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Hélène Ségara :  »beaucoup de jeunes fans m’ont dit qu’ils avaient réussi à faire leur coming out grâce à moi »

Elle tu l’aimes ! Et probablement qu’à ton goût il y a même trop de gens qui l’aiment, puisqu’il s’agit sans doute d’une des chanteuses préférées des français. Pas la peine de faire durer le suspense, si je suis en train de faire les cent pas dans le hall de cet hôtel, c’est pour une rencontre avec Hélène Ségara, à l’occasion de la sortie de son nouvel album « Mon pays c’est la terre ». Dans une pièce voisine j’entends un peu d’animation et tends l’oreille. « Non non c’est à l’opposé qu’elle va te recevoir » me dit son attachée de presse. Quelques minutes plus tard je découvre notre belle Hélène, toute douce et toute souriante, assise sur un divan disposé à côté d’un beau feu de cheminée. Une interview pleine d’humanité et de passion va pouvoir commencer …

Tof : Bonjour Hélène, ton nouvel album, qui réunit des adaptations de chansons de plusieurs pays, est magnifique. Dis-moi, d’où vient cette idée ?

Hélène Ségara : Merci ! Et bien écoute c’est une très vieille envie puisque bien avant d’être connue je chantais déjà en 7 langues, et qu’on avait jamais depuis exploité cette facette importante de mon travail d’artiste. Ensuite dans l’année qui vient de s’écouler je suis souvent partie chanter à l’étranger, notamment en Algérie, en Russie etc… et quand je suis rentrée je me suis dit « Bon allez maintenant j’ai vraiment envie de faire un disque qui parle d’unité et qui montre que la musique n’a pas de frontières ».

Tof : Est-ce que c’est une manière de s’engager ?

Hélène Ségara : En tout cas de proclamer l’unité du genre humain ça c’est sûr ! C’est tout le contraire d’un album fachiste évidemment ! [Rires] Il va plutôt inciter à aller vers l’autre que l’inverse …

Tof : Mettre sur pieds un projet pareil doit représenter une grosse entreprise… Comment as-tu procédé ?

Hélène Ségara : Il y a eu trois étapes de travail important. Tout d’abord j’ai dû sélectionner les morceaux qui me tenaient à coeur, pour chaque pays. Ensuite parmi cette sélection globale, il a fallu à chaque fois choisir la chanson qui m’allait le mieux. Evidemment j’ai dû en supprimer parce qu’on avait déjà 16 plages musicales. J’ai privilégié les titres que je préférais. La deuxième étape a été l’adaptation en français. En fait à la base, je pensais chanter dans toutes les langues, et c’est ce que je ferai sûrement en tournée dans chaque pays, mais pour des raisons de quota, de diffusion et puis aussi pour le public français, l’adaptation était nécessaire. Quand j’ai vu que certaines traductions que j’avais demandées n’avaient rien à voir avec la choucroute, j’ai décidé de les réadapter moi-même en français, en me donnant en plus l’impératif de m’adapter à la phonétique de chaque pays, pour ne pas perdre la musicalité des mots. Du coup j’étais un peu plus limitée dans mon choix et dans mon écriture. La troisième étape, très importante, a été la réalisation, qu’on a faite à 3, avec Mathieu mon mari, et Fred Helbert l’arrangeur. Moi je savais vraiment où je voulais aller : je ne voulais pas une reprise de plus, mais vraiment qu’on redécouvre le morceau, qu’on le revisite, bref que ce soit une création ! Ca a été un gros travail. Ensuite, j’ai fait appel à des instruments assez symboliques, que j’avais envie d’entendre. par exemple sur la chanson arménienne, cette flûte s’appelle un doudouk. On a aussi utilisé tout un orchestre de cordes, des instruments typiques et puis les instruments habituels (guitares, batterie etc …) L’album a été réalisé entre Paris et le studio ICP en Belgique, parce qu’on avait besoin de beaucoup de place pour les violons… [Sourire]


Tof : Il y a quelque chose de très cinématographique dans cet album. Par moment j’ai pensé à Craig Armstrong et même un peu à la BO de Moulin Rouge

Hélène Ségara : Hooo super ! Et bien merci c’est un beau compliment … Oui le coté cinématographique était voulu … Tu sais que l’arrangeur de la BO de Moulin Rouge était vraiment quelqu’un avec qui j’avais envie de travailler pendant longtemps, mais hélas quand je l’ai contacté pour un album il n’était pas disponible … J’adore son travail !

