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BWO : « Nous faisons de la pop music pour la génération Ipod »

Comme d’habitude il a fallu que je parte en catastrophe du bureau pour me rendre à mon rendez-vous sur les Champs Elysées. Evidemment je ne trouve pas tout de suite l’hôtel et alors que quelques gouttelettes de trac commencent à perler le long de ma joue, je me mets à chantonner un petit tube bien kitsch, disons « Crucified » des Army Of Lovers, histoire de me mettre dans le bain et surtout de décompresser.

« Au secours il est où cet hôtel ? ». Quelques coups de fil pour retrouver mon chemin et me voilà, arrivant sous l’oil amusé des deux suédois. Laissez-moi vous présenter Martin Rolinski, jeune éphèbe de 23 ans, visage d’ange et lèvres pulpeuses, chanteur, et Alexander Bard, sympathique professeur Tournesol, producteur (Acazar, Army Of Lovers : ndlr) et songwriter de renommée internationale, ex Army Of Lovers.

Ils sont maintenant connus sous le nom de BWO (prononcez BiViO : ndlr), Body Without Organs cartonnent dans les charts en Europe du Nord, et s’apprête à conquérir la France, l’Allemagne et l’Angleterre. Interview à l’occasion de leur participation à la Glam As You, le soir de la Marche des Fiertés juin et de la sortie en Septembre de leur album Prototype

Tof: Hello Alexander et Martin, tout d’abord pourquoi avoir arrêté Army Of Lovers s’est arrêté?

Alexander: Army Of Lovers s’est arrêté parce que je détestais les filles du groupe ! [RIRES] Elles m’ennuyaient tellement . Non plus sérieusement il y avait deux raisons à cela : En fait Army Of Lovers était plus un « projet » qu’un vrai groupe, comme BWO peut l’être. J’ai été surpris que ça dure si longtemps. A l’époque je pensais que ça finirait au bout de deux ans et en fait ça en a duré huit !

Et puis au bout du compte j’ai commencé à m’ennuyer parce que, parce qu’on a commencé à se répéter soi-même, la formule ne changeait plus et il était donc temps d’arrêter. On n’avait pas vraiment de musiciens ni de chanteurs dans le groupe, juste des pop-stars .

En 1995 nous avons décidé que Army Of Lovers ne pourrait pas continuer dans cette voie et nous avons stoppé. Et puis je détestais les filles. Je trouvais que c’était horrible de travailler avec elles.

Ensuite nous avons fait des concerts à travers le monde pendant six ans et ça m’a considérablement fatigué.

Pour te donner une idée Jean-Pierre (Barda : ndlr) et moi sommes devenus vraiment amis seulement après que le groupe ce soit séparé, parce qu’en fait nous n’avions pas trouvé le temps de nous connaître tant que Army Of Lovers était en tournée.

Tof : Et ensuite qu’as-tu fait ?

Alexander: J’ai créé Stockholm Records avec Anders Hansson en 1992. Pendant cette période nous avions signé les Cardigans, qui était n°1 en Amérique et ont eu un important succès dans le monde.

C’était le premier label indépendant de Scandinavie. En 98 nous avons décidé de vendre cette compagnie à Universal Music. C’était la meilleure affaire de ma vie !


Tof : Comment définirais-tu le son BWO?

Alexander : Tu sais moi j’adore la pop music, depuis mes 7 ans quand j’ai acheté mon premier disque de T-Rex et que j’ai entendu ABBA à la radio pour la première fois.

Un jeune suédois qui entendait ABBA pour la première fois, tu te rends compte ? Je ne pouvais pas imaginer que mon rêve d’être une pop-star internationale et un producteur de disques deviennent réalité ! C’est d’autant plus incroyable que je ne pense pas avoir eu vraiment confiance en moi .

Enfin c’est de là que sont venues mes premières inspirations . Dans mon adolescence mon groupe favori était Kraftwerk. Aujourd’hui je pense que BWO et la rencontre entre ABBA et Kraftwerk.

