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Goldfrapp :  »Head First » est un disque qui doit inspirer confiance et abandon

Aller à la rencontre de popstars c’est souvent se retrouver dans le couloir vide et ouaté d’un grand hôtel, au bout duquel une porte s’ouvre et dévoile plusieurs personnes qui s’affairent. Les attachés d’un côté de la pièce, réquisitionnée en « salle d’attente » pour l’occasion, et dans un fauteuil ou faisant les cent pas: un homme qui te sourit poliment avant de reprendre la conversation en anglais qu’il tenait à son téléphone portable. J’arrive donc dans la fameuse pièce avec un peu de retard, et on m’annonce qu’il va falloir encore un peu attendre, et que la demi-heure d’entrevue qu’on m’avait promise, va se transformer en un misérable quart d’heure … Soit ! Finalement on m’indique la chambre de mes futurs interviewés, dans laquelle l’atmosphère est toujours aussi ouatinée. Au fond de la pièce m’attendent mes deux nouvelles proies, il s’agit ni plus ni moins des deux protagonistes du groupe Goldfrapp, quasiment culte, au point qu’on a pu faire le parallèle entre leur musique et celle de Madonna, pour le coup surnommée « Old Frapp »… A ma droite, Will Gregory, initialement compositeur de musiques de films, et à ma gauche la chanteuse Alison Goldfrapp, qui me regarde m’installer avec un air amusé. Le duo de Belfast m’accueille pour parler de « Head First » son tout nouvel album, résolument tourné vers les dancefloors …


Tof : Bonjour Alison et Will, merci de me recevoir… Tout d’abord pouvez-vous me dire comment est né ce tout nouvel opus, me raconter un peu sa génèse …
Will Gregory : Wahou ! Tu sais on essaie toujours de faire en sorte qu’un album soit différent par rapport un autre. Nous avons commencé à travailler sur celui-là très simplement, à l’aide d’une guitare acoustique, et au début on se regardait en se disant « Mon dieu que c’est ennuyeux, faisons autre chose ! » Nous avons laissé de côté les batteries et ainsi, petit à petit nous avons écrit directement. Ca a d’abord sonné plutôt rock, mais petit à petit nous avons voulu explorer des choses que nous n’avions jamais faites auparavant. Nous avons essayé de créer nos propres sons et de les imbriquer les uns dans les autres. Il fallait que ça sonne le plus simple possible, que ça « coule de source ». L’idée n’était pas de créer un mur du son, mais plutôt de se limiter à ce qui sortait de manière évidente, et de voir ce que ça donnait !

Tof : Et alors comment avez-vous travaillé ensemble sur cet album ?
Alison Goldfrapp : Tu sais en fait, ça commence pratiquement toujours par une séance de jam. On joue au hasard juste pour trouver des idées de mélodies. Durant cette phase nous enregistrons absolument tout. C’est après que le processus de création va vraiment intervenir : En enlevant des éléments, en en déplaçant, en en rajoutant … C’est à chaque fois comme une émulation entre nous deux …

Tof : Lorsque vous commencez à penser à un nouvel album, vous ressentez de la pression ou au contraire vous ne vous posez pas de questions ?
Alison Goldfrapp : Non on s’en fiche ! Ce n’est pas important. Le processus de création doit être aussi libre que possible, tu vois ce que je veux dire ?



Tof : Pourquoi avez-vous choisi ce son très disco 70s pour ce nouvel opus ?
Alison Goldfrapp : Nous voulions avant tout faire un album qui soit très « Up », un disque qui « célèbre » la vie. Nous avons donc naturellement choisi un son qui à notre avis exprime ce genre d’état d’esprit …

Tof : « Head First » pourrait être compris comme la « tête d’abord » alors que le contenu de l’album, est lui plutôt axé vers la musique pour le corps …
Will Gregory : [Rire]
Alison Goldfrapp : En anglais cela veut surtout dire « plonger » , « ne pas avoir peur » . Je crois qu’en français c’est aussi « plonger la tête la première ». C’est ça l’idée : aller de l’avant sans se préoccuper des conséquences, « Plonger dans la vie ».
Will Gregory : Oui c’est en fait beaucoup l’idée de confiance et d’abandon …

