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25 mai 2011 – Journe Mondiale Hpatites







 



25
mai 2011 – Journe Mondiale Hpatites





L’hpatite
C est une affection d’origine virale, cause par un virus que l’on a
appel non A, non B jusqu’ sa dcouverte en 1989.

L’hpatite C
et la co-infection hpatite C / VIH ncessitent un plan d’urgence
sanitaire. Ce plan d’urgence doit s’articuler entre extension et
diversification des outils de rduction des risques auprs des usagrEs de
drogues, avec des moyens affects la recherche pour largir la palette
de traitements et un accroissement des efforts pour inciter au
dpistage.

Mais rien n’est fait, ou si peu. Le plan de Roselyne
Bachelot-Narquin n’est essentiellement qu’un effet d’annonce, bien en de
de l’urgence sanitaire et des moyens qu’il faudrait mettre en ouvre pour
viter une nouvelle hcatombe. En effet, beaucoup de personnes
co-infectes par le VIH et le VHC se retrouvent dans la mme situation que
les malades du sida au dbut des annes 80.

Face l’absence de
volont politique, Act Up-Paris a dcid, encore cette anne, de faire de
la question de la coinfection la priorit des mois
venir.

Les
chiffres

Selon
l’INVS, 170 millions de personnes (soit 3 % de la population mondiale)
sont touches par l’hpatite C dans le monde et 3 4 millions sont
nouvellement infectes chaque anne.

En France, 232 196 personnes
sont atteintes d’hpatite C chronique, il y a entre 2700 et 4400
contaminations par an, et 2646 dcs par an. De plus, des efforts restent
faire en ce qui concerne le dpistage puisque 43% des personnes ignorent
qu’elles vivent avec le virus. La co-infection VIH-hpatite est un
problme de plus en plus proccupant puisque 35% des personnes vivant avec
le VIH sont aussi co-infectes par une hpatite.

L’hpatite C a un
pronostic svre en l’absence de traitement : elle devient chronique pour
80 90% des personnes (c’est dire qu’elle s’installe dfinitivement
dans le foie), et est susceptible d’voluer terme et de faon insidieuse
vers une cirrhose et/ou un cancer du foie.

Maladie de la
prcarit au centre des ingalits sociales

Cette maladie est
aussi celle de la prcarit : chez les usagrEs de drogues la prvalence
est de 71 84 fois suprieure que dans le reste de la population ;
chez les personnes alcooliques la prvalence y est 6 fois plus
importante ; chez les personnes incarcres la prvalence est 6 fois plus
importante que dans le reste de la population ; et enfin, chez les
personnes vivant de minima sociaux la prvalence est 3 fois suprieure
la population gnrale.

Les
enjeux de la rduction des risques et de l’auto-support chez les usagrEs
de drogues.

Rappel
historique

En
France, les premiers programmes de rduction des risques (change de
seringues, accueil bas seuil , substitution, etc.) ont t mis en place
tardivement en France, alors qu’ils ont par la suite prouv leur
efficacit face au VIH. Ds qu’on a donn aux usagrEs de drogues les
moyens de se protger, ils et elles les ont utiliss, luttant contre
l’pidmie et prouvant leur sens des responsabilits. Les usagErEs de
drogues reprsentent prsent 2 % des nouvelles contaminations aux
VIH.

Malgr le succs incontestable de ces dispositifs, la
rduction des risques est insuffisante en France.
Un tiers des
dpartements dispose d’une seule structure de RDR, 13 d’entre eux n’ont
aucune structure recense. Enfin, plus de 40 villes de 40 000 70 000
habitants n’ont aucun dispositif de rduction des risques.

De
nouveaux enjeux face au VHC

Si un quart des cas d’hpatite C
actuels est d aux transfusions de produits sanguins ralises avant
1992, 70% des nouveaux cas sont lis l’usage de drogues,
principalement par voie intraveineuse. On souponne aussi le
partage de pailles et de pipes crack d’tre l’origine de
contaminations. Prs de 60% des usagrEs de drogues et 28% des
usagErEs de moins de 30 ans sont infectEs .

