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Nathan : Je n’existe vraiment que sur scène

Cela ne t’a sans doute pas échappé si tu lis régulièrement la rubrique musicale de CitéGay, ici on parle aussi bien des artistes confirmés au niveau national et international, que des artistes à découvrir, sur le point d’exploser artistiquement, et qui partage en tout cas deux mêmes points communs : le talent et la sincérité. Nathan, avec déjà plusieurs concerts à son actif, et une expérience de dix ans sur les planches du théâtre, fait forcément partie de ces nouveaux artistes à ne pas manquer. A seulement 22 ans il a déjà vécu des tas de moments très forts, puisqu’il a notamment été un des 19 finalistes de l’émission « Popstars : Le Duel » il y a déjà 4 ans. Les périodes d’euphorie et les coups durs ont fait de lui un jeune homme posé, d’une maturité étonnante, et tout à fait déterminé. Nathan est venu nous voir dans les locaux de CitéGay, pour parler de son superbe premier album Que des mots ., dans un genre inattendu et furieusement efficace, qu’il qualifie de pop-rock teenage, et pour lequels il a su s’entourer de belles signatures. Il nous parle de son parcours, de l’album au son quasi-américain, et de son concert qui arrive à grands pas :

Tof : Bonjour Nathan, merci de m’accorder un moment pour parler de ton premier album pop rock intitulé Que des mots … Ca fait déjà un petit moment que tu attendais cela. Ca n’a pas été trop difficile cette longue attente ?
Nathan :
En fait quand je fais le point je me dis que je n’ai peut-être que 22 ans mais j’ai commencé à me produire dans des pubs et des bars très tôt à l’âge de 12 ans, avec d’abord des reprises . Finalement c’est une période jalonnée de différents événements. Longue ? A la fois oui et non car je pense que c’est le parcours véritable d’un artiste. Après c’est sûr qu’il y a des moments qui semblent plutôt longs parce qu’on a tendance a être impatient, mais je pense que j’ai fait mes armes et ça me rend donc plus fort pour ce qui arrive maintenant.

Tof : J’ai lu que tout jeune, tu avais été marqué par la vidéo d’une prestation de Mylène Farmer. Mais à un niveau plus personnel, y a-t-il eu un déclic qui t’a donné envie de faire de la musique ?
Nathan :
Oui bien sûr, en fait pour la petite histoire mon père était adjoint au maire à Lyon et il m’emmenait par goût ou par obligation voir tous les spectacles qu’on donnait au centre culturel. Au retour je poussais les meubles car j’avais besoin de reproduire ce que j’avais vu . Pour moi c’est ça le vrai déclic artistique.


Tof : Ok mais moi ce que j’aimerais savoir, c’est si c’était plutôt un besoin de te démarquer des autres ou peut-être que comme beaucoup d’artistes, tu te sentais différent et tu avais envie d’affirmer cette différence …
Nathan :
Plutôt la deuxième solution en fait. J’ai suivi une scolarité normale mais c’est vrai que quand on est un garçon et qu’on préfère le côté artistique du spectacle au théâtre plutôt que de jouer au foot dans la cour, forcément ça crée une différence. Moi cette différence, je pense que je l’ai plutôt bien vécue. C’est aussi pour ça que j’avais vraiment envie de poursuivre dans cette voie. Il me semble évident que la différence est une chose à cultiver.

Tof : Ta biographie indique aussi le fait que tu cultives l’ambiguïté. C’est-à-dire ?
Nathan :
En fait c’est souvent la presse qui fait la remarque, ou même quand j’ai participé à Popstars à 18 ans. On me disait que j’avais un caractère et une image plutôt ambigus, alors que c’est quelque chose que je ne cultive absolument pas. Quand j’étais plus jeune c’est vrai que j’avais plutôt tendance à être ce qu’on appelle efféminé, plutôt frêle et maniéré. Ca s’est amoindri avec le temps, mais je pense que tout vient de là. On m’a un peu mis cette étiquette, mais ça ne me gêne pas et je l’assume plutôt bien.

