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Tribune – Genre : derrire la thorie, des vies et des injustices








Genre : derrire la thorie, des
vies et des injustices


Ce n’est pas la premire fois que les plus
rtrogrades des dputs de la majorit se dressent contre la reconnaissance de
l’identit de genre dans notre socit. Quatre-vingt dputs UMP viennent de
demander au gouvernement de retirer les manuels scolaires de sciences de la vie
et de la terre (SVT) qui expliquent l’impact du contexte socio-culturel sur
l’identit de genre, et les limites du dterminisme chromosomique. En 2004, lors
du dbat sur la cration de la Halde, aujourd’hui disparue, la mme droite avait
rejet l’amendement socialiste visant ajouter l’identit de genre aux motifs
de discriminations combattre. A l’appui de ce rejet, Christine Boutin avait
montr du doigt la « thorie queer », dont la seule origine trangre suffisait
discrditer les apports scientifiques.


Nous sommes bel et bien devant un double
dni de ralit : ralits humaines dont tmoignent les personnes trans chaque
jour ; ralits politiques, qui voient notre socit voluer vers la
reconnaissance des droits des personnes trans sans que le droit franais suive
cette volution.


Comment peut-on encore aujourd’hui nier ces
vies d’hommes et de femmes trans, qui sont autant de preuves que l’identit de
genre ne se rsume pas la biologie ? Ils ou elles sont mdecins, infirmires,
juristes, ingnieurs, chefs d’entreprise, enseignants, militaires, tudiants, en
couple, parents pour certains, ou souhaitant former une famille pour d’autres,
en situation d’emploi ou chmeurs et marginaliss pour beaucoup. Ils ou elles
ont une famille et des proches qui, indpendamment de leurs convictions
religieuses, continuent les frquenter, les aimer, leur souhaiter le meilleur
pour eux et leur avenir, et qui aimeraient bien voir enfin notre socit les
accepter en leur donnant accs leurs droits et des reprsentations dignes, y
compris au sommet du dbat politique. Ce ne sont pas des tres qui utilisent
leur corps transform comme porte-drapeau d’une thorie ou comme illustration
d’un cours de philo. Leurs vies dmontrent que l’identit de genre peut se
construire indpendamment du sexe de naissance, et quelque fois contre le sexe
de naissance. Parce qu’il est ignorant, le droit franais conduit ces hommes et
ces femmes des impasses juridiques, familiales, professionnelles, mdicales
inacceptables.


Les organisations internationales – Nations
unies, Conseil de l’Europe, Union europenne – ont dj pris conscience,
travaill et adopt des rsolutions visant faire avancer le droit des
personnes trans et la reconnaissance de l’identit de genre. C’est le cas de la
rsolution 1728 du 29 avril 2010 de l’Assemble parlementaire du Conseil de
l’Europe. Cette rsolution demande aux Etats membres de lutter contre les
discriminations et les violations des droits de l’homme visant les personnes
transgenres, en particulier en agissant pour qu’ils ou elles aient droit des
documents officiels refltant l’identit de genre choisie, sans obligation
pralable de subir une strilisation ou d’autres procdures mdicales comme une
opration de conversion sexuelle ou une thrapie hormonale.


Faute d’un dbat parlementaire sur la
question de l’identit de genre, les personnes trans subissent aujourd’hui
l’application de rgles jurisprudentielles insupportables. Au sein du groupe
socialiste de l’Assemble nationale, notre groupe de travail rflchit
l’identit de genre et la reconnaissance des droits des personnes trans et
labore une proposition de loi qui, en application de la rsolution 1728,
encadre les conditions de rectification de l’tat civil indpendamment des soins
mdicaux et donc sans obligation de strilit.


La France ne doit pas avoir peur de faire
une place ses citoyens qui traversent des frontires, fussent-elles des
frontires de genre.


Michle Delaunay, dpute de la Gironde
;
Maryvonne Blondin, snatrice du Finistre ;
Gilles Bon-Maury, prsident
d’HES (Homosexualits et socialisme) ;
Pascale Crozon, dpute du Rhne
;
Olivier Dussopt, dput de l’Ardche ;
Martine Faure, dpute de la
Gironde ;
Catherine Lemorton, dpute de la Haute-Garonne ;
Laura
Leprince, dlgue d’HES ;
Jean Mallot, dput de l’Allier.




Gilles BON-MAURY, prsident d’HES

Laura LEPRINCE, dlgue aux questions d’identit de
genre

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