of Four, Joy Division ou Depeche Mode, mais aussi du classique, ou de la musique de films. Je veux dire par là qu’on n’essaie pas du tout de reproduire une image copiée-collée du début des années 80. C’est simplement une histoire d’envie et sur cet album là on avait vraiment envie de mettre en avant ces sons là !

Tof : Vous avez l’air plutôt attachés au côté minimaliste de la musique …

Thomas : On est surtout attachés à exprimer ce qu’est l’ « essence » de la pop pour nous, juste réduite à sa base la plus simple. Une mélodie, une rythmique avec un chant par dessus et ça c’est de la pop ! C’est pas forcément minimal. Notre ambition c’est d’envoyer autant que n’importe quel autre groupe. La seule différence c’est qu’on fait juste au minimum de chaque instrument. On n’a pas doublé les parties de claviers par exemple.



Tof : A votre actif vous avez déjà énormément de dates de concerts parce que vous tournez déjà depuis 3 ans à travers l’Europe. Comment est-ce possible quand on n’a même pas encore sorti de disque ?

Thomas : C’est en partie dû au buzz internet et au bouche à oreille, et puis aussi à pas mal premières parties. Ca nous a autant permis de connaître les petites salles que des plus grandes, comme le Bataclan ou la Cigale. En fait cette période de 3 ans on ne l’a pas vraiment vue passer parce que c’est là qu’on a testé un peu toutes les conditions de live possibles. Le live c’est notre vie ! On a plongé là-dedans et on a mangé le bitûme …

Sylvain : De toutes manières pour nous quelque soit la musique, c’est toujours sur scène que se joue la vérité …

Thomas : Tu sais il ne faut pas se leurrer, la crise de l’industrie du disque est surtout un problème pour les patrons de major. A partir du moment où un artiste peut jouer sur scène tout va plutôt bien !

Sylvain : Je suis d’accord ! Tu sais les intermédiaires entre le public et nous sont de plus en plus fins. Ils se démerdent pour pouvoir s’insérer là-dedans. Mais maintenant tu peux monter ton fan-club sur facebook ou myspace, faire ton truc, et si ta musique plait aux auditeurs il suffit de leur parler directement !

Tof : Est-ce que vous vous souvenez de votre tout premier concert ?

Sylvain : Oui ! [Rire] C’était à Maubeuge dans le cadre d’un tremplin. pour lequel on avait fait notre première démo (Festival des Nuits Secrètes dans le Nord; Ndlr), et on gagné !

Thomas : Je ne sais plus trop dans quel état j’étais, juste que j’avais l’impression que tout était un peu fragile ! [Rire]

Tof : Votre producteur David Kosten, n’est pas n’importe qui puisqu’il a déjà bossé avec Bat For Lashes … Comment l’avez-vous rencontré ?

Thomas : On cherchait tout simplement un producteur et on avait quelques noms, dont David Kosten. On a essayé de lui a envoyé un mail « pour voir », et il nous a répondu dès le lendemain parce qu’il avait déjà entendu parler de nous. Pas quel biais on ne sait pas … Ce qui était drôle c’est que le lendemain il était dans notre salle de répèt à nous écouter et surtout à nous voir jouer, et on l’a vu repartir avec les yeux qui brillent. On est repartis 5 jours après pour enregistrer à Londres. Du coup on n’a pas eu le temps de réaliser ce qui se passait, ça s’est fait naturellement !

Tof : Les autres producteurs potentiels, c’était qui ?

Thomas : Ben on va pas les citer tu penses bien ! C’est des gens avec qui on a vraiment envie de travailler, qui sont tous hyper cool…

Tof : Vous êtes aussi un peu les chouchous de Jean-Charles de Castelbajac, au point d’avoir collaboré avec lui sur un de ses défilés … Comment s’est passée la rencontre ?

Sylvain : C’était via myspace je crois … Il s’est pointé à un concert au Point FMR, puis est venu nous voir pour nous proposer de faire la musique de son défilé. En fait il avait accroché sur le thème et l’esprit du titre « Sex is fashion » sur myspace, pas spécialement sur le titre en lui-même mais plus parce qu’il cherchait un beat particulier pour que les filles puissent marcher en rythme … Il nous a dit qu’il aimait beaucoup ce titre et donc on a écrit une pièce spécialement pour l’événement, qui tournait autour du thème de cette chanson là …

Thomas : On aime bien balancer des paroles pour que le public les interprète comme il veut, mais en fait là si tu écoutes bien, ça fait : « Sex is fashion, ‘cose when you get inside you can never return » Ca parle d’addiction au sexe, et on peut le voir comme un parallèle avec l’addiction à la sape !



Tof : En lisant le track-listing de l’album je me suis carrément demandé si parmi vous deux il y avait un ancien publicitaire. Pratiquement chaque titre est un slogan !

Thomas : C’est vrai qu’il y a cette idée de slogan parce que c’est court, net, et que ça permet d’envoyer. Mais c’est très pop tout simplement !

Tof : C’est un truc qui vous rapproche d’ Andy Warhol également, que vous citez aussi parmi vos influences. Vous aussi vous pouvez appréhender l’Art comme un simple produit ?