Le virus de
l’hpatite C est dix fois plus contaminant, et beaucoup plus rsistant que
le VIH (une seringue utilise par une personne infecte reste contaminante
3 semaines, contrairement au VIH qui ne rsiste pas l’air libre). Les
statistiques montrent que la probabilit de transmission du VHC est de 150
800 fois suprieure celle du VIH lors du partage d’une seringue
contamine. Les mesures mises en place pour endiguer l’pidmie de sida
chez les usagErEs de drogues se montrent insuffisantes pour contrler
celle de l’hpatite C. Le message une seringue = un shoot qui a
fonctionn dans le cadre de la prvention VIH, ne suffit plus. Pour se
protger efficacement du VHC, il faut non seulement une nouvelle seringue
chaque shoot, mais aussi renouveler tout le petit matriel (eau strile,
filtre, cuillre…) lui aussi potentiellement contaminant lors de la
prparation et du partage.

Encore faut-il consommer dans de bonnes
conditions, et certainement pas dans la prcarit de la rue, qui rajoute
des situations d’urgence et de prise de risques. C’est pour cela qu’il
faut former les usagErEs l’injection mais aussi mettre disposition des
usagrEs prcaires des endroits pour consommer proprement. L’installation
d’un modle de salle de consommation moindres risques lors de la journe
mondiale des Hpatites le 19 mai 2009, destine exposer un des outils de
rduction des risques qui pourrait rpondre ces enjeux a fait ragir
quelques personnalits politiques et mdias. Mais aujourd’hui, la veille
de la prochaine journe contre les hpatites, il n’y a toujours rien de
concret.

De plus, il y a une mconnaissance des usagrEs de drogues
sur les pratiques mettre en ouvre pour rduire les risques. Ainsi 35%
n’ont pas conscience des risques de transmission du VHC lis au partage du
petit matriel. Sans compter les ides fausses qui circulent entre
consommateurs sur les risques et les moyens de les viter (par exemple
chauffer le mlange dtruit les virus et les bactries, etc.). Il est donc
urgent de mettre en place une campagne d’information en direction des
usagrEs de drogues.
Enfin, la population carcrale a une prvalence 6
fois suprieure la population gnrale. L’usage de drogues et
l’injection sont prsents en prison. Ainsi, dans une tude dans la rgion
PACA en 1999 , 43% des usagrEs de drogues injecteurs actifs avant
incarcration continuent s’injecter en prison ; 21% des injecteurs
incarcrs partagent leur matriel ; 7% se sont initis au shoot en
prison. Comme l’change de matriel d’injection n’est pas disponible en
prison, les seringues circulent entre dtenus, ce qui accrot les risques
de contamination par l’hpatite C et le VIH.



Act
Up-Paris exige :

Des campagnes d’information massives
destination des usagrEs de drogues sur les dangers du VHC et ses modes de
transmission

La mise en place de programmes d’changes de
matriel de consommation (paille, pipe crack, etc.) dans les 13
dpartements o ils sont inexistants

La mise en place
immdiate de programmes d’changes de seringues et de rduction des
risques en prison

L’acclration de l’installation de
salles de consommation de drogues moindres
risques.

Dpistage

Environ
1 personne sur deux ne sait pas qu’elle vit avec un virus de l’hpatite C
chronique.
Plus on attend pour traiter, plus les dgts lis au virus
de l’hpatite C ont des risques d’tre irrversibles et plus les chances
de gurison sont minces. un stade avanc, la prise en charge fait appel
des soins particulirement lourds : elle est aujourd’hui l’origine de
plus de la moiti des cancers du foie et constitue la seconde cause de
transplantation hpatique aprs les cirrhoses alcooliques.

On
s’attend un triplement des cancers du foie en 2025, volution qui
pourrait tre vite s’il y avait eu dpistage et prise en charge
prcoces.

Ignorer tre porteur du virus conduit de plus
transmettre la maladie sans le savoir. Ainsi il existe une mconnaissance
des usagrEs de drogues de leur statut srologique pour le VHC. L’tude
Coquelicot – mene par l’Institut National de Veille Sanitaire entre 2004
et 2007 – rvle que 27% des usagrEs se dclarent srongatifs au VHC
tort alors que pour le VIH, les rsultats dclaratifs et biologiques sont
quasiment concordants : 2% des usagrEs se dclarent srongatifs au VIH
tort. Des usagrEs contaminEs continuent donc de transmettre le virus
sans le savoir. D’o l’importance de permettre un dpistage dans les
centres qui accueillent ces usagrEs souvent prcarisEs, qui auront trs
peu de chances d’aller dans les Centres de Dpistage Anonyme et
Gratuit.



