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Installation vidéo et photos:  »Hear Us Marching Up Slowly »




Dorothée Smith n’en fait
pas mystère : son approche du visible, luministe et sombre à la fois, vaut comme
image de l’incertitude des rôles sexués. La question du genre, thématisée depuis
plus de vingt ans par la philosophie (en premier lieu par l’Américaine
Judith Butler) tient une place non négligeable dans l’élaboration
intellectuelle de son ouvre.

 

Mais comme tous les artistes
authentiques et par-delà les enjeux du gender, Dorothée Smith se livre
d’abord à l’exploration d’un univers formel. Certains ont pu repérer dans ses
images un écho de la peinture de la Renaissance, d’autres une veine romantique.
De quoi s’agit-il ? D’une gravité propre à la peinture de portrait florentine,
ou des paysages parfois crépusculaires de ses arrière-plans ? Ou bien de la
ferveur ombrageuse d’un peintre allemand comme Caspar David Friedrich :
un fragment de paysage de la série Löyly ne contient-il pas une sorte de
réplique en miniature de tel de ses pics enneigés ? S’il fallait tenter un
rapprochement qui rendrait mieux justice à la qualité presque piétiste de cette
série (sensible souvent dans d’autres ensembles comme Sub Limis ou Spree), je
pourrais songer, non sans risque, à l’univers du peintre danois Vilhelm
Hammershøï
.

 

Chez lui, un personnage sagement
immobile, debout dans un intérieur où bruit le silence, une femme nue assise ou
simplement quelques losanges de lumière posés par le soleil dans une chambre,
suffisent à transmettre une spiritualité sans embarras. On y retrouvera
peut-être l’austérité de vitrail de quelque église luthérienne de Scandinavie.
Il y a chez Dorothée Smith un tropisme  »nordique », et un
autre vers l’Europe centrale.(.)

 

L’ouvre est profondément enracinée
dans son temps. Dans son monde parfois traversé par une certaine violence, les
visages d’une douceur inexprimable, les yeux perdus, les corps lovés ou offerts
dans les mirages d’une chaude intimité, les tiédeurs de banquise sublimée en
haleine et les horizons sans vie sont polarisés, comme des aurores magnétiques,
par le nouveau mode de défi lancé à la séparation des sexes par le monde actuel.
Il s’agit moins ici de métaphores que de métamorphoses. Cette remise en cause,
souvent perceptible dans les physionomies, semble trouver dans ces scènes de
nature où l’eau, la glace et la vapeur jouent de leur mutabilité, une sorte
d’expression climatique, littéralement comme si les points de congélation ou de
surfusion faisaient office d’acteurs conceptuels de la dichotomie
masculin-féminin devenue vacillante.

 

Installation vidéo et photos:  »Hear Us
Marching Up Slowly » de 27 Janvier au 25 Février – 17 rue des Filles-du-Calvaire
– 75003 Paris


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