Thomas : Au delà de cette idée de produit il y a surtout la volonté de proposer quelque chose de très sérieux tout en étant fun et détendu … Cette addition entre deux éléments assez différents est assez compliquée en France. On a du mal à comprendre que les deux font partie d’un tout et qu’on peut aussi bien être sérieux à un moment et déconner à un autre … On sait bien entendu que la musique est un produit et qu’il faut la vendre, mais c’est pas pour ça qu’il faut la faire mal et avec de la vugarité … Si tu vois un peu la façon dont on communique sur ce qu’on fait, il y a quand même une finesse et une volonté d’esthétisme. Ca nous touche ! On aime proposer de belles choses … Les deux peuvent être compatibles et je pense que Warhol disait un peu la même chose, en détournant des choses populaires qui peuvent apparaître comme vulgaires et en en faisant une espèce de forme artistique …

Sylvain : Il y a une espèce de phénomène qu’on ressent en France, qui a été complètement anihilé au moment de l’enregistrement de l’album avec la culture british de David (Kosten; ndlr), c’est cette impossibilité de « faire le grand écart », c’est-à-dire qu’un projet rassemble une simplicité pop avec des chansons accessibles, chantables et dansables, et en même temps une vraie ambition et une vraie exigence artistique. Ici il faut choisir entre l’un ou l’autre, alors qu’en Angleterre ça existe et ça s’appelle de la pop… Et bien justement on fait de la pop et c’est un art ! On construit quelque chose. On n’a pas ce complexe là !

Tof : Parlez-moi de la chanson « Top of the pop », c’est un clin d’oeil à l’émission culte?

Sylvain : Non c’était un private joke entre nous. C’est juste une formule pour parler de quand tu réussis à faire un truc … Genre quand on a bien réussi à repasser notre chemise ou un truc comme ça on se regarde et on se dit « Top of the Pop ! » En plus c’est le seul titre de l’album qu’on a écrit en studio, qui est venu sur le moment en une heure, on était fiers de nous et on s’est dit « Top of the Pop ! » C’est devenu naturellement le titre …

Thomas : Ca évoque exactement ce qu’on est, le fait qu’on veuille faire de la qualité, être au top de la pop … La manière d’écrire le texte et ce qu’il dit vraiment montre qu’on peut aussi être des gentils et nous exprimer sans écraser qui que ce soit …



Tof : A la fin de l’album il y a l’instrumental « Boys From The North ». J’ai l’impression que le morceau instrumental, c’est un truc qu’on retrouve systématiquement dans les albums des années 80. Même si j’ai compris que vous ne faites pas un copié-collé de ce son, est ce que le producteur ne vous a pas un peu encouragé à « formatter » votre cd, un peu dans la veine de cette période ?

Thomas : On avait plutôt l’envie de faire un long morceau qui évolue et qui vit sans que ce soit vraiment une chanson comme sur le reste de l’album. L’idée c’était vraiment d’ouvrir l’album sur autre chose … Un peu comme à la fin d’une dissertation, quand on ouvre le sujet vers autre chose … On aime vraiment aussi composer comme ça, et ça n’a rien à voir avec l’envie de coller plus à une espèce de « norme » eighties …

Sylvain : Je me souviens que quand on a fabriqué l’album il y a plein de moments où on a essayé des accords et des mélodies, et paf David bondissait sur youtube et nous ressortait un truc auquel ça lui faisait penser, du Human League ou du Sparks par exemple ! Inutile de te dire qu’on avait le sourire jusqu’aux oreilles !

Tof : Beaucoup s’accordent à dire qu’un tube efficace est souvent construit sur une bonne ligne de basse … Qu’en pensez-vous ?

Sylvain : Chez nous il y en a plein, mais jouée au synthé …

Thomas : En phase de création on a deux synthés et une batterie. D’un côté un synthé produit les sons de basse, et l’autre qui fait les leads, et enfin la batterie ! On a l’habitude de s’échanger les instruments pour essayer des trucs chacun de notre côté. Après un morceau peut partir d’une ligne de basse ou d’une mélodie et tout doit s’imbriquer ensuite naturellement. Du coup une ligne de basse peut devenir mélodique, et inversement …

Sylvain : T’as raison, le tire « Yummy, Mummy » c’est tout à fait ça … Tout est parti de la ligne de basse …

Tof : D’un coté vous jouez la carte de la rigolade en vous disant pacsés, de l’autre dans vos clips il y a plein de nanas … Si on vous propose de jouer dans une boîte gay ou à la gay pride, ça le fera quand même ?

Thomas : Nous on veut qu’il y ait du « physique » dans les concerts, du punk et que ça pogotte … La question ne se pose même pas. Si on nous propose un concert on y va tout de suite !

Sylvain : T’es gay, t’es noir, t’as 13 ans ou t’en as 49, on veux que tu t’amuses, point !



Tof : En concert vous reprenez d’ailleurs Cyndi Lauper et son « Girls just want to have fun », une chanteuse hyper Gay Friendly …

Sylvain : On adore vraiment ce titre. Il nous fout la patate, et en plus on trouve que c’est encore plus drôle si c’est des mecs qui la chantent !

Merci Curry & Coco, on va désormais suivre vos pérégrinations à la trace, et Solidays, le 25 Juin en premier lieu… Ce ne sera pas très difficile : Là où la bonne humeur, la bière, la sueur, le bonheur et l’essouflement sera, vous ne serez probablement pas loin … Hmmm c’est assez sxeuel tout ça … Animale tout cas ! Rendez-vous à Solidays également où vous allez probablement faire bouger les foules ! Une chose est sûre, vous n’avez pas encore fini de nous faire danser avec vos titres punchy et sexy …

EN SAVOIR PLUS : Curry & Coco : We are Beauty, la chronique de l’album

http://myspace.com/curryandcoco

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