Tof : Comment as-tu ressenti le fait que ton album précédent ait un peu moins bien fonctionné ?

Hélène Ségara : En fait c’est l’album qui me ressemble le plus, le plus intime. C’est réellement une page de ma vie, sincère parce que je crois que j’aurais été incapable de faire un album moins sombre à l’époque, un album thérapie aussi, mais qui était très personnel. Orlando et moi étions conscients de prendre un risque en allant vers quelque chose de plus pop et de plus surprenant. Nous savions aussi que nous n’allions gagner qu’ un public adulte et perdre pas mal de public enfant. C’est un risque pris et assumé. On en a vendu 200 000 exemplaires, ce qui n’est pas énorme mais ce qui n’est pas non plus honteux. Moi je ne le vis pas comme un échec parce que c’est un album que j’adore et que je continuerai à faire vivre sur scène. Ce qui est certain c’est qu’entre le moment où il a été terminé et la fin de la tournée qui l’a suivi, son « thérapie » avait complètement fonctionné. A partir du moment où j’ai commencé à aller mieux, à faire le deuil et à cicatriser, je me suis dit que je pouvais enfin me tourner à nouveau vers des choses plus solaires et vers les autres. Et donc « Mon Pays c’est la Terre » est né spontanément.

Tof : En tout cas j’ai vu que beaucoup de fans considèrent ton avant-dernier album comme ton meilleur …

Hélène Ségara : Oui tout à fait ! Et même je vais aller plus loin : au niveau des médias et de la presse c’est l’album qui a été le plus encensé. Je m’attendais à ne pas retrouver le public populaire que j’ai habituellement… Et puis il y a des choix que je n’aurais pas fait, comme celui du premier single. J’adore « Méfie-toi de moi », surtout sur scène où elle est super vivante, mais pour mon public, qui ne m’avait pas vu après un break de 3 ans pour me consacrer à mes enfants, la décision de la maison de disques n’était pas très heureux. A l’époque j’étais complètement méconnaissable, autant vocalement que physiquement !

Tof : Te sens-tu prisonnière d’une étiquette ?

Hélène Ségara : Oui forcément ! Mais c’est la France qui est beaucoup comme ça. Malgré tout je ne désespère pas de montrer qu’une étiquette n’a pas qu’une seule couleur …


Tof : Tu n’as jamais eu l’idée d’aller voir un peu à l’étranger pour « tester la différence » ?

Hélène Ségara : Oui et non parce que je ne suis pas assez ambitieuse [Rires]. Je ne me sens pas de m’exiler pendant des mois et des mois par exemple … Je ne me suis pas posé la question en fait, je ne suis pas quelqu’un de stratège artistiquement, mais plutôt impulsive et spontanée.

Tof : « Mon pays c’est la terre » est à la fois un album ouvert sur le monde, mais également avec une part assez autobiographique. Au fil des chansons choisies, on a aussi l’impression de survoler les années 80 …

Hélène Ségara : C’est vrai, il y a par exemple « Asimbonanga« , ou « Im Min Alu », et « Words », la reprise des Christians qui est en fait une chanson irlandaise du 16ème siècle … Ce sont des chansons que j’ai adorées. Et puis lorsque j’ai fait des recherches, je me suis aperçue que beaucoup sont en fait très très anciennes. « Im Min Alu » est par exemple une très très ancienne prière du Yemen…

Tof : Parlons du single « Sodade ». Peux-tu m’en dire plus sur la signification de ce titre ?