Act Up-Paris exige :

que des
moyens soient donns aux Centres de Dpistage Anonyme et Gratuit, et aux
centres qui accueillent des usagrEs de drogues (CAARUD, CSAPA) pour le
dpistage des hpatites

que le gouvernement investisse
des fonds dans des campagnes de dpistage cibles et grand
public.


Traitements

Il
existe un traitement qui permet de gurir dans 50 80% des cas selon le
gnotype du virus. Le traitement dure de 24 48 semaines.

Les
effets des traitements (fatigue, anxit, pisodes dpressifs, trouble du
sommeil de la concentration…) peuvent tre trs gnants, et peuvent
avoir un effet dsastreux sur la vie professionnelle, sociale et
affective, et encore plus sur les populations cites plus haut, qui sont
trs fragiles. La pnibilit des traitements ainsi que la conservation des
mdicaments exigent d’avoir un logement. Hors, les logements
thrapeutiques ne sont pas accessibles aux malades de l’hpatite C. Cela
exclut des traitements les populations les plus prcaires n’ayant pas de
logement, qui sont pourtant 3,5 fois plus touches par le VHC que la
population gnrale.

Malgr l’existence de traitements, 2600
personnes meurent chaque anne en France, faute d’un traitement efficace :
les hpatites sont la premire cause de mortalit chez les personnes
vivant avec le VIH. Le VIH aggrave le pronostic de l’infection par le VHC,
avec une progression deux fois plus rapide de la fibrose et un risque de
fibrose dcompense 5 fois suprieur. Les personnes co-infectes VIH-VHC,
qui auraient le plus besoin des nouveaux traitements parce qu’elles sont
en danger de mort et qu’elles ne sont pas rpondantes au traitement actuel
(25 40% seulement de succs ), sont actuellement exclues des essais
thrapeutiques parce que les laboratoires pharmaceutiques, pour avoir des
meilleurs rsultats que les autres laboratoires, ne prennent que des bons
patients, et non des patients reprsentatifs des diffrentes ralits de
la maladie.



Act Up-Paris exige :

que les
malades aient accs un appartement thrapeutique pour se soigner
;

que les personnes cirrhoses ou co-infectes avec le VIH
puissent intgrer les essais de nouvelles molcules ds la phase
2.


Recherches

La
recherche publique sur l’hpatite C n’est que du saupoudrage, faute de
moyen. Il n’y a pas de recherche publique fondamentale sur le virus et les
traitements. Mais il n’y a pas non plus de recherche sociale. Or, on sait
que la maladie et les traitements ont des consquences parfois lourdes sur
la vie professionnelle, affective, sociale. On ne sait rien non plus de ce
que sont devenus les malades qui ont guris. Enfin, il n’y a aucune tude
dans les DOM TOM.



Act Up-Paris exige :


que l’ANRS ait les moyens de faire des recherches fondamentales sur le
virus de l’hpatite C, mais aussi que des recherches soient lances en
sciences sociales ;

que des recherches spcifiques soient
faites dans les DOM TOM





Sources
:

SOS
hpatites : Hpatite : La maladie silencieuse – Dossier de
presse

LeMonde.fr : « La prvention de l’hpatite C a 20 ans de
retard sur le sida », le 19 mai 2009

Co-infection : Des progrs
indniables, des obstacles nombreux, par Stanislas Pol, Hpital Cochin ,
25/03/2010 (http://www.vih.org/20100325/co-infection-progres-indeniables-obstacles-nombreux-13252)

Projections
de l’incidence et de la mortalit par cancer en France en 2010,
Inserm

Rotily (M) et al., Drogues et toxicomanies : indicateurs
et tendances. L’usage de drogues en milieu carcral
. dition 1999.
OFDT p198-201

Mdicaments de Substitution Opiace & Milieu
Carcral
, Laurent Michel, Juillet 2009

Le dispositif national
de rduction des risques – Enqute inter-associative – 2006

M.
Jauffret-Roustide et al. Estimation de la sroprvalence du VIH et du VHC
et profils des usagrEs de drogues en France, tude InVS-ANRS Coquelicot,
2004, BEH 33/5 septembre 2006, p. 244-247

INVS, prvalence des
hpatites en France, 2004


 

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