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Dans l’Etat de Géorgie, les géants du Web et du cinéma s’unissent contre une loi jugée anti-gay

L’an dernier, Tim Cook, le PDG d’Apple, avait mobilisé l’industrie américaine contre une loi « anti-gay » adoptée dans l’Etat de l’Indiana. Depuis quelques semaines, c’est Marc Benioff, le PDG de l’éditeur de logiciels Salesforce, qui bat le rappel contre une législation similaire en Géorgie, pour empêcher sa promulgation par le gouverneur républicain de l’Etat. Son appel a été rejoint par les studios de Hollywood, Disney, la NFL (National Football League) et des dizaines d’entreprises nationales.

Adoptée à la mi-mars par le sénat de Géorgie, soutenue par la puissante Eglise baptiste, la loi dite « HB 757 » a officiellement pour but de « protéger la liberté religieuse ». Elle permettrait aux organisations confessionnelles (églises, écoles, associations) de se dissocier d’activités qu’elles jugent contraires à leurs valeurs. Un centre social ne serait pas tenu par exemple de louer ses locaux à un mariage homosexuel. Les associations seraient autorisées à refuser d’employer des personnes dont « les croyances et pratiques religieuses, ou leur absence, seraient en désaccord » avec les leurs. Pour les défenseurs des droits des homosexuels, ce type de langage revient de fait à une discrimination contre la communauté gay et transgenre, d’autant que le même texte de loi se retrouve dans les Etats républicains, en particulier dans le Sud.

Dès février, Salesforce, qui a une filiale de logiciels marketing à Atlanta, Pardot, a fait savoir aux élus de Géorgie que la compagnie envisageait son retrait si la loi était promulguée par le gouverneur Nathan Deal. « La Géorgie essaie d’adopter une loi légalisant la discrimination. Où cette folie finira-t-elle ? », a tweeté Marc Benioff. Avec lui, près de cinq cents responsables de compagnies de premier plan, de Google à Twitter, Apple, Intel, Microsoft, Paypal, Square, Virgin, Yelp, UPS, Wells Fargo, Dow chemical, ont signé une pétition à l’initiative de la coalition d’entreprises Georgia Prospers.

Hollywood veut faire plier le gouverneur

Le 19 mars, à Los Angeles, Chad Griffin, le président de Human Rights Campaign (HRC), l’une des principales organisations de défense des droits de la communauté LGBT, a essayé de mobiliser l’industrie du cinéma. La Géorgie offre en effet des déductions fiscales importantes pour les tournages. Selon les statistiques officielles, 248 films et téléfilms y ont été réalisés entre octobre 2014 et octobre 2015, ce qui représente un gain direct de 1,7 milliard de dollars pour les finances locales.

L’appel a été entendu. Le 23 mars, les studios d’Hollywood se sont joints aux industries technologiques pour faire pression sur le gouverneur, qui a jusqu’au 3 mai pour promulguer la loi. Dans un communiqué au Hollywood Reporter, Disney, dont la filiale Marvel y a tourné Ant-Man, Captain America: Civil War, a menacé de retirer ses productions. « Disney et Marvel sont des entreprises inclusives et, bien que nous ayons de très bonnes expériences de tournage en Géorgie, nous transférerons notre activité ailleurs dans le cas où une loi permettant des pratiques discriminatoires entrerait en application », a prévenu la compagnie. Disney a commencé la réalisation de Gardiens de la galaxie 2 près de Fayetteville, et y prévoit le tournage d’Avengers: Infinity War.

La plupart des grands studios ont également protesté : de CBS à NBC Universal, MGM, Weinstein Company, Time Warner, 21st Century Fox, Viacom et Discovery. Une série d’acteurs et de figures de Hollywood (Aaron Sorkin, Ryan Murphy, Diablo Cody, Lee Daniels, Anne Hathaway, Julianne Moore) ont écrit au gouverneur Deal pour lui demander de mettre son veto à la loi. Selon le bureau du tourisme d’Atlanta, une quinzaine de conventions pourraient être annulées si le texte entre en vigueur, ce qui ferait perdre 6 milliards de dollars à l’économie locale.

En avril 2015, dans l’Indiana, Tim Cook et ses confrères avaient réussi à faire – légèrement – reculer les élus locaux. Quelle que soit l’issue de la confrontation en Géorgie, le mouvement illustre le poids croissant du monde de l’entreprise, aux Etats-Unis, comme force de changement social.

Source : Le Monde




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