Hélène Ségara : C’est l’ivresse de la mélancolie, voilà ! Moi j’ai mis « Désespoir mêlé de joie » parce que pour moi ça exprimait mieux cette idée. C’est-à-dire que par moment tu es super heureux, et puis d’un coup tu te mets à être triste parce que tu y trouves de la profondeur et de l’ivresse. Il y a beaucoup de gens qui ont ce sentiment là…

Tof : Allez je peux bien te le dire ! Moi ça m’a fait un peu sourire car ça m’a fait penser à un sketsch des Robins des Bois, dans lequel on demande à Marina Foïs de mimer l’expression d’une personne qui au même moment apprend qu’elle a gagné au Loto, et que son chien vient de se faire écraser …

Hélène Ségara : [Rire] C’est génial ! Enorme ! Trop fort ! Les Robins des Bois je les adore ce sont des potes à moi … [Rire] C’est un peu ça oui : J’ai gagné au Loto mais mon chien est mort ! En fait quand Cesaria écrit ça, elle a cette phrase qui revient sans arrêt : « Quem mostra’ boEss caminho longe? / Quem mostra’ bo Ess caminho longe? / Ess caminho Pa Sao Tomé » , dans laquelle elle exprime sa nostalgie lorsqu’elle n’est plus chez elle à St Nicolas. Moi évidemment je ne pouvais pas parler de St Nicolas puisque je ne suis pas de là-bas, et j’ai donc cherché une phrase qui vraiment avait la même sonorité, qui aille dans le sens de mon album, et qui ait aussi cette même innocence, comme si un enfant demandait « Qu’est-ce qu’on va faire avec ce monde ? ». J’ai aussi tenu à garder ce terme de Sodade, que je trouve très beau. Pourquoi l’expression « désespoir mélé de joie » ? Parce que je suis quelqu’un qui est toujours émerveillé par la nature, ce qu’on nous a donné, et désespéré par ce qu’on est en train d’en faire, par les comportements de chacun, y compris de moi-même. C’est une chanson à la fois légère et puis quand même qui nous interpelle. On l’a tous choisie en premier single parce qu’elle est très solaire et je crois qu’on en a bien besoin en ce moment.


Tof : Est-ce que tu es une maman relativement inquiète pour ses enfants, et le monde qu’on leur prépare ?

Hélène Ségara : Oui tout à fait. Ne pas l’être ce serait être aveugle, sourd, inconscient … Je crois qu’on est obligés de se questionner sur ce qui va se passer. J’ai 3 enfants et le fait de leur avoir donné une vie est une vraie responsabilité. Il ne suffit pas de les avoir mis au monde justement, après il faut aussi les accompagner pour qu’ils soient le plus heureux possible. Ce que la société va devenir, ça ne dépend pas de moi… Disons que ne suis qu’ une « goutte » parmi tant d’autres …

Tof : Penses-tu que des grands événements comme le Live 8, le méga concert organisé pour sensibiliser aux problèmes de l’environnement, ont une réelle utilité ?

Hélène Ségara : Toute bonne énergie et toute bonne volonté sont bonnes à prendre. Vraiment il y a des gens désintéressés et qui méritent d’être entendus pour ce qu’ils défendent … Et je crois au nombre. Par exemple tu as George Clooney qui a eu une démarche magnifique par rapport au Darfour, avec son documentaire. J’en suis très admirative, mais il faut aussi que beaucoup de gens se lèvent en même temps et disent « On est là ! » Mine de rien, si notre pays est devenu une république c’est parce qu’un jour les gens sont descendus dans la rue et par l’unité ont fait une force …

Tof : Est-ce que les chansons que tu as choisies sont aussi des souvenirs de voyages ?