Tof : Pour changer si tu veux bien j’aimerais que tu me parles d’abord de Notre Histoire, la toute dernière chanson de l’album, qui est d’ailleurs un titre caché. Pourquoi une chanson sur l’homosexualité et le sida ?
Nathan :
C’est un sujet qui est malheureusement toujours d’actualité, et qui plus est une histoire vécue car il se trouve que j’ai perdu un ami dans ces conditions, et que j’ai dû l’accompagner jusqu’à la fin. J’ai demandé à Marie-Lys Langlois, qui avait déjà écrit mes premières musiques et mes premiers titres, d’écrire sur ce thème, parce que moi je ne m’en sentais pas la force. Pour le coup ce titre est réellement autobiographique.


Tof : Pourquoi signes-tu seulement les paroles d’une seule chanson, alors qu’à la base tu es quand même auteur-interprète ?
Nathan :
J’ai en fait plus d’une trentaine de titres à mon actif, qui ont été mis en musique, mais c’est vrai que pour ce premier album je ne me sentais pas encore la maturité et le courage de les mettre au grand jour. Donc il y a un seul titre de moi, qui est en fait la première chanson que j’ai réalisée avec Marie-Lys Langlois et qui est en fait Me trouver beau. C’est un de mes premiers textes et je pense que c’est réellement celui qui me ressemble le plus.

Tof : L’album s’appelle Que des mots ., comme une des chansons qu’il contient. Pourtant il est employé pour exprimer quelque chose de différent .
Nathan :
Oui c’est vrai qu’employé seul, comme titre de l’album, il veut dire que finalement tout cela n’est que de la musique, comme une sorte de relativisation. A une période, je recevais des mails de fans qui prenaient mes textes vraiment très à cour et j’avais souvent tendance à leur répondre qu’il fallait prendre tout ça avec beaucoup de recul et que finalement ce ne sont que des mots. La chanson, elle, parle plutôt du besoin de se battre pour trouver sa place dans la société, une tout autre résonance …


Tof : Comment as-tu procédé pour que cet album te ressemble ? J’imagine que tu as passé beaucoup de temps avec les auteurs pour qu’ils te connaissent bien .
Nathan :
En fait on m’a proposé beaucoup de titres, et j’ai moi-même pris beaucoup de temps pour discuter avec les auteurs et les compositeurs que j’ai rencontré. J’ai eu la chance de tomber sur des personnes qui ne m’ont pas donné des fonds de tiroirs mais qui ont pris le temps de créer sur mesures pour moi, et ça c’est vraiment une chance. Et même si je ne le mets pas trop en avant aujourd’hui, il faut reconnaître que ce sont des rencontres que j’ai faites à la suite de Popstars et que mine de rien cette m’a quand même ouvert quelques portes.

Tof : Popstars : le Duel t’a laissé quel genre de souvenir ?
Nathan :
En toute sincérité je pense que c’est avant tout une formidable expérience humaine. J’y ai beaucoup appris sur moi, sur les autres et sur la difficulté de faire ce métier. Après je dois reconnaître que c’était très très court car tourné en deux semaines même si ensuite ça donnait une autre impression car les diffusions étaient réparties sur deux ou trois mois. Pour faire bref, je ne pense pas y avoir évolué artistiquement mais que ça m’a bien sûr apporté la médiatisation. Il faut reconnaître que c’est une force pour faire des rencontres ou pour remplir des salles.


Tof : L’image de ce genre d’émission est en train de changer en ce moment grâce à la Nouvelle Star, mais à l’époque ce n’était pas le cas . Ensuite on t’a vu dans l’émission de Pascal Sevran, comme pour enfoncer le clou. Est-ce que ça faisait partie d’une démarche réfléchie ?
Nathan :
[Sourire] J’avais 18 ans à l’époque et c’est vrai que tout cela relève plutôt du concours de circonstances, mais en même temps même si ça paraît très naïf comme ça, je crois que beaucoup au destin et au fait que tout est écrit. Du coup je pense que si j’ai fait les choses de cette façon ce n’est pas pour rien et que je devais le faire. En tout cas je ne regrette pas !

Tof : Les personnes qui ont travaillé avec toi sur cet album n’ont-elles pas été refroidies par le fait que tu venais de chez Pascal Sevran ?
Nathan :
Je suis complètement conscient du fait que ça peut déranger, mais encore une fois je suis tombé sur des gens intelligents qui ont pris le temps de discuter avec moi, de me connaître, de savoir pourquoi j’avais fait ces choix et qui n’ont pas eu d’a priori. Et même certains m’ont dit qu’ils auraient fait pareil à ma place. Je n’ai pas trop de problèmes d’étiquette si ce n’est quelques réticences de la part des centres culturels étonnement.