J’insiste vraiment sur le fait que BWO est un réel groupe qui joue Live. Pour moi c’est important : ce n’est pas un produit . Martin est un chanteur fantastique. Il chante comme moi mais juste en mieux ! [Rires] Sans blagues, les chansons que j’écris sonnent bien avec ma voix, mais elles sonnent fantastiques avec la sienne .

Tof : Comment vous êtes vous rencontrés ?

Alexander : Un vrai conte de fées ! [parlant à Martin] Je pense que ton histoire va l’intéresser …

Martin : J’ai commencé à m’intéresser à la chanson à peu près 6 mois avant de rencontrer Alexander. Je suis allé dans un bar karaoké avec quelques amis pour boire un verre. J’avais un peu bu et je me suis mis à chanter en public et quelqu’un est venu me voir pour me proposer de faire un disque. Et tout à coup je me suis retrouvé à travailler avec des producteurs et songwriters . Mais c’est vite devenu ennuyeux car ils semblaient vouloir me faire entrer dans un boysband. Et puis j’ai rencontré Alexander ! Alexander: Je venais de produire Alcazar, qui se dirigeaient de plus en plus vers un son disco. J’ai eu envie d’avancer vers autre chose et de faire de l’électro-pop en créant mon propre groupe. Je cherchais un chanteur pour créer un des premiers groupes pop de Laptop (musique créée sur ordinateurs portables sans musiciens et sans passer par le studio :ndlr).

Tof : De quoi parle BWO dans ses chansons ? Y a-t-il un message particulier ?

Alexander : J’aime les chansons « classiques », et j’espère m’améliorer toujours en tant que songwriter. Nos modèles sont Elton John et Freddie Mercury.
Nous voulons avoir des chansons super et faire de super performances sur scène. Pour ma part j’adore la technologie. L’idée était de faire se rencontrer les deux de manière à ce qu’elle soit le support de bons textes et de bonnes performances. Le résultat est vraiment amusant et intéressant .

Martin :En travaillant avec des ordinateurs portables, les arrangements sont plus faciles à réaliser, ce qui nous permet de concentrer toute son énergie sur l’écriture des textes. Par exemple on identifie facilement les années 80 avec l’utilisation du synthé et des séquenceurs. Et bien ce qui marquera le 21 siècle c’est le laptop !

Alexander : Je pense que c’est vraiment une bonne chose de ne pas perdre de temps dans les studios. En plus je déteste les musiciens ! [Rire Collégial]. Je suis toujours pressé et ça m’ennuie de devoir appeler un guitariste pour qu’il joue en studio. Les musiciens parlent trop, ils peuvent boire du café pendant des heures, vous parler de leur femme, de leurs enfants, s’asseoir et jouer encore et encore. Après il faut réenregistrer plusieurs fois, parce qu’ils n’ont pas tout de suite joué de la bonne manière.

Tu sais, à la seconde où j’ai utilisé un ordinateur pour la première fois, et que j’ai pu programmer tout ça exactement comme je le voulais, sans appeler de musiciens, j’ai ressenti un bonheur intense . Des musiciens j’en ai vu, mais à peine arrivés ils commençaient à faire des accords avec leur guitare. Martin était surtout intéressé par le côté performance, et il n’avait pas d’idées préconçues sur ce que ça entraînait. Il voulait simplement être bon ! Je lui ai demandé si ça ne lui posait pas de problèmes de travailler sans musiciens et il a été très enthousiaste . Mais il manquait encore quelque chose. Pour avoir une touche moderne il nous fallait une fille. Et je dois dire que Marina doit être la seule qui joue de la musique aussi « confortablement ». Elle est tellement calme et vraiment excellente aux claviers !

Tof : Jean-Pierre Barda, qui faisait partie de Army Of Lovers apparaît dans certains de vos clips et dans le booklet de l’album Prototype. C’est juste un clin d’oeil ?

