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Alphabeat : Notre chanson  »Boyfriend » raconte l’histoire d’un couple lesbien

Un vent de folie semble souffler actuellement sur le petit monde de la pop music, et ce n’est sûrement pas nous qui allons nous en plaindre. Avec l’apparition des premiers rayons du soleil on assiste à l’éclosion de groupes colorés, survitaminés et montés sur ressorts, qui ne semblent avoir qu’une idée en tête : Nous faire danser jusqu’au bout de la nuit ! Le dernier en date, avec lequel j’ai rendez-vous aujourd’hui, est composé d’une bande de six joyeux drilles danois, avec l’allure d’une mini-classe de colonie de vacances, mais néanmoins dotée du fabuleux potentiel d’un big band qui ne laisse rien au hasard. 5 garçons, 1 fille, plusieurs possibilités de tubes, c’est ce que nous proposent Alphabeat, dignes héritiers de Wham! et B52’s, grâce à des mélodies accrocheuses, et des riffs de guitare savamment dosés. Au lendemain de leur show-case parisien, où ils ont cassé la baraque, les voilà installés à une table ronde, sur la pelouse centrale des locaux EMI. Je prends place face à eux, et profite de la douce chaleur de l’atmosphère. On se sert un verre de soda, l’interview peut commencer …

Tof : Hello les garçons (et la fille), avant tout, pouvez-vous présenter le groupe et nous dire comment vous vous êtes rencontrés ?

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : Ok, et bien nous nous sommes tout simplement rencontrés en classe musicale il y a 6 ans et comme on s’entendait bien on s’est dit que ce serait une bonne idée de former un groupe … Ensuite j’ai rencontré Anders B, le guitariste. Pour la petite histoire il y a trois Anders en fait au sein d’Alphabeat : Le chanteur Anders SG, Anders Reinholdt, le bassiste et Anders B, le guitariste. Au départ nous étions plutôt orientés rock, et puis quand Rasmus (clavier) et Stine (voix féminine) nous ont rejoints, notre musique est devenue plus pop.

Anders B (Guitariste – Alphabeat) : Oui en fait si on fait le compte, le groupe a réellement commencé à exister il y a 5 ans. Nous avons commencé à jouer dans des concerts et petit à petit nous avons eu une petite notoriété dans notre petite ville de Silkeborg, l’équivalent de la Motown au Danemark … Il y a 3 ans et demi, nous avons été signés par un petit label danois, puis nous avons enregistré notre premier album il y a 2 ans. Celui-ci est sorti l’an dernier, et nous avons ensuite signé chez EMI. Notre album devrait maintenant sortir au Japon, en Australie, etc … Et oui il s’en est passé des choses ! [Sourire]

Tof : J’ai vu que plusieurs maisons de disques se sont littéralement battues pour vous signer. Comment avez-vous finalement choisi EMI ?

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : Nous avons joué en show-case à Londres il y a un an, et c’est vrai qu’à cette occasion il y a eu une véritable petite guerre entre les labels. Ensuite nous les avons rencontrés chacun séparément plusieurs fois de suite. Nous avons choisi EMI car nous avons senti qu’ils avaient vraiment beaucoup de bonnes idées, qu’ils s’impliqueraient avec nous et nous aideraient à faire exactement ce que nous voulions.


Tof : Que vouliez-vous exprimer avec votre musique au juste ?

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : Tu sais nous vivons ensemble depuis 5 ans donc nous avons vraiment une idée très précise de ce que nous aimons et de ce que nous voulons. On est sans arrêt en train d’écrire et de développer de nouvelles choses. A part ça, nous faisons simplement de la pop music. En live, on est là pour montrer qu’on est un vrai groupe, pas un produit manufacturé, ou un « boys band avec une chanteuse » [Rires]. Nous ne sommes définitivement pas les Spice Girls [Rires], ne serait-ce que parce que nous écrivons nous-mêmes nos chansons …

Tof : Vous ne les aimez pas beaucoup les Spice Girls, je me trompe ?

Anders B (Guitariste – Alphabeat) : Ho on les déteste ! [Rires] En fait on nous a invité à faire leur première partie, pour la fameuse « tournée de reformation », et nous avons refusé ! Nous ne voulons pas que notre groupe ait quoique ce soit à voir avec elles. Et puis d’ailleurs elles sont à nouveau séparées, donc c’est plutôt bien comme ça ! [Rires]

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : Jusqu’ici nous avons joué trois fois en Angleterre depuis Novembre 2007, et nous repartons actuellement en tournée en espérant passer par la France. Tous les concerts en Angleterre sont sold out. Tu vois donc qu’on n’a pas besoin des Spice Girls pour que tout aille bien ! [Rires] En fait nous sommes déjà en position de pouvoir choisir nous-mêmes une première partie [Sourire]

Tof : On parle de vous comme le meilleur groupe scandinave depuis Abba … J’imagine que c’est flatteur, mais que pensez-vous de la connotation eurovision qui va avec ?

