in

QBoy : le Hip-Hop n’est absolument pas homophobe …

Marcos Brito alias QBoy, est probablement un des jeunes rappers les plus talentueux de la scène britannique actuelle. A 26 ans, il est loin d’avoir sa la langue dans sa poche, et pour cause! Il a choisi de mettre en avant son homosexualité aux travers de textes insolents et sans concession. Pari risqué ou légitimité toute naturelle ? Cela coule de source lorsqu’on en discute avec lui … Et justement ça tombe bien puisque QBoy a gentiment accueilli CitéGay pour répondre à nos questions …

Tof : Salut QBoy, tout d’abord peux-tu me dire pourquoi avoir choisi ce nom ?
QBoy :
Et bien en fait, c’est l’abréviation de Queer Boy (queer = pédé). Je voulais quelque chose qui me corresponde sans pour autant choquer .Quand j’ai eu 18 ans, et que j’ai commencé à écrire, je ne pensais pas à être un rapper, c’est juste arrivé tout naturellement .
Lorsqu’il a fallu choisir un nom, j’avais envie que celui-ci soit un indice sur ma personnalité et donc ma sexualité, mais en restant safe bien entendu. Je veux que quand un hétéro entend le nom Q Boy, il ne dise pas « Ho il est Gay ! », mais pense d’abord à ma musique.
Tu sais Eminem a « sonorisé » ses initiales M N M., plus tôt Vanilla Ice s’est probablement appelé comme ça car il était blanc et blond. Et bien moi c’est Q Boy parce que je suis gay !

Tof : Le fait de revendiquer ton homosexualité à travers ta musique t’a semblé évident dès le départ ?
QBoy :
Ce n’était certes pas une obligation, mais finalement pourquoi je ne l’aurais pas fait ? Pourquoi je devrais cacher ma sexualité ?
Entre nous, il y a beaucoup de gay dans l’industrie de la pop, et qui ne le disent pas . Je ne veux pas laisser les gens me contrôler. Je veux être qui je suis, faire ce que je veux et dire ce que je veux. Il n’y a aucune raison à ce que je cache ce qui fait ma personnalité et ma richesse.

Tof : Ok mais pourquoi avoir choisi précisément le rap pour t’exprimer ?
QBoy :
Quand j’étais très jeune, j’aimais beaucoup écrire des poèmes. et j’ai trouvé que le rap était une bonne manière, dans le domaine de la musique, pour continuer à le faire. J’ai toujours aimé le rap avant le Hip-Hop, pour son côté plus cool.. Je l’ai découvert en 1989 avec Nénéh Cherry et Ya Kid Key de Technotronic, dont je suis très fan. Je me suis mis à l’apprendre, car j’adore vraiment la façon dont ça sonne et la gymnastique des mots .

Tof : Avec le rap, tu n’as pas choisi la facilité . cela ne fait pas forcément bon ménage avec l’homosexualité non ?
QBoy :
Pour moi c’est un tout : j’ai toujours aimé et fait du Hip-Hop, comme j’ai toujours été gay, j’ai toujours aimé danser sur du Hip-Hop, j’ai toujours adoré me produire sur scène. Cela fait tout simplement partie de moi-même, de manière indissociable. Tu sais la vie n’est pas facile. Il faut en faire ce qui est le mieux pour toi . Et ça m’a pris du temps, de réaliser tout ce que j’aimais pour le réunir dans un job :
Etre QBoy c’est être auteur, compositeur, interprète, producteur, Dj, manager, danser et être gay. Tu dis que je n’ai pas choisi la facilité mais je ne trouve pas que c’est difficile d’être finalement juste soi-même . D’ailleurs, je ne me pose pas la question de savoir si c’est facile ou difficile, c’est moi, c’est tout ! Et juste une chose encore : Le Hip-Hop n’est absolument pas homophobe comme on pourrait le penser …

Tof : Tu aimes parler de sexe …
QBoy :
Je fais une distinction entre sexualité et Amour. Il est certain que j’aime le sexe et que c’est un sujet assez fun que j’aime utiliser. Si tu regardes bien, tous les rappers, rockers, artistes en viennent tôt ou tard à parler de sexe, c’est valable aussi bien pour Kylie Minogue, que pour Jay-Z, qui en montrant des filles à moitié nues dans ses clips, ne fait en définitive que mettre en évidence son hétérosexualité.
Ils pourraient donc tous jouer avec leur sexualité et pas moi parce que je suis gay ? Non ma sexualité n’est pas plus tabou que la leur et il n’y a pas de raison que je ne la mette pas en avant comme eux. J’espère banaliser un peu cela .
Je suis très fan de Foxy Brown ou Lil Kim, qui ont des lyrics très sexuels.
Et bien que je ne veuille pas choquer les gens, j’aime que mes textes aient quelque chose du domaine de la comédie et qu’ils soient insolents.

Tof : Est-ce que ta musique est un moyen d’exprimer certains combats ?
QBoy :
Oui, enfin ce sera plus évident sur le prochain album, mais tu sais je ne vois pas cela nécessairement comme un combat. En fait je ne me bats pas spécifiquement contre l’homophobie, car je pense qu’il faut prendre le problème à la base, c’est-à-dire au niveau de l’éducation . Car comme nous le savons tous, le meilleur moyen de changer les esprits et changer le comportement des gens, c’est de les rendre moins ignorants. Pour, moi l’essentiel est de délivrer un message positif sous la forme d’une bonne musique qui donne envie de danser. Si quelqu’un n’aime pas les gay ou n’a pas une bonne expérience avec l’homosexualité mais achète mon disque parce que c’est du bon son, il fait plus qu’acheter un disque, il change sa façon de voir les choses.
C’est ce que je veux faire avec cet album. Il faut être positif et les esprits changeront positivement . A travers la musique je ne veux pas de violence en parlant d’homophobie, je préfère essayer de faire changer les mentalités et rendre l’auditeur plus open minded.


