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Elli Medeiros :  »Mon nouvel album est le journal intime de mes quinze dernières années »

Les lieux où se déroulent mes interviews se succèdent mais ne se ressemblent pas. J’aime à penser qu’ils ont quelque chose à voir avec l’artiste que je m’apprête à rencontrer et qui attend sagement, en retrait, finissant consciencieusement, de se confier au journaliste qui me précède. J’arrive donc cette fois dans un café du marais, pour y interviewer un vrai tempérament. Souvenez-vous c’était dans les années 80, une vraie boule d’énergie, un côté un peu fofolle, ponctué de petits cris hystériques, mais une vraie sensibilité. Celle qu’on aimerait avoir pour bonne copine et avec qui on aimerait bien faire la fête, à cause de son vrai talent d’ « entertaineuse ». Ne chechez plus, je parle bien entendu d’Elli Medeiros et de son tube « Toi mon Toit », un des plus marquant de l’année 1986. Puis plus rien ou presque. Rappelons que la belle est une enfant de la balle, né en Uruguay, fille de comédienne, elle n’a pas qu’une seule corde à son arc. Pratiquement à la sortie du berceau, elle débute au théâtre et à la télévision, à ses dix-huit ans elle se lance dans la BD, avant d’exploser en chanteuse punk-rock au sein des Stinky Toys puis pop, en duo avec son ami Jacno. Elle déboule en solo avec des hits chaloupés qu’il est impossible d’écouter sans danser et dont les paroles énygmatiques et décalées sont autant de bonbons acidulés pour les oreilles « Les Papillons ? En l’air ! Et les fourmis ? Par terre ! », mais aussi « Bailar Calypso » On la retrouve scénariste, réalisatrice ou actrice, dans « Pourquoi pas Moi », « Venus Beauté », ou « Jet Set ». Elle nous accompagnait comme ça discrètement, et puis voilà qu’elle nous administre une grande baffe, aidé de son ami de toujours, Etienne Daho, au travers du texte pas piqué des vers de « Soulève-moi », le premier single de l’album à venir. Cette fois la chanteuse est de retour pour de bon et se dévoile sans équivoques, ainsi que ses projets .

Tof: Alors Elli, peux-tu m’en dire plus sur ce nouvel album inattendu, ou presque, intitulé « For You » ? Etienne Daho avait pris l’habitude d’y faire allusion, et on n’apprend qu’ il va enfin sortir en Septembre c’est ça ?
Elli: [RIRES] Oui, le moins qu’on puisse dire c’est qu’Etienne a fait un vrai travail de teasing sur ce disque ! En fait son live a cartonné l’année dernière et il s’est naturellement mis à beaucoup en parler dans ses propres promos, même si on a dû en parler un peu avant de manière plus confidentielle, sur mon site par exemple… Il en a parlé à la télé alors qu’on n’était même pas encore en studio.
Musicalement j’en suis assez fière, car je le trouve très cohérent. Pour le réaliser je n’ai pas été obligée d’abandonner certains côtés de moi au profit d’autres par exemple. Peut-être que ça résulte du fait que j’ai réglé certains conflits en moi justement …
En tout cas une fois qu’il a été fini je n’ai ressenti aucune frustration. Si tu veux un petit scoop, il contient un duo avec Etienne. Tu me diras peut-être que c’était légitime mais la vérité, c’est qu’on ne l’a pas du tout prémédité, pour la bonne et simple raison que ce n’était pas notre idée à la base. En fait elle vient d’un ami réalisateur qui m’avait demandé si on voulait bien collaborer sur un titre pour son film. On s’est bien marrés à le faire, dans la foulée de l’album, et puis on a décidé de l’y intégrer.

Tof: Et pourquoi on a dû attendre si longtemps que tu reviennes à la musique ? Je sais que tu as eu des expériences au cinéma et que tu t’es lancé dans la réalisation de bijoux par exemple …
Elli:
Euh, je te coupe tout de suite, c’est inexact ! [RIRES] En fait c’était un trip ponctuel. Je n’ai fait que dessiner un bijou pour un film.
Dans l’histoire il était sensé valoir 400 milliards de dollars alors que ce n’était qu’un simple collier. J’ai trouvé ça super dommage et il se trouve que j’avais une idée pour faire un truc un peu plus rigolo, donc je l’ai dessiné. Mais ce n’est vraiment pas mon métier !