Tof : Comme si cela ne suffisait pas, tu es « marrainé » par Eve Angeli. Comment s’est passée votre rencontre ?
Nathan :
Oui oui ! Je suis conscient que ça peut porter à confusion maintenant, mais elle m’a contacté à la suite de Popstars et à l’époque elle cartonnait avec des gros tubes comme Avant de Partir. Maintenant ce qui lui arrive est moins glorieux. Je respecte ses choix même si je n’aurais pas fait les mêmes. Une belle carrière musicale qui s’ouvrait à elle. Sa première maison de disques avait déjà rompu son contrat mais elle a rebondi sur Columbia chez qui ça n’a pas duré parce qu’elle ne vendait pas assez, et dieu sait si c’est important dans cette industrie du disque un peu pitoyable, où le concept de « mouchoir jetable » est super développé. Elle a choisi d’exister à travers d’autres médias et des manifestations comme le salon de l’érotisme. En tout cas elle existe encore médiatiquement, même si ce n’est plus tellement en tant que chanteuse, ce qui est malheureux parce que je trouve qu’elle assure dans ce domaine. Et puis elle a un gros talent d’écriture que les gens ne connaissent pas, et d’ailleurs c’est elle qui a écrit le titre Ce qui nous détruit, sur mon album, pour moi un des plus beaux textes.


Tof : Peux-tu m’en parler … ?
Nathan :
A la base c’est un texte qui parle d’un couple qui se déchire mais les métaphores y sont assez fortes. Chacun peut l’interpréter comme il le sent et c’est ça qui le rend particulièrement intéressant.

Tof : Globalement l’album est finalement assez sombre. Même s’il finit par une note d’espérance, j’y ai senti de la désillusion et du désenchantement.
Nathan :
Vraiment cet album me ressemble à 100 % Evidemment je n’ai que 22 ans donc j’aborde des thèmes assez « frais », qu’on rencontre tous à cet âge. Et c’est vrai qu’il y a des textes plus sombres, qui me ressemblent beaucoup parce que la désillusion était bien entendu présente à de nombreuses reprises. Encore une fois je parle de la mort et du Sida parce que j’y ai été confronté plusieurs fois et que j’ai perdu beaucoup de proches, comme dernièrement mon ami Gregory Lemarchal. Ce sont des choses qui sont vraiment présentes chez moi, et puis aussi il faut dire que c’est un métier en dents de scie tout simplement. Je sais ce que c’est que le haut et je sais ce que c’est que le bas vraiment. Je ne regrette pas d’avoir passé tous ces moments par ce que ça forge forcément. Je me sens beaucoup plus fort aujourd’hui et je sais que ce n’est pas fini !

Tof : Il y a aussi Gérard Blanc (Une Autre Histoire ; ndlr) qui te soutient .
Nathan :
Oui en fait j’ai assuré sa première partie en 2005 et je pense qu’il a vraiment eu un coup de cour artistique, ce qui lui a donné envie de m’écrire la musique du titre Quelque Part. Pour les textes il a fait appel à Nathaniel Brendel qui a notamment écrit pour Enzo Enzo et Anna Toroja. Encore une formidable rencontre !

Tof : D’après toi, qu’est-ce qu’il y a d’unique dans ce que tu proposes musicalement ?
Nathan :
Je ne sais pas, peut-être le mariage entre des sonorités pop-rock et une certaine sensibilité ? C’est vrai que j’adore ce genre de contraste, la douceur des textes et le côté plutôt rock des guitares électriques . Je pense que c’est un album qui est fait pour la scène et souvent les gens qui viennent me voir en spectacle, me disent qu’en live les titres vivent vraiment. C’est aussi ça à mon avis ce qui fait la différence avec tout ce qu’on entend actuellement en radio ou télé..

Tof : Parle-moi de la chanson En Transe
Nathan :
Pour moi c’est vraiment la chanson que chacun peut s’approprier et que chacun est libre d’interpréter comme il le sent. Bien sûr ça parle de la perte de self control. C’est aussi une chanson un peu coquine, voire sexuelle, car j’avais probablement envie de développer ce côté un peu provocateur que j’ai en moi, d’ailleurs il n’y a qu’à voir le clip pour en juger. Tu peux le retrouver sur le dvd inclus avec le cd.