Alexander: Jean-Pierre s’occupe de l’image de BWO. C’est notre coiffeur, c’est important ! Il a collaboré à quelques chansons de l’album. Pour moi c’est un très grand ami, et il devient aussi un très grand ami pour Marina et Martin. En partant du principe que BWO est un vrai groupe et non un projet, ça n’aurait eu aucun sens que Jean-Pierre soit sur scène avec nous. Il ne joue de rien. Mais c’est très agréable de l’avoir comme acteur sur les vidéos et styliste capillaire.

Tof : Vous avez un énorme succès en Europe du Nord. Comment vous sentez-vous ?

Alexander : Nous sommes très content car c’est un peu pour ça que nous nous sommes lancés ! Nous avons signé avec EMI à Londres en Mars l’an dernier puis nous sommes allés en Russie. Ca marche vraiment bien à Moscou, Kiev, Istanbul et nous sommes aussi très populaires en Turquie. Nous arrivons maintenant en France, Allemagne et Angleterre.

Tof : Est-ce que vous êtes confrontés au problème du piratage sur le net ? Quelle est votre opinion là-dessus ?

Alexander : Je pense que c’est un problème pour tous les artistes. Il faut être honnête. Pour moi le partage de fichiers via le net, c’est pratique pour savoir à quoi une chanson ressemble et si je l’aime vraiment l’achète !

Et puis le mp3 n’est pas ce qu’il y a de mieux question qualité. Internet est pratique lorsque tu veux voir un film ou écouter de la musique rapidement, grâce à un code par téléphone par exemple. Aujourd’hui je comprends vraiment le succès de l’Ipod et d’Itunes parce que les gens veulent consommer de la musique rapidement. Avec Itunes tu peux avoir la jaquette et les détails de réalisation du cd, je trouve ça très chouette !

Enfin le téléchargement illégal commence à baisser. Le marché commence à reprendre. Tu sais nous avons épaté EMI à Londres, parce que la première semaine de sortie de l’album en Russie, nous avons vendu 20 000 albums, puis 15 000 le premier mois, tout ça légalement. Ils ont été surpris parce que personne d’autre n’avait pu faire ça avant. Je pense aussi que notre musique a une place dans le marché : nous avons notre identité, nous faisons de vraies chansons, nous ne sommes pas un groupe de rock industriel british, nous ne faisons pas du hip-hop américain, nous sommes un groupe européen avec de bons morceaux. C’est ce qui plaît aux russes ! Du coup nous avons été très présents dans ce pays en participant à la soirée d’ouverture de la Fashion Week russe en Octobre. Nous y avons ensuite fait plusieurs concerts. Je me souviens d’une série de 9 émissions télé en seulement 3 jours !

Martin :Et pour moi qui débute ça peut être fatigant mais c’est une expérience géniale, vraiment spéciale.

Alexander : Et puis la Russie n’est pas très loin de la Suède où nous sommes d’ailleurs en ce moment n°1.

C’était naturel d’y aller. . C’est maintenant le bon moment pour venir en Allemagne et en France. Maintenant nous sommes rodés.

Tof : Vous avez vraiment travaillé avec Cher et Christina Aguillera ?

Alexander : Elles ont travaillé avec Anders Hansson, notre co-producteur. Lui et moi, sommes songwriter et co-producteur.

Anders travaille avec beaucoup d’artistes américains. Il a effectivement travaillé sur le dernier album de Cher, avec Christina Aguillera ou Jessica Simpson.

Tof : Parlez-moi un peu de vos vidéos . Vous êtes beaucoup impliqués dans leur réalisation ?

Alexander : Oui bien sûr ! Tu as vu celle de « 16 Tons Of Hardware » et la course de chaises de bureau ? Amusant non ? Nous travaillons ensemble avec Freddie Bockland. C’est officiellement le directeur, mais nous nous concertons beaucoup pour échanger des idées et développer les scripts. Nous voyons tout ensemble en fait, du maquillage aux lumières. On fait tout nous-mêmes finalement, c’est comme une petite famille !