Tof: Autant pour moi, je croyais que c’était carrément une nouvelle passion, parce que tu sembles être quelqu’un qui a tendance partir dans tous les sens … Je me trompe ?
Elli:
Non, et c’est un peu le problème d’ailleurs [RIRES] Je trouve tout passionnant! En plus j’ai la chance de rencontrer plein de personnes, d’horizons très différents. Ce qu’elles font me passionne à chaque fois au point de me donner envie de toucher à leur spécialité. Je pars facilement dans des délires alors qu’il faudrait que je me discipline en faisant des choix. Et là bonjour le travail !
Tu vois ce qui est bien dans le domaine de la musique, c’est que je peux vraiment m’y épanouir et m’amuser. Les autres choses auxquelles je peux m’intéresser vont alors fonctionner comme des « extensions » de cela … J’adore l’image par exemple donc quand je fais un album je avais avoir envie de concevoir la pochette, ou de réaliser les clips, en faisant appel à des gens que j’aime bien pour des collaborations diverses. J’aime bien la mode même si ce n’est pas mon métier principal. Du coup au lieu de faire du merchandising tout bête avec des tee-shirts avec juste mon nom Elli dessus, j’ai envie de proposer des objets avec un peu plus de style et de dessiner de vrais vêtements par exemple. On ne peut pas m’arrêter ! [RIRES]


Tof: Le fait que tu aies laissé ta carrière de chanteuse entre guillemets, c’était parce que le cinéma prenait trop de place . ?
Elli :
En fait, plusieurs choses se sont passées. Déjà j’ai voulu faire un break pour des raisons personnelles et familiales puisque je voulais avoir troisième enfant et m’y consacrer.
Tu sais le projet d’un disque peut toujours se décaler, mais pour un enfant il ne faut pas attendre … [SOURIRE] Je voulais arrêter un an ou deux, mais il se trouve qu’après j’ai eu envie d’explorer mon côté comédienne. Tu sais d’une certaine façon j’ai grandi dans ce milieu puisque dès mon plus jeune âge je jouais déjà au théâtre. Il faut dire que ma mère était comédienne, et que ceci a sûrement entraîné cela …
Pendant une période tu rejettes ce qui vient de tes parents, ça fait partie du processus de grandir. Et j’ai fini par prendre conscience que durant mon activité de chanteuse je faisais aussi des rencontres avec des cinéastes, et que j’avais aussi mon mot à dire dans ce domaine. J’ai ainsi collaboré le premier court métrage d’Olivier Assayas. Pendant cette période j’avais fait des rencontres très fortes mais ponctuelles.
Un break c’est aussi bien pratique pour réfléchir à la suite. Quand on est dans un projet on est un peu trop le nez dans le guidon, comme sur des rails … Je n’ai pas voulu être frustrée de ne pas avoir exploré le cinéma tout simplement.
Et puis il y a des moments où les choses s’imposent d’elles-mêmes par ce que la période est propice. Je ne suis pas restée très longtemps à l’école car je faisais trop le bordel [RIRES], non vraiment c’était pas possible ! Et puis j’ai découvert qu’à un moment tu pouvais ne pas avoir du tout envie d’étudier … Et en fin de compte t’y mettre plus tard, une fois que tu t’es bien éclaté, et c’est ce que j’ai fait ! En plus je n’ai pas à me plaindre : j’ai pu bosser avec des gens vachement intéressants, qui m’ont beaucoup apporté énormément en tant que « coach » par rapport au travail de l’acteur.
J’ai carrément travaillé avec le mec qui avait été l’assistant de Lee Strasberg qui enseignait à l’Actor studio pendant 20 ans avant d’en créer son équivalent à Paris, et puis d’autres aussi bien sûr, ce qui était très épanouissant car c’était en fait un boulot plus sur la créativité en général que sur le métier d’acteur, un truc vraiment perso sur ton mode d’expression tu vois, même par exemple, pour toi c’est de faire du pain ![SOURIRE]
Cette expérience avait même quelque chose de psychanalytique quand j’y repense, un véritable trip !
J’ai pris conscience que l’interprétation entraîne un total investissement, ou pas du tout : soit tu fais ça juste en surface pour obtenir un résultat esthétique en surface, soit tu bosses autrement et là tu plonges !

Tof: L’arrivée de ce nouvel album a tout de même dû être boosté par Etienne Daho non ?
Elli:
Mon activité d’actrice était devenu très satisfaisante et du coup le sentiment de frustration dont je te parlais tout à l’heure, s’en est trouvé comblé.
L’apogée est arrivée avec le film Lulu, sorti en 2002 et réalisé par Jean-Henri Roger qui n’a pas eu beaucoup marché mais qui reste pour moi une expérience géniale et inoubliable, d’ailleurs il m’arrive de recevoir aujourd’hui encore sur mon site des mails qui m’en parlent, c’est pour dire !
L’histoire vraie de la transsexuelle que j’y incarne m’a profondément marquée, tout comme la rencontre avec la personne qui a inspiré mon rôle.
Quand j’ai fini ce tournage je me suis dit maintenant je veux faire de la musique !
J’ai alors entrepris un projet qui m’a fait partir en Uruguay pendant un an, mais il s’est avéré un peu compliqué à mettre en oeuvre.
A mon retour on s’est retrouvé avec Etienne autour d’un dîner pour fêter nos 25 ans d’amitié et il m’a lancé que je devais être frustrée qu’il ne m’ait pas fait d’album. Il était surtout très impatient de me voir refaire de la musique, mais ne pouvait pas m’aider sur le projet que je menais, qui était un truc entre rock et musique d’Amérique latine. Il ne se sentait pas capable de le faire car ce n’était pas sa culture, mais par contre il était partant pour quelque chose de plus proche de ce qu’il avait connu de moi, à condition que je sois prête à y aller à fond .