Tof : Vers quoi penses-tu faire évoluer ton son ?
Nathan :
L’univers pop rock teenage me plaît beaucoup. J’aime les chansons assez légères. Je suis un gros fan de Robbie Williams, j’adore ColdPlay, The Servant, Gainsbourg, Alanis Morissette, et puis Audrey Forest, qui a écrit pas mal de mes titres, et qui a travaillé avant avec Jeremy Châtelain. Par-dessus tout, j’aime quand le public réagit et saute un peu partout. En fait je n’existe vraiment que sur scène.

Tof : Tu dois donc attendre avec impatience de te produire dans de grandes salles .
Nathan :
On avait déjà fait des salles de 800 à 1000 places, et notamment la première partie de Pow Wow, avec juste une guitare et une basse devant 3500 personnes donc c’était quand même assez fort. En même temps je suis assez paradoxal car j’aime le côté intimiste d’une salle comme le Sentier des Halles et j’adore aussi les shows à l’américaine. Pour ça Robbie Williams est vraiment une référence car je trouve qu’il sait très bien allier les deux .

Tof : Dans le titre On s’aime à la semaine, tu parles de l’implication qu’on met dans une rencontre, et de la déception qui peut suivre. Actuellement beaucoup disent qu’on est finalement mieux seuls et il y a même des présentatrices météo qui font des bouquins sur l’infidélité (Catherine Laborde ; ndlr). On te sent assez frustré sur ce point, est-ce que pour toi le couple en tant que valeur, ça veut dire encore quelque chose ?
Nathan :
Je crois que ça me fait très peur en fait. J’ai eu plusieurs expériences comme ça, assez longues pour mon âge, qui ce sont finies assez tristement. Je ne sais pas trop ce que c’est de papillonner. Moi quand je m’engage avec quelqu’un, c’est toujours pour la vie. C’est vrai aussi que j’ai perdu mes repères en arrivant à Paris, mais je suis en train de me reconstruire. Il faut que je reconstruise ma bulle.

Tof : Il paraît que chanter c’est un peu la même chose que jouer la comédie. Est-ce que le cinéma pourrait te tenter, toi qui a d’ailleurs dix ans de théâtre derrière toi ?
Nathan :
J’adorerais ! [Sourire] Je suis très sensible à l’image, et d’ailleurs c’est moi qui ai écrit le scénario de mon clip En Transe. Je me consacre à la musique mais le cinéma et le théâtre, que j’ai pratiqué pendant 10 ans ne cesse de me passionner. C’est un milieu qui me fait rêver et que j’aimerais approcher un jour si j’en ai l’opportunité.

Tof : La chanson c’est une forme de thérapie contre ta timidité ?
Nathan :
Il y a sûrement de ça oui, et sur ce point plus j’avance en âge et plus je me dis que je n’en serai jamais guéri. Par contre sur scène c’est complètement parti !

Tof : Quels sont tes projets ?
Nathan :
Tout d’abord le concert Vendredi 25 Mai au Sentier des Halles. Ce sera très électrique, avec deux guitares, une basse, un clavier, et la présence exceptionnelle de Michael Boudoux, qui vient de finir l’album de Maurane et qui a aussi travaillé avec Sardou et Pagny, à la batterie. C’est important pour moi de faire cette salle qui est quand même mythique même si elle est petite. Il y aura aussi un duo avec une amie chanteuse très connue mais je n’en dis pas plus . Je jouerai dix titres de l’album, deux reprises et un titre inédit. Sinon l’album est en négociation auprès de plusieurs maisons de disques mais il est disponible via le net et myspace.

Merci Nathan pour cet agréable entretien. Je ne doute pas de l’explosion imminente de ton talent, pour une reconnaissance enfin méritée. Le Sentier des Halles est à coup sûr l’endroit où il faudra être ce Vendredi 25 mai, et nous pourrons dire plus tard « J’y étais ». Pour l’heure direction ton site myspace, pour commander ton très bel album. Plein plein de bonnes choses, et ça ce ne sont pas que des mots …

Découvre le clip et des extraits de videos live sur myspace.com/espacenathan, et www.nathanlesite.com

Nathan sera en concert Vendredi 25 Mai 2007 à 20h00 au Sentier des Halles
> 50 Rue d’Aboukir – 75002 Paris






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