Tof : Question évolution musicale, j’ai l’impression qu’à vos débuts on était plus dans le domaine de Will, c’est-à-dire des musiques de films et que votre son devient de plus en plus électronique et dansant, plus du domaine d’Alison. Je me trompe ?
Will Gregory : Je ne vois pas les choses comme ça … Nous faisons vraiment de la musique ensemble, et ça vient de chacun d’entre nous de manière égale. C’est aussi facile que le fait de le dire !

Tof : A l’époque,j’ai été frappé des similitudes entre la chansons « 2 Hearts » de Kylie Minogue, et votre titre « Hoo la la ». Q’avez-vous pensé la première fois que vous avez entendu la chanson de Kylie ?
Alison Goldfrapp : Ha oui ! En fait ça ne m’a pas frappé pour la chanson mais plutôt pour le clip ! Je ne sais pas mais je crois que c’était juste un concours de circonstances qui a fait que les deux vidéos sont sorties en même temps … Avec le recul, maintenant lorsque j’entends la chanson et que je vois la vidéo, je ne vois plus autant de rapport entre les deux qu’auparavant … Les deux projets ont été faits de manière totalement différente et du coup je ne vois plus vraiment la connexion …

Tof : Alison, tu es apparue dans la série L World, et il est indéniable que tu sois une icône gay … Pourquoi à ton avis ? Parce que sur scène tu as souvent un jeu assez sexe et provoquant ?
Alison Goldfrapp : [Rires] Je ne sais pas. C’est vrai qu’on a pas mal de fans chez les gay. Je pense qu’ils vivent et comprennent la musique de manière traditionnelle …. Ils sont libres et pas coincés, aussi bien au niveau sexe, qu’au niveau de l’expression. Peut-être que lorsque tu es gay tu te dois d’être à la fois attentif à toi-même et attentif aux autres. Il faut t’accepter toi-même tout en ayant un grand sens de l’autodérision. C’est probablement ce qui nous rapproche !

Tof : Pourriez-vous vous impliquer dans la lutte pour les droits des homosexuels, comme le fait Lady Gaga par exemple ?
Alison Goldfrapp : Lady Gaga vraiment? Que fait-elle au juste pour les droits des homosexuels ? [Incrédule] Hmmm je n’aime pas beaucoup commenter ou donner une opinion là-dessus … Tu sais je n’ai jamais participé à une marche des fiertés, et pour moi le terme de « Gay Pride » englobe beaucoup plus de choses que le simple fait de défiler.
Will Gregory : Pour ma part je me sens concerné bien sûr, mais à vrai dire je n’y fais pas plus attention que ça …

Tof : Dites-moi, dans l’imagerie de Goldfrapp il y a beaucoup d’êtres hybrides, mi-animal, mi-humain … Vous pouvez m’expliquer le concept ?
Alison Goldfrapp : Traditionnellement nous avons toujours exprimé des idées à propos de nous-mêmes et de notre propre image, à travers des histoires d’animaux ou d’enfants. L’homme et l’animal ont beaucoup de points communs. L’homme a toujours été fasciné par l’animal, depuis les peintures de l’âge des cavernes. Il veut parfois être un animal, tandis que, dans l’autre sens, on aime souvent humaniser, personnifier un animal …
Will Gregory : Ca a aussi à voir avec la magie … Ca veut dire que lorsque tu essaies de faire en sorte que quelque chose arrive à travers un événement associé à un symbole, et bien il y a des chances pour que ça se concrétise !
Alison Goldfrapp : Pour moi c’est une façon de symboliser la part de connu et la part d’inconnu qui existe dans la personnalité d’un être humain. Visuellement ça peut aussi bien être fantastique, qu’ amusant ou même inquiétant ! C’est une façon de parler de notre côté sombre, tu sais toutes ces choses qui sont cachées là dans notre culture !