J’ai dit banco et c’est parti comme ça, presque dans la même énergie que quand j’ai commencé à faire de la musique avec les Stinky Toys, parce qu’à l’époque c’était vraiment mes amis et ceux avec qui je passais toutes mes journées. Etienne est mon meilleur ami, cet album dont on a fait ensemble la direction artistique, est donc avant tout une histoire d’amitié. Et en y réfléchissant il était déjà coréalisateur de l’album depuis des années parce qu’il comprend des morceaux que j’ai co-composés avec différents musiciens qu’il m’avait présentés.

Tof: Tu écris tous tes textes, et pourtant j’imaginais bien Etienne en tant qu’auteur de « Soulève-moi’…
Elli:
En fait la chanson date d’il y a 15 ans ! A l’époque c’était pas possible de le sortir, les gens n’étaient pas prêts. Parfois tu sais on découvre que des albums ou des singles sont sortis au mauvais moment et que ceci auraient eu un impact différent s’ils étaient sortis à une autre période. J’ai donc tout simplement attendu le moment propice pour proposer « soulève-moi ».

Tof: Oui et c’est d’autant plus intéressant qu’il sonne très actuel, très moderne … Il faut le voir comment alors ? Un hymne au SM ou à l’amour vache ?
Elli:
C’est pas du tout ça. Je ne suis pas du tout dans un trip SM. C’est vrai que tu as peut-être pu avoir cette impression à la première écoute, mais si tu mets le texte bien à plat tu t’aperçois que c’est autre chose. Tu vois par exemple dans « cogne-moi les mots que tu me dis, me cogne bas », c’est les mots que tu me dis, c’est pas toi ton poing dans ma gueule. Je parle surtout de la violence verbale, celle qu’il y a dans la passion et dans les sentiments tout simplement. Plus loin je dis « Je suis fière de toi comme une pute de son mac », mais pas dans le sens « je suis une pute et tu es mon mac ». C’est une idée qui me vient d’un documentaire que j’avais vu, avec le témoignage marquant de prostituées qui ne se posaient pas en victime par rapport à leur mac. En fait j’ai voulu parler de l’idéalisation ou de la fascination qu’on pouvait observer dans ce genre de relation. J’ai connu personnellement des personnes qui ont fait le trottoir, avec vraiment tous les problèmes de dépendance à la drogue etc que ça implique. Mais j’ai trouvé intéressant de montrer leur pouvoir car mine de rien les putes existent certes mais les macs n’existeraient pas sans elles. D’un côté le boulot du proxénète, c’est d’arriver à fasciner, mais elle de son côté, elle a la fierté d’avoir le mec, car s’il peut frimer, qu’il est beau avec sa caisse, ses fringues etc… c’est parce que c’est elle qui le fait !


Tof: Cette chanson porte aussi un message précisément au sujet du rôle difficile de la femme dans notre société qui est plutôt faite et régie par des hommes ?
Elli:
Houla il faudrait que je fasse une auto-analyse parce que lorsque j’écris des choses je suis quelquefois dans une espèce d’état de transe, et je découvre parfois des sens cachés plusieurs années après ! C’est comme si les trucs s’écrivaient à travers moi. Et puis au fil du temps moi je peux changer et mes textes peuvent prendre un sens différent, plus profond que celui que j’avais voulu donner initialement. Ce texte, je ne l’ai même pas écrit dans une démarche féministe, car j’ai personnellement j’ai eu beaucoup de mal à assumer le fait d’être une femme, avec une attitude plutôt masculine…

Tof: Plutôt garçon manqué ?
Elli:
C’était la moindre des choses ! [RIRES] Quand j’étais petite je ne faisais que me bagarrer. Je n’ai jamais vraiment fréquenté de filles et je ne tapais d’ailleurs que sur les mecs, et j’aime autant te dire qu’il fallait qu’ils soient au moins aussi forts que moi. Et donc je leur sautais dessus et je leur pétais la gueule. Maintenant je suis plus calme, je fais gaffe parce que le dentiste ça coûte cher… [RIRES] J’avais continuellement besoin de tenir tête aux mecs, de peur d’être dominée justement. Il fallait que je sois toujours du côté du dominant.