Hélène Ségara : Et bien oui écoute, pour la Russie c’est le cas. Cet album est un peu le carnet de route d’une fille qui a vu quelques pays -pas tous évidemment même si j’aimerais beaucoup- et qui dit « je ramène un petit souvenir que je vais échanger et partager » . Et puis mon but sur la tournée, c’est vraiment pendant deux heures de faire faire au public un voyage virtuel … C’est un gros travail ! [Sourire]

Tof : Je suppose que la décision de chanter en arménien a été déclenchée par le concert que tu as fait dans ce pays avec Charles Aznavour …

Hélène Ségara : Ca a été un énorme déclic ! D’abord parce que ma maman n’y avait pas beaucoup de famille mais que petit à petit on en a retrouvé, et puis ça a été très fort émotionnellement. Depuis je me suis promise d’y retourner et j’ai créé plein de liens avec des arméniens. C’est là que Charles Aznavour m’a fait découvrir la chanson intitulée « Dele Yaman ». Un homme me l’a chantée accapella, ce qui m’a complètement bouleversé. Quand je suis revenue en France je l’ai cherchée partout jusqu’à ce que je la trouve. A la base je ne parle pas arménien, sauf quelques formules de politesse, mais en la chantant, j’ai senti que la langue était en moi. C’est venu tout naturellement !

Tof : On a le sentiment que cet album a aussi un peu l’ambition de réconcilier les cultures, les religions. On pense à la tour de Babel …

Hélène Ségara : C’est marrant que tu me dises ça car en fait ce disque a failli s’appeller « Tour de Babel ». C’était en tout cas son nom au début du projet … Oui évidemment, d’ailleurs tu as dû le remarquer j’y chante une chanson en arabe et une autre en hébreu parce que je ne voulais pas qu’il y ait une de ces deux cultures qui se sente négligée ou oubliée. Pour moi ce sont deux cultures très fortes qui malheureusement s’affrontent, mais je ne désespère pas de voir un jour la hache de guerre enterrée … C’est la volonté de beaucoup mais hélas c’est surtout à cause d’une minorité qu’on en est là …

Tof : Dis-moi, est-ce que tu sais pourquoi tu es une icône gay ?

Hélène Ségara : En fait je ne savais pas et puis j’ai commencé à tiquer lorsque beaucoup de jeunes fans m’ont dit qu’ils ont réussi à faire leur coming-out grâce à moi. J’ai eu par exemple des fillles qui sont venues me trouver à la fin d’un concert, pour me dire qu’elles avaient l’intention de mettre leur famille au courant et me demander conseil, du genre : « Je ne l’ai pas encore dit à mes parents, qu’est-ce que t’en penses ? » Je répondais qu’il était temps mais que ce n’est pas quelque chose de facile. J’essaie d’imaginer qu’il y a plusieurs raisons : d’abord ma féminité : J’ai beaucoup beaucoup de gays autour de moi, et ils ont une très belle image de la femme et de la féminité … J’en ai un exemple magnifique avec Orlando et bien sûr sa soeur Dalida. Je crois qu’il n’ y a personne qui aime les femmes comme lui ! Ensuite je crois que je suis sensible et que c’est un point commun avec beaucoup de mes amis gays. C’est quelque chose que j’aime beaucoup chez eux, ainsi que cette féminité qu’ils ne dissimulent pas. Je peux même te dire que ce qui m’a plu en mon mari c’est qu’il n’est pas que dans sa virilité, il assume aussi sa part de féminité et de sensibilité, et je trouve ça magnifique. Je crois qu’on devrait tous assumer notre ying et notre yang pour être bien équilibrés. La troisième chose peut-être c’est peut-être mon coté maternel. En tout cas ce n’est pas que dans mon public je peux te dire. Je suis cernée quoi ! [Rires]


Tof : Est-ce que tu te sens concernée par les préoccupations des homosexuel(le)s, adoption, mariage ?

