in

Grégori Baquet :  »Mon rôle dans Grande Ecole m’a quand même assez perturbé »

Aujourd’hui, j’ai rendez-vous avec un hyperactif touche-à-tout …
Il s’agit de Grégori Baquet, sourire avenant et chaleureux, la trentaine discrète, installé juste là, à la petite table, dans l’angle gauche de la véranda de ce café, où nous avons rendez-vous dans quelques minutes.
En 2001, vous l’avez découvert comédien – chanteur lorsqu’il incarnait Benvolio, l’ami blondinet de Roméo dans la comédie musicale triomphante Roméo et Juliette. Il était aussi l’un des trois interprètes du tube Les Rois du Monde.
Réalisateur, scénariste, metteur en scène, musicien, Grégori est aujourd’hui le premier rôle lumineux d’un film – ovni, qui ne va sans doute pas vous laisser indifférent.
Grande Ecole raconte l’histoire de Paul (Grégori ), un jeune bourgeois promis à une prestigieuse carrière, qui réalise la complexité d’une société dans laquelle il tente de trouver sa place. Les évènements vont peu à peu lui faire découvrir qu’assister à la douche collective d’une équipe de water-polo peut être une expérience … troublante !

J’ai voulu savoir comment Grégori avait appréhendé ce rôle surprenant, inattendu, par moment très déshabillé, et surtout aux antipodes de son univers habituel…
Voilà qu’il me fait signe . Suivez-moi à sa table et installez-vous !

Tof : Bonjour Grégori. Je me souviens de toi il y a plus de dix ans dans quelques séries télévisées ( ndlr : Extrême Limite, Le Lycée Alpin ) ou encore plus récemment aux côtés de Corinne Touzet dans Une Femme d’Honneur . Ta biographie est très riche, avec des activités dans des domaines très variés. C’est plutôt un avantage ou un inconvénient ?

Grégori : Le Lycée Alpin ça ne nous rajeunit pas ! [Rires] Bon c’est vrai que le fait d’avoir un éventail d’activités variées peut être mal vu, et ça ne m’a pas toujours aidé, comme si on ne pouvait être bon que dans un seul domaine, mais j’ai tout de même eu globalement pas mal de chance. Toujours avec sept ou huit projets en même temps, je n’ai pas beaucoup de temps pour dormir. Et c’est tant mieux ! Je fais dix mille choses à la fois car c’est pour moi la meilleure façon d’avancer. Je ne suis pas vénal. Ca doit aider aussi . [Rires]

Tof : Parlons de Grande Ecole, le film de Robert Salis dans lequel tu es assez émouvant.

Grégori : Merci ! Il s’agit en fait de l’adaptation de la pièce que Jean-Marie Besset a créé en 1990. L’histoire, en partie autobiographique, raconte l’arrivée d’un groupe de jeunes gens dans l’une de ces Grandes Ecoles où se forment les futurs dirigeants. En proie aux troubles de l’esprit, puis des sentiments, et finalement de la chair, les protagonistes vont se révéler à eux-mêmes, découvrant que la Grande Ecole n’est pas forcément celle qu’on croit .

Tof : Et donc tu es le personnage central, particulièrement chahuté entre son amour pour sa copine, et des penchants homosexuels qui s’imposent à lui .. Tu as du hésiter un moment, notamment à cause des scènes de nu et de sexe entre hommes, avant d’accepter d’incarner Paul ?

Grégori : Je ne sais pas … non pas vraiment. Peut-être parce que je suis hétéro en fait. [Sourire] C’était d’abord un joli rôle, indépendamment de tout ce qu’il raconte. En plus l’évolution du personnage est assez étonnante. Bon effectivement c’est une gageure : En dehors des scènes de nu, -que j’ai lu; on ne m’a pas piégé- il y avait un texte assez lourd. Beaucoup des thèmes abordés me tenaient à coeur : les futurs maîtres du Monde, l’histoire d’amour assez tendue, le message concernant les différences sociales. Dès la lecture du scénario, je me suis dit : « C’est Fort ! »

Tof : Tu as eu du mal à entrer dans le personnage ? Comment as-tu fait ?

Grégori : Comme c’est l’histoire de quelqu’un qui découvre, je me suis laissé allé comme si c’était moi en fait . Plus j’étais vierge, plus c’était facile. En revanche le soir (on tournait au mois d’Aout), j’ai carrément inquiété ma copine qui, rentrant des vacances, me trouvait éprouvé par le tournage, le teint blafard, déprimé etc … En fait avec Grande Ecole c’est la première fois qu’on me donne l’occasion d’aller si loin avec un personnage.



Tof : Le fait que tu sois décoloré dans le film, avait une utilité particulière ?