Tof : En ce moment on parle beaucoup d’une loi qui viserait à pénaliser les insultes homophobes. Pourtant toi tu n’hésites pas à arborer des tee-shirt portant par exemple l’inscription « Faggot » (pédé) . Quel est ton sentiment là-dessus ?
QBoy :
Tout dépend du contexte dans lequel apparaissent les insultes. Si c’est moi qui en joue, c’est différent. Entre homos ça n’a pas vraiment d’importance et puis c’est une question de degré.

Tof : Est-ce que tu es quelqu’un de narcissique et est-ce que parfois sur scène tu pourrais aller jusqu’à tout enlever ?
QBoy :
Je suis certainement exhibitionniste sur scène pendant un spectacle mais de là à finir nu, je ne crois pas .

Tof : Est-ce que c’est facile d’être le boyfriend de QBoy ?
QBoy :
Je suppose que c’est assez difficile, d’ailleurs je suis libre en ce moment. Mon dernier boy-friend était très compréhensif et comprenait très bien que je sois très occupé. Il est maintenant mon meilleur ami et continue de venir me voir aux spectacles. Je pense que mes ex sont contents de voir que je vais jusqu’au bout de ce que je décide de faire .

Tof : Parle-moi du site gayhiphop.com ? C’est toi qui l’as créé ?
QBoy :
Non, c’est dj mister maker, qui vit juste à côté de Londres. Toutes les personnes qu’il connaissait à Londres étaient gay et fans de Hip-Hop. Par l’intermédiaire de sa HomePage mistermaker.com il a découvert l’existence d’une communauté similaire sur le net avec beaucoup de monde en Amérique. Ce site est ensuite devenu gayhiphop.com pour essayer de réunir les artistes hip hop qui ont un lien avec la communauté gay.
Au même moment j’ai moi-même découvert le site, et nous nous sommes rencontrés à Londres autour d’un verre. Nous avons décidé de travailler ensemble et le site est ainsi devenu une sorte de magazine online dédié à la culture Hip Hop gay, dans lequel j’interviens au travers de reviews de cd et de spectacles ainsi que d’ interviews .

Tof : La plupart des clips de rap montre une ambiance très macho avec beaucoup de filles dénudées . Vas-tu faire la même choses mais avec des mecs à poil ?
QBoy :
Tu sais un de mes groupes préférés est Salt N Peppa. Ces filles utilisent des strippers pour les shows et leurs clips sont peuplés de filles et de mecs dénudés. C’est sûrement une des raisons pour lesquelles j’en suis fan. Alors oui bien sûr j’aimerais avoir des mecs nus derrière moi sur scène et dans les vidéos ! Sur l’album suivant, je vais continuer à parler positif, avec un soupçon de sexe. Et il va y avoir un titre vraiment très chaud. La vidéo devrait être à la hauteur du texte.

Tof : As-tu déjà ressenti de l’homophobie, et si oui était-ce plus du côté du rap traditionnel, ou plus du côté des gay qui ne sont pas forcément fans de rap ?
QBoy :
Je ne traîne pas vraiment dans la communauté Hip-Hop. En général, les autres artistes me supporte et sont très respectueux du fait que je sois gay, anglais et du fait que je me débrouille tout seul, sans me laisser contrôler. Je n’ai jamais eu de manifestation d’homophobie au sein de l’industrie de la musique.
Par contre [RIRES] venant de la communauté gay c’est un autre problème ! Depuis quatre ans, surtout à Londres, le courant principal est plutôt pop. Maintenant les choses changent mais avant c’était difficile d’être aimé si tu ne te conformais pas aux stéréotypes.
La communauté gay en particulier ne comprenait pas que tu aimes porter une capuche et un jean baggy, et que tu ne passes pas tes week-end dans des clubs House ou à faire du shopping avec ton boyfriend. Pour être honnête, ironiquement je trouve que la communauté gay a montré un esprit assez fermé. Heureusement c’est différent maintenant que le Hip-Hop est une culture populaire. Tous les gay qui me critiquaient et qui dansaient sur Kylie Minogue et Madonna, sont maintenant inconditionnels de Beyoncé ou du Missy Elliot !

Tof : A présent, peux-tu me parler de tes projets ?
QBoy :
Je travaille sur mon album. Je travaille aussi sur la production de nouveaux artistes. Je suis toujours en train d’écrire. J’espère que le nouvel album sera dans les bacs au printemps 2005

Tof : As-tu un objectif ?
QBoy :

En tant que dj j’aime faire danser tout le monde sans distinction .
En tant qu’artiste, je ne veux pas être un rapper gay, mais tout simplement m’imposer en tant qu’artiste . J’ai commencé en parlant de moi-même et maintenant je veux pouvoir embrayer sur autre chose. Mon objectif est qu’on me connaisse pour ma musique et pas à cause du fait que je sois gay.

Tof : Merci QBoy ! Nous te souhaitons tout le succès que tu mérites car le moins qu’on puisse dire est que tu ne laisseras pas indifférent

(Crédit Photo : GREG FREDERICK)


Even The Women Like Him – Q BOY
Album en vente sur andjoy.com

Pour voir clip et reportages, direction symbamusic.com




Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les actions des gays et lesbiennes de la SNCF pour la journe mondiale de lutte contre le SIDA

Sidaction : 10 ans déjà !