Hélène Ségara : J’ai beaucoup de discussions avec mes amis gays à ce sujet, et puis par ailleurs je suis marraine d’une association qui s’appelle « espace adoption » … Au départ je n’étais pas convaincue surtout parce que je n’avais pas beaucoup d’exemples de stabilité au niveau des couples gays qui m’entourent. Mai j’en connais au moins un, très fort, qui est vraiment un beau couple depuis 15 ans et je comprends vraiment qu’ils aient un désir d’enfant aujourd’hui, d’ailleurs mon fils part souvent en vacances avec eux. C’est une étape hyper importante dans leur couple. Je pense que quand les rôles sont pris au sérieux ce n’est pas un problème. Après il faut bien les définir et surtout ne pas mentir à l’enfant. Les identités masculine et féminine existent aussi dans le couple gay. Coté mariage, je n’ai vraiment aucun apriori. Autant l’adoption est un sujet délicat qu’il ne faut pas prendre à la légère parce que ça implique l’équilibre d’un enfant, autant je suis complètement pour le mariage ! Qu’est-ce que ça peut faire ? Pourquoi deux personnes qui s’aiment, même du même sexe, n’auraient pas le droit de se marier devant Dieu ? Et puis surtout c’est une hypocrisie totale de la part de l’Eglise, où on trouve quand même beaucoup d’homosexuels …

Tof : En Amérique Cyndi Lauper a créé un concert annuel pour réunir des fonds en faveur de la cause des homosexuel(le)s. Toi qui t’investis aux cotés de nombreuses associations, est-ce que tu crois que ce genre de concept pourrait être applicable en France ?

Hélène Ségara : Hmmm, je ne sais pas si on est prêts mais je trouve que l’évolution est formidable. J’ai des exemples autour de moi de personnes qui ne sont pas de notre génération, qui ont dissimulé leur « préférence » toute leur vie, et qui ont été très malheureux. L’évolution existe et de plus en plus de personnes revendiquent et assument, ce qui est très important. Assumer c’est la clef de l’équilibre d’une personne. Je pense qu’il y a encore des choses à faire. Ca prendra encore un peu de temps mais il faut de toutes façons avancer. Je vais te raconter une petite anecdote … J’ai le fils d’une amie à qui il est arrivé quelque chose de terrible. A 15 ans il s’est fait violé et kidnappé à Dubaï l’année dernière, c’était vraiment un gros drâme. Mon amie m’a demandé d’intervenir médiatiquement. A l’époque on m’avait demandé d’aller chanter à Dubaï et j’ai tout annulé. C’était au moment où l’AmFAR (fondation américaine pour la recherche contre le SIDA; ndlr) devait s’y rendre avec Sharon Stone, pour un grand gala. Elle a annulé aussi et j’ai trouvé formidable que de cette façon elle nous soutienne. C’est une affaire qui a fait beaucoup de bruit. Quand le viol a eu lieu et qu’il s’est rendu au poste de police – et je peux te dire que ce qu’il avait subi était extrêmement violent – ils ont nié la chose en disant que là-bas l’homosexualité et le viol n’existaient pas, et donc Alex n’a pas eu de trithérapie d’urgence. On s’est battus pendant plus d’un an. Aujourd’hui à cause de cette affaire, il va y avoir un centre à Dubaï pour les victimes. Le pire dans cette histoire, c’est qu’ils ont accusé le fils de mon amie d’homosexualité, et d’avoir tout inventé, avec le risque d’une peine de un mois de prison. Aujourd’hui l’homosexualité va être reconnue ainsi que le viol et il y a un centre qui va donner la trithérapie d’urgence là-bas. Tu imagines à quel point il faut bouger pour arriver à ça ! On a dû faire bouger le monde entier ! Dans son grand désespoir, Alex allait finalement sauver des vies. Tu vois quand le coté médiatique d’une association peut bouger les choses à ce point là, je trouve ça vraiment très très important. Il y a quand même encore des pays où l’homosexualité est niée et carrément punie, ce que je trouve très grave ! Ne parlons pas de ce qui se passe en Iran et de l’Irak, souvent des pays musulmans où malgré tout l’homosexualité est largement présente … Toute cette hypocrisie vient souvent de l’homme, qui ne veut pas assumer ses penchants, plus que de la femme.

Tof : Revenons à ton album … Peux-tu me parler de cette superbe pochette ?