Grégori : Au départ je devais faire Chouquet (Arthur Jugnot), personnage un peu jovial et rigolo. Et puis au casting, Robert Salis m’a dit « Il faut absolument que tu fasses le premier rôle ! » Evidemment j’ai accepté car un rôle de cette dimension est assez rare.
Je sortais de Roméo et Juliette ou j’étais carrément blanc. Robert Salis m’a demandé de rester blond car ça me donne un côté très pâle. Et puis j’ai accepté avec plaisir parce que ça me permettait de faire la distinction entre moi Grégori Baquet et Paul, le personnage. Parce qu’il faut dire que ce rôle m’a quand même assez perturbé. Malgré tout quand, tu passes trois jours de suite à poil dans les bras d’un mec (ndlr : Salim kechiouche) ben tu te sens bizarre . Et puis à la fin j’avais son odeur sur moi, alors que j’ai plutôt l’habitude du parfum de ma copine . [Rires]

Tof : La nudité masculine est très en avant dans le film, avec des scènes de sexe finalement assez soft, sans pénétration, donc sans aucune allusion à la prévention .

Grégori : Oui mais je crois que ça vient surtout du fait que le film ne devait pas être localisable dans le temps. L’intervention des préservatifs l’aurait clairement situé à partir des années 80 et le réalisateur voulait quelque chose d’intemporel. Et puis, c’est plus une histoire d’amour que de sexe.
C’est d’ailleurs illustré par une phrase du film à laquelle je tiens beaucoup : Un des personnages dit à l’autre : « il n’y a pas d’homos, pas d’hétéros, c’est juste parce que c’est toi ». On ne parle pas réellement de quelqu’un qui se découvre homo mais plutôt qui découvre qu’il peut être attiré par plein de choses. Cela le perturbe considérablement. La grande force du film, c’est qu’on n’a pas décrit cela encore . C’est beaucoup plus intéressant que de dépeindre un simple coming – out. Et puis s’il aide des personnes qui se posent elles-mêmes des questions sur leur identité, c’est tant mieux !

Tof : « Pas d’homos, pas d’hétéros, juste les sentiments » C’est une idée qu’on retrouve aussi dans le film – culte Trainspotting (ndlr : « Plus tard il n’y aura plus d’homos, plus d’hétéros, que des branleurs . »)
D’ailleurs les personnages de Trainspotting ne veulent pas entrer dans les cases que la société a prévu pour eux, et refusent les choix qu’elle les oblige à faire (ndlr : « choisir un job, choisir un ouvre-boîte électrique, choisir la vie etc . ») C’est un peu ce que revendique Paul dans Grande Ecole non ?

Grégori : Tout à fait … Je n’avais pas remarqué ces points communs ! Et j’adore Trainspotting !
C’est une grosse remise en questions sur ce qu’il est et sur ce qui l’entoure . Pourquoi est-il arrivé dans l’Ecole, qui est-il et que veut-il vraiment. Il se demande s’il veut coller à la société ou s’en marginaliser. En fait il veut vivre dans une société où on n’est pas forcé de choisir quelque chose. Il veut « pouvoir choisir de ne pas avoir à choisir »
Pour ma part je pense qu’à force de revendiquer des choses, on catalogue d’une autre manière.

Tof : Quels sont tes projets ?

Grégori : En ce moment je suis dans Zazou, opéra comique de Jérôme Savary aux Folies Bergères, jusqu’au 11 Février. A part ça je fais une lecture d’une pièce Le Soleil Rare dont j’ai le rôle principal au Théâtre de l’ouvre. J’écris un long métrage, une histoire d’amour pour le cinéma que j’aimerais réaliser, ce qui prendra du temps. J’écris aussi une comédie pour la télé, l’histoire d’un mec qui se trouve dans un milieu de femmes.



Tof : Question subsidiaire concernant la photo de l’affiche (très jolie) On peut savoir où tu es dessus ?
Grégori : Hé, hé ! Je suis le deuxième en partant de la droite, le premier c’est Salim .

Rendez-vous le 4 Février en salle, pour découvrir Grande Ecole, film ambitieux qui montre un homme s’épanouir vers une Liberté qui ne lui est pas imposée. Tout comme elle n’est pas imposée à Grégori Baquet, artiste libre, qui ne veut pas, ne peut pas choisir parmi les différents talents qui composent sa palette.
J’avais cru comprendre que je me trouverais face à un passionné, je n’ai pas été déçu : Cela transparaît comme une évidence. Le regard pétillant, il vous raconte son univers et vous donnerait presque envie de le suivre sur un tournage ou aux répétitions d’un spectacle. Gageons que nous n’avons pas fini d’entendre parler de lui, et que Grande Ecole ne laissera personne indifférent .


Lis L’article sur Grande Ecole

Découvre des extraits, et photos de Grande Ecole sur Le site de Grande Ecole

Et enfin visite Le site de Grégori Baquet

Pour commander ce DVD : clique ici





Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Couples binationaux et pacs : Une timide avance

Nord Pas-de-Calais : Agression Homophobe