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : C’est le fameux magazine musical britannique NME, qui nous a appelé comme ça et ça nous a bien entendu fait énormément plaisir. Le journaliste a dû écrire qu’on était les nouveaux Abba, ou plutôt la meilleure chose venue de Scandinavie depuis Abba. C’est vrai, aujourd’hui personne ne peut démentir à quel point ce groupe est immense, et avec un tel sens des mélodies ! Le concours Eurovision a peut-être été une bonne chose à ses débuts mais aujourd’hui ce n’est plus vraiment le cas. On s’en fiche un peu à vrai dire. Tu ne nous verras jamais y participer de toutes façons ! [Sourire]


Tof : Reparlons de cet album This Is Alphabeat , je crois savoir qu’il s’agit d’une version totalement retravaillée de l’album que vous aviez déjà sorti au Danemark …

Anders R (Bassiste – Alphabeat) : En fait l’album est sorti il y a un an au Danemark, et nous l’avons joué déjà une centaine de fois dans notre pays. Tout naturellement, nous avons réarrangé et produit de façon différente certains de nos morceaux. Pour cela nous avons travaillé ensemble avec un producteur nommé Mike Spencer.

Tof : Mais alors vous n’avez pas travaillé avec Nile Rodgers comme annoncé dans votre biographie ?

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : Non, non… Beaucoup croient qu’on a travaillé avec Nile Rodgers (Chic, Bowie; Ndlr) mais c’est parce que notre biographie dit que notre son pourrait être le fruit du mélange entre le son de Nile et celui des B52’s. C’est une influence certaine, et le jeu de guitare, le côté funky de certains de nos titres peuvent le rappeler par moment, mais nous ne l’avons hélas pas rencontré. Quand nous avons pensé à la manière dont devait sonner cet album nous avons tout de suite voulu, en terme de production, qu’il sonne comme Nile Rodgers. Nous voulions des références à la musique de la fin des années 70, et au début des années 80 …

Tof : C’est pour motiver votre créativité que vous vivez tous ensemble dans une maison à Londres ?

Anders R (Bassiste – Alphabeat) : Ca a été une étape naturelle lorsque nous avons déménagé. C’était tout simplement plus facile et moins cher de trouver une maison pour nous six. Nous avons commencé à habiter ensemble, mais on était situés un peu loin du centre. On a encore une fois déménagé pour nous rapprocher du centre, et maintenant on est trois dans une maison et trois dans une autre. Mais on est toujours voisins et on est de toutes manières toujours fourrés ensemble, exactement comme une petite famille. On connaît des hauts et des bas, mais heureusement beaucoup plus de hauts ! [Rires]


Tof : Comment fonctionnez-vous au niveau du processus créatif ?

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : En fait c’est Anders B, le guitariste, qui écrit la plupart des textes, et propose les mélodies. Ensuite nous allons tous en studio pour répéter, et nous voyons ensemble ce qui peut être amélioré et modifié. Les Beatles devaient travailler un peu de la même manière il me semble. Lennon ou Mc Cartney écrivaient la base, puis ils appelaient le reste du groupe en leur lançant « allez les mecs on va essayer de faire quelque chose avec ça » …

Tof : Justement, le nom Alphabeat, est-il un clin d’oeil aux Beatles ?

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : Oh non … The Beatles, c’est un super nom auquel il ne faut pas toucher ! Le groupe s’appelle Alphabeat parce que ce terme englobe des tas de références. Tu vois, depuis tout petit, tout le monde sait ce que c’est que l’Alphabet … Il y a aussi pas mal de choses venues des années 80, qui y font référence. On pense par exemple au titre « ABC », des Jackson Five, ou encore à Prince, qui a fait l’album et la chanson « Alphabet Street ». Voila pourquoi on a décidé de s’appeler Alphabeat

Tof : Vous avez l’habitude de reprendre « Digital Love » de Daft Punk, en concert … Que représente ce groupe pour vous et connaissez-vous d’autres artistes français ?

Anders B (Guitariste – Alphabeat) : On connaît aussi Justice et puis Yelle ! On adore Daft Punk, et pour nous « Digital Love » est vraiment une très très belle pop song. La mélodie est totalement imparable. Nous avons l’habitude de faire régulièrement des reprises, notamment du premier album des Rolling Stones ou de David Bowie, qui est aussi une grande influence. Tout le monde en Angleterre fait des reprises, et pour nous c’est tout naturel de faire nos propres covers en anglais voilà tout.

Tof : Globalement vos chansons sont plutôt légères, mais semblent aussi vouloir aborder des sujets un peu plus sérieux … De quoi parle la chanson « What Is Happening » par exemple ?