Tof : Pouvez-vous me parler du premier single « Rocket » ? Est-ce que vous vous souvenez du moment où cette chanson est née ?
Alison Goldfrapp : En fait il s’agit d’une chanson qui parle juste de mettre une personne sur un missile et de s’en débarasser ! C’est le meilleur moyen de virer les mauvaises choses de sa vie. C’est aussi une sorte de fantasme pour tous ceux qui ont des soucis … Il suffit de les envoyer dans l’espace et ne plus jamais en entendre parler ! [Rires]

Tof : Je trouve que ce titre, et même l’album dans son intégralité, sont très influencés par le producteur des années 80 Giorgio Moroder. Si je dis qu’il sonne un peu comme du Abba, est-ce que vous le prenez comme un compliment ?
Alison Goldrfrapp : Oui bien sûr, complètement ! On adore Abba, ils ont écrit des chansons incroyables !



Tof : Dans ce que vous faites, absolument rien n’échappe à votre contrôle. Est-ce que ça va jusqu’à la réalisation des vidéo-clips ?
Alison Goldfrapp : On a eu l’idée pour le clip de « Rocket », mais ce n’a pas toujours été le cas auparavant. Ca dépend du réalisateur à vrai dire ! Beaucoup de directeurs ne se sentent pas à l’aise lorsqu’on leur fait des propositions d’idées. mais c’est vrai que pour ce qui est de l’artwork, ou des costumes, beaucoup de choses viennent de nous … Ce clip a été très amusant à tourner en tout cas … On a voulu quelque chose qui fasse penser aux films et aux cartoons, avec des paysages fantastiques. Et puis mon dieu j’ai dû conduire un camion ! Toute une aventure !

Tof : Alison, j’ai été surpris d’apprendre que tu as déclaré détester les années 80, alors que je trouve que votre musique est bourrées de références à cette période …
Alison Goldfrapp : [Eclats de Rire] Tu sais nous sommes une contradiction massive !

Tof : Beaucoup de disques sont maintenant vendus en partenariat avec des compagnies de téléphonie mobile. Est-ce que ce n’est pas mauvais pour l’image de la musique, est-ce que ça ne la rend pas encore plus un produit commercial ?

Will Gregory : Oui je vois ce que tu veux dire. Tu te demandes si les campagnes marketing ne déprécient pas la valeur artistique d’une oeuvre… Mais je ne pense pas que ce soit un problème. Le branding a toujours existé. Et puis crois-moi, la réalisation des vidéos est très chère et on est toujours contents d’avoir un support de la part d’une marque pour pouvoir concrétiser ce projet créatif … Quequefois la moitié du prix que coûte une vidéo, est payée par le simple fait qu’une bouteille de boisson y apparaisse durant un plan … Je ne pense pas que ça dévalue le coté artistique de la vidéo pour autant …

Alison Goldfrapp : Je pense que c’est comme ça que les choses se font et c’est devenu banal désormais. Les jeunes n’y font pas vraiment attention.



Tof : Quand pourrons-nous vous voir en concert en France ?

Will Gregory : Il y a de grandes chances pour que vous nous voyiez en concert lors de festivals, probablement en Automne, et nous allons faire quelques show télé cet été également …

On attend donc cette nouvelle prestation live avec impatience, sachant qu’un concert de Goldfrapp est toujours riche de surprises visuelles et sonores, ainsi que de moments souvent « hot » ou au moins sensuel, ne serait ce que par la présence d’Alison, de son attitude effrontée, et de sa voix angélique … Le clip de « Rocket » étant à peine sorti, on annonce déjà la sortie du titre « Alive  » comme second single issu de ce nouvel opus … Assorti comme d’habitude de remixes nombreux et variés … De quoi patienter jusqu’aux prochains spectacles !

EN SAVOIR PLUS : http://www.goldfrapp.com/
La chronique-CitéGAY de « Head First »

VIDEO PLUS : Rocket (Son : Penguin Remix) :

Copyright photos : Serge Leblon





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