Tof : L’image de Army Of Lovers était très excentrique, très Gay. Celle de BWO a l’air un peu plus métrosexuelle, plus sérieuse .

Alexander : Tout à fait, Army Of Lovers était « camp ». C’était comme un spectacle de drag-queen. Ca a d’ailleurs commencé après que j’aie vu Jean-Pierre en pleine représentation en travesti à Stockholm. Maintenant je ne pense pas qu’on puisse dire que BWO est camp. Le groupe est clairement pro-gay certes. Le groupe parle aussi bien a un public de 44 ans, que 23 ans, qui vit dans un environnement moderne, comme un milieu urbain qui aime la pop music, les gadgets électroniques et la technologie. Nous faisons de la pop music pour la génération Ipod. En même temps nous voulons avoir une image vraiment européenne. J’en ai un peu marre de n’entendre que de la musique anglaise ou américaine à la radio, spécialement dans les 5 dernières années. Ca ne m’intéresse pas. Le fait que nous venions de Russie, et notre mélange de nationalités, 5 à nous 3, fait que nous représentons une version moderne du groupe pop européen.

Et puis je me fous qu’on dise qu’on est camp ou qu’on fait de l’europop tant qu’on respecte nos chansons et nos performances sur scène.

Tof : Et justement sur scène, ça donne quoi ? Il y a des décors, des costumes ?BWO ?

Alexander : Il faut venir nous voir à la Glam As You le 25 Juin ! Martin est complètement dingue sur scène !!!

Martin : [qui trépigne] Oui je suis totalement fou ! Je cours partout, je tourne en rond, je tombe, je crie, et accessoirement je chante ! [Rires]
Alexander :Au niveau des costumes je vois ce que tu veux dire, nous sommes très intéressés par la mode contemporaine, c’est pourquoi nous sommes heureux d’être à Paris d’ailleurs. Nous sommes très sensibles au côté théâtral, glamour qui émane souvent du monde de la pop. Aujourd’hui le glamour réside dans le détail.

Tof : Oui il y a quelques résurgences du Glam-Rock en ce moment avec par exemple les Scissor Sisters .

Alexander : Oh oui nous sommes souvent comparés à eux. Pour moi les Scissor Sisters suivent la tradition « camp » initiée par Army Of Lovers . Je pense que c’est parce que la majorité du groupe est gay. BWO est plus tempéré car le seul gay c’est moi ! Les Scissor sont « camp » de façon américaine. Je pense que la différence entre eux et nous c’est que eux sont plus théâtraux, alors que nous nous sommes plus « fashion ».

Tof : Que pensez-vous du retour des sonorités eighties ?

Alexander : Oui le phénomène se ressent partout. Marina a commencé à jouer dans les années 80. Je trouve ça super ! Et je pense que cette influence est bien présente sur notre album « Prototype », je pense à Human League par exemple. Les références 80’s très importantes mais il y a aussi plein de choses qui rendent l’album bien actuel. Peut-être que quelque chose d’autres nous inspirera pour le prochain album.

Tof : D’où vient le nom BWO, Bodies Without Organs ?

Martin :Nous voulions un nom spécial et unique qui ne ressemble à rien de connu, un truc facilement identifiable.

Alexander : Tout le monde aime ce nom qui suscite l’intérêt et la curiosité. Certains pensent à des robots, ou à quelque chose qui vient de la science fiction. Ce que j’aime aussi c’est que lorsque tu vois le nom dans les charts, tu ne peux pas savoir juste d’après le nom, quel genre de musique se cache derrière. Il faut télécharger la musique pour l’écouter par exemple. Je trouve ça très sympa.

Merci beaucoup ! Nous ne manquerons pas de venir vous applaudir à la Glam As You !

Visite le site de BWO : www.bwo.ru

BWO en concert à la Glam As You Spéciale Marche des Fiertés le 25 Juin – Club Med World Paris







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