Anders B (Guitariste – Alphabeat) : Cela parle de quelqu’un de démissionnaire, qui n’a pas grand chose à faire et qui donc passe tout son temps dehors, en clubs. La chanson prend un peu la tournure d’une tragédie, parce que le copain de cette personne lui dit « ne sors pas parce que j’ai vraiment besoin de toi là avec moi ». A la base ça reste une chanson d’amour. En fait nous avons vraiment cherché à faire un bon album de pop, et la base de la pop, c’est à la fois une bonne mélodie et le fait de raconter de bonnes histoires. Le titre « Fascination », par exemple, parle du sentiment de faire les choses pour la première fois, d’essayer de nouvelles choses. Ensuite tu as le titre« Rubber Boots », qui a un double sens. Il parle de se protéger de la pluie avec un coupevent, mais en même temps c’est un message safesex, qui dit qu’il faut toujours se protéger. Le fait de pouvoir jouer avec l’imagination, c’est un truc que nous aimons beaucoup avec la pop.


Tof : Ca tombe bien cette chanson est ma préférée, je trouve qu’elle a queqlue chose du son des Scissor Sisters …

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : Oh merci ! On préfère nettement être comparés aux Scissor Sisters qu’à Mika ! [Rires]

Tof : Mais alors, Anders B, peux-tu m’en dire un peu plus sur la chanson « Boyfriend » ?
Anders B (Guitariste – Alphabeat) :
Hmmm, en fait cette chanson parle d’un couple lesbien. As-tu vu le film suédois « Fucking Hamal » ? A la fin de ce film, les deux filles se retrouvent dans les toilettes, et elles n’ont dit à personne à l’école qu’elles étaient lesbiennes. C’est une sorte de coming out, et c’est à ce moment qu’elles se prennent la main pour se dire « Tu es ma copine ». Une manière de dire « Ne la touchez pas, c’est ma girlfriend ». En fait si on y réfléchit bien, toutes nos chansons sont faites pour que chacun assume ce qu’il est, dans une parfaite harmonie. « Ne vous rendez pas triste pour rien, vivez juste votre vie », tout simplement …

Tof : Ok, avez-vous déjà eu l’occasion de jouer à une gay pride, et est-ce que vous seriez partants ?

Anders R (Bassiste – Alphabeat) : Franchement un des concerts les plus mémorables que nous ayons donnés, a eu lieu dans un club gay ! On aime beaucoup le sens de la fête et l’enthousiasme dont font toujours preuve les homosexuels ! Ils sont toujours beaucoup plus ouverts d’esprit au niveau de la musique, ils aiment danser, ils se fichent de ce que les autres vont penser d’eux. Ils s’éclatent tout simplement ! [Rires]

Tof : J’ai personnellement une certaine image du scandinave, avec une hygiène de vie très saine si vous voyez ce que je veux dire. Est-ce que c’est compatible avec la vie de pop-star à laquelle vous vous attaquez ?

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : Oh tu veux savoir si nous allons sombrer dans le sexe, la drogue et le rock n’ roll ? [Rires] Non en fait nous sommes vraiment très proches les uns des autres. Nous passons vraiment tout notre temps ensemble et nous nous amusons bien comme ça, et du coup on se supporte chacun. On sait qu’on peut compter les uns sur les autres et que du fait de notre relation forte, nous pourrons garder notre hygiène de vie intacte. C’est beaucoup mieux que de se droguer non ? [Rires] Non on est tout à fait conscients d’évoluer dans un milieu où il faut être très vigilent. Ne t’inquiète pas : Nous serons forts !

Tof : Et alors quand pourrons-nous vous applaudir en France ?

Troels Hansen (Batteur – Alphabeat) : Probablement cet été, mais pour le moment rien n’est encore confirmé … Il y a une grande salle où Mika a joué à Paris, et où nous allons aussi probablement jouer cette année. On n’a encore rien décidé et on ne sait même pas encore à quoi ressemblera le show, même si on sait qu’on va probablement faire des reprises et des versions plus longues de nos titres. En fait on prend les choses très relax, et on attend simplement le prochain concert comme un show de plus avec tout l’amusement qui va avec ! Ce qui nous plaît vraiment c’est avant tout de communiquer beaucoup d’énergie. En fait on est comme ça dans la vie, très cools, et puis d’un seul coup on sort les instruments et c’est parti ! Même si on est très fatigués par les soundchecks, les interviews etc, il y a toujours un moment où, comme par magie on se réveille tout ensemble, et on assure le show ! [Rires]

Et bien on a hâte de voir votre talent se décupler sur une vraie scène à la hauteur de votre énergie débordante. Même si l’espace dédié à votre show-case était plutôt limité, on a déjà pu apprécier à quel point vous savez mettre le feu ! Votre nom est déjà sur toutes les lèvres en Angleterre, et il commence à circuler un peu partout ailleurs. On vous dit à bientôt sur les routes de France et on vous souhaite énormément de succès !







17/06/2008 Themes Culture Interview TOF

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