Tof: Peux-tu m’en dire plus sur cet album, sa couleur sonore, ses thèmes ?
Elli:
Et bien c’est finalement un mélange de tout ce que je suis. Si tu prends le titre « Soulève-moi » il est quand même bien dans la tradition de la chanson française. Ca peut faire penser aux chansons des années trente, très explicites tu vois. Ensuite les titres s’y enchaînent comme une espèce de journal intime de mes quinze dernières années, et même plus parce qu’il contient des reprises !

Tof: En tout cas le single donne envie d’en connaître plus, c’est un retour à la chanson avec un texte qui veut dire quelque chose, et ça a tendance à se perdre aujourd’hui … Moi personnellement j’ai reçu une vraie baffe quand je l’ai écouté la première fois et je ne pense pas être le seul!
Elli:
Ben c’est cool, c’est génial ! Ca doit être un peu ce qu’il y a de plus difficile à faire. C’est très sympa de se dire « putain j’ai réussi à secouer quelqu’un pendant au moins trois secondes » Oui enfin ceux qui écrivent ça expriment peut-être quelque chose de leur vie, mais bon des textes du genre « je suis gentille, je suis assise dans l’herbe », ça ne me concerne pas …

Tof: Et quel regard portes-tu sur cette période, sur ta carrière ?
Elli:
Peut-être que dans les années 80 on a eu l’impression que ça allait mieux avec une sorte de boum où tout à coup il y avait plein d’argent et où on signait des contrats assez facilement. Mais c’était une sorte de mirage un peu creux. Quand j’ai commencé à faire ma musique à l’époque des Toys c’était hyper fermé et il faut savoir qu’annoncer « je veux faire du rock » c’était comme dire « je veux être clochard », pas comme dans les années 80 où il suffisait de demander à papa d’acheter un clavier parce que là c’était plus à la mode. Quand j’ai commencé il n’y avait aucun avenir dans ce domaine, surtout en France, et même pas d’endroits pour jouer à Paris c’est pour dire !
On a dû improviser des lieux pour y jouer du rock alors qu’ils étaient plutôt utilisés pour d’autres styles de musique… Je me souviens qu’à un moment le gars qui tenait un local, nous avait programmé pour deux ou trois soirs ou peut-être une fois par semaine pendant quatre semaines, mais ça s’est finalement limité à une seule représentation car les voisins avaient envoyé les flics !

Tof: Peux-tu m’expliquer pourquoi tu as choisi de diffuser le « soulève-moi » uniquement sur le web ?
Elli :
En fait a maison de disques adorait ce morceau mais avait peur qu’à cause du texte, il y ait un problème pour le diffuser en radio. Après on s’est dit qu’on allait pas sortir l’album en Mai mais plutôt en Septembre et en même temps c’était chiant d’attendre jusque là pour sortir le single. Donc on a voulu en faire profiter tout le monde, comme une sorte de teasing. Les habitudes ont changé tu sais, moi-même je n’écoute plus la radio, mais par contre je suis toujours sur internet … Et puis la radio impose certaines limites aujourd’hui en France. Ce qu’il y a de génial avec internet, c’est le retour quasi-immédiat ! Il m’arrive par exemple de répondre aux messages de fans espagnols ! C’est un peu comparable à l’interaction qu’on pouvait avoir avec la radio des années 30 ou 40. Et puis ce n’est pas contrôlé. Du coup, le titre a été écouté en radio et ça leur plaît aussi… C’est cool! J’aime beaucoup cette idée de faire les choses avec cette idée de plus d’immédiateté possible … C’est plus souple et plus ouvert. D’ailleurs sur mon site je peux parler de ce que je veux.

Tof: Parle-moi de tes projets. A priori tu es de retour pour plusieurs albums ou on va être obligés d’attendre encore 15 ans pour le suivant ? Il y a une tournée prévue?
Elli:
15 ans houla !!! Non là vraiment j’ai envie de continuer puisqu’après je voudrais faire aboutir mon projet en Uruguay, et puis j’ai envie de travailler avec plein de gens donc je pense que je vais m’impliquer en plus dans des tas de projets différents …
Bien sûr ! Là on a fait 3 dates en amont mais à partir de mi-Août, ou fin-Août ça va vraiment démarrer …

Alleluiha voici le retour d’une vraie rockeuse française … Et ça manquait ! Comment définir l’attente de ce mystérieux nouvelle album, qui semble concocté spécialement pour celui qui a su l’attendre ? Impatience, excitation, sans aucun doute ! En tout cas faisons en sorte qu’Elli puisse nous délecter à nouveau et pour longtemps !

La chronique du titre « Soulève-moi » est dans notre boutique, clique
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NORDIK N 01

Communiqu des Flamands Roses pour la Lesbian and Gay Pride de Lille : samedi 3 juin 2006