Hélène Ségara : Merci pour le compliment. Tout le crédit et les félicitations reviennent à une photographe de mode qui s’appelle régine Mahaux. Je te conseille d’ailleurs d’aller visiter son site regine-mahaux.com . C’est une photographe qui fait beaucoup de mode, beaucoup de concepts de pub. J’ai eu la chance de la rencontrer. Elle a une personnalité très humaine, formidablement ouverte. Je lui ai expliqué le concept de mon album en lui expliquant « voila, mon pays c’est la terre, qu’est-ce qu’on peut faire avec ça ? » Et elle m’a amené ce superbe projet avec cette matière qui se met autour de moi et prend la forme d’une planète. C’est un peu un foetus en même temps. J’ai adoré l’idée d« être au coeur du monde » … Le clip quant à lui a été fait par Eric Poulet, qui avait notamment réalisé « Châtelet- Les Halles » de Florent Pagny, « Rue de la paix » de Zazie, des projets à chaque fois très pointus. Et c’est marrant parce que cette fois-ci on a décidé d’aller aux antipodes de mon image et de la pochette. On est allés au Cap-Vert pour tourner quelque chose de très brut, là où il n’y avait ni eau potable ni électricité. Je me suis retrouvée avec des jeunes dans la rue, et c’est fou le Cap-Vert, parce qu’ils n’ont pas grand chose mais ils donnent tout! Au début on avait scénarisé un clip et finalement on a eu tellement de rencontres et de moments incroyables, que le clip est le résultat de ces instants improvisés.

Tof : Tu n’as jamais voulu faire du cinéma ?

Hélène Ségara : Si bien sûr on m’a fait des propositions, dont la première au moment où j’étais Esmeralda dans Notre Dame de Paris. Il y a des américains qui sont venus, et ils ont voulu que je passe un bout d’essai, pour lequel je devais être en guêpières et porte-jaretelles, ce qui m’a extrêmement gênée … En plus il fallait que je me jette sur un mec, enfin tu imagines ! [Rires] Finalement j’ai préféré renoncer en me disant que je serais ridicule. Et bien figure-toi que c’était pour Moulin Rouge ! [Rires] Bon je n’ai aucun regret parce que Nicole Kidman est magnifique dans ce film, mais j’ai gardé précieusement tout ce qu’ils m’avaient envoyé. C’était très amusant car j’ai vu la scène que je devais jouer dans le film et je me suis tout de suite dit « Hola j’aurais été minable ». Et puis effectivement c’est clair que je regrette un peu de ne pas avoir pu donner la réplique à Ewan Mc Gregor. Par la suite, j’ai reçu d’autres propositions, très souvent ne me correspondant pas du tout. Des rôles de chanteuse par exemple et donc je ne voyais pas beaucoup l’intérêt! La seule chose qu’on m’a proposé il y a un peu plus d’un an et qui m’intéressait, c’était de jouer Marie-Antoinette pour un très beau téléfilm. J’avais accepté mais malheureusement le projet n’a pas abouti. Ca m’avait beaucoup intéressé parce que ça parlait surtout de la période où elle est arrêtée et faite prisonnière. La version de Sofia Ford Coppola est magnifique, très esthétique, mais on ne voit pas ce qui se passe après, pour elle et ses enfants. Là au contraire on s’intéressait à cette période, avec des flashback des moments fast, jusqu’à son exécution.

Tof : Quels sont tes projets maintenant ?

Hélène Ségara : Une grosse tournée qui a débuté à l’Olympia les 22 et 23 Novembre, avec une partie à l’étranger début 2009, et ensuite on revient en France …

Merci pour ce tête à tête très agréable et qui montre à quel point tu es à l’écoute de ton public et plus généralement des personnes de ton entourage. Nous répondrons sans aucun doute présents lors de tes prochains concerts. On imagine qu’ils seront en tout cas emprunts d’une grande sincérité et d’une grande poésie, tout comme ce nouvel album magnifique. A bientôt sur les routes de France et de Navarre !

N’oublie pas de visiter :

http://lnsegara.artistes.universalmusic.fr

http://www.myspace.com/helenesegaraofficiel


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