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L’Eglise anglicane évite de justesse un schisme sur le mariage gay

Le schisme redouté sur la question du mariage gay a été évité au sein de l’Eglise anglicane. Mais sa tendance libérale sort affaiblie après la décision, annoncée jeudi 14 janvier au soir, dans la cathédrale de Canterbury, de suspendre des instances dirigeantes l’Eglise épiscopale, sa branche américaine qui reconnaît les unions entre personnes de même sexe.

Au terme de quatre journées de conclave à huis clos réunissant 39 primats, l’Eglise anglicane, qui revendique 85 millions de fidèles dans le monde, a estimé que cette décision américaine constituait « une rupture fondamentale par rapport à la foi et à l’enseignement » de la majorité des anglicans. « La doctrine traditionnelle de l’Eglise en ce qui concerne l’enseignement des écritures considère le mariage comme l’union à vie entre un homme et une femme », affirme le communiqué diffusé à l’issue de ce « sommet » dont les évêques africains, hostiles au mariage gay, avaient menacé de quitter, au grand dam de l’archevêque de Canterbury, Justin Welby.

L’Eglise épiscopale des Etats-Unis écartée pendant trois ans

En conséquence, l’Eglise anglicane décrète que « durant trois ans, l’Eglise épiscopale ne nous représentera plus dans les assemblées ocuméniques et interconfessionnelles ». Pendant la même durée, la participation de la branche américaine « au processus de décision sur toutes les questions ayant trait à la doctrine ou au fonctionnement » de l’Eglise est également suspendue.

Juste avant l’ouverture de la réunion, une centaine de responsables anglicans avaient publié une lettre ouverte demandant à l’Eglise d’Angleterre de faire repentance « pour sa discrimination contre les gays et lesbiennes chrétiens ». Ils ont fait part de leur « profonde blessure » après la décision de jeudi soir.

Le conflit n’a fait que s’aggraver depuis l’ordination comme évêque de l’Eglise épiscopale du New Hampshire (Etats-Unis) d’un prêtre ouvertement gay, Gene Robinson, en 2003. Un groupe d’anglicans conservateurs opposé au mariage homosexuel, Gafcon, réclamait des sanctions. Il considère aujourd’hui que la décision annoncée jeudi « ne doit pas être considérée comme une fin en soi mais comme un début ». Estimant que la crise que traversent les Anglicans est « causée par le rejet persistant de la foi biblique et apostolique », les conservateurs se disent déçus de l’absence, dans le communiqué, de « toute référence au besoin de repentance ».

Le poids de l’histoire coloniale

De l’avis même de responsables de l’Eglise anglicane, l’accord trouvé pour éviter le schisme est fragile et ne règle pas le conflit entre ses branches américaines, libérales en matière de mours, et les Eglises africaines qui, au Nigeria, au Kenya et en Ouganda, défendent la pénalisation de l’homosexualité. Stanley Ntagali, l’archevêque ougandais, a même claqué la porte de la réunion de Canterbury après avoir réclamé, en vain, l’exclusion des Eglises américaines.

Le poids de l’histoire coloniale pèse sur cette querelle. Les évêques du Sud refusent de se voir imposer les vues libérales des ex-colonisateurs. L’histoire de l’anglicanisme « est lourde de péchés, a admis Justin Welby, pour tenter d’arrondir les angles. La foi a souvent épaulé l’Empire et a charrié le racisme, l’oppression et le mépris. »

La controverse illustre aussi un changement de rapport de forces entre des Eglises africaines relativement florissantes et une Eglise d’Angleterre en perte de vitesse. Selon des statistiques publiées le 12 janvier, le nombre de fidèles réguliers vient de tomber en dessous de la barre symbolique du million, pour ne représenter que 2 % de la population.

Le Monde



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