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Valeria et Sophy, symboles des incohérences du mariage gay aux Etats-Unis

Elles se sont dit « oui » pour la vie. Pourtant, le mariage de Valeria Tanco et Sophy Jesty n’est pas reconnu par l’Etat dans lequel elles ont emménagé. Elles se sont mariées à New York, où elles vivaient, dès que c’est devenu légal en 2011. A la faveur d’une opportunité professionnelle, elles se sont installées dans le Tennessee, un des 13 Etats sur 50 où le mariage homosexuel est interdit.

De nombreux autres homosexuels, aux Etats-Unis, sont dans le même cas qu’elles. Ce mardi, elles font partie des quatre couples entendus par la Cour Suprême qui veulent se marier ou faire reconnaître leur union. La plus haute instance juridique du pays rendra sa décision fin juin.

Un premier combat contre la justice locale

En juin 2013, la Cour Suprême a déjà déclaré les unions de personnes de même sexe conformes à la Constitution des Etats-Unis, mais laissait les Etats libres de les interdire. Cette fois, elle devra dire si le mariage homosexuel doit être reconnu au même titre que le mariage hétérosexuel, et ce dans tous les Etats. Et rendra peut-être sa légalité à l’union de Valeria et Sophy.

Ensemble, les deux femmes ont déjà mené des batailles judiciaires. Emilia Maria Jesty, leur fille née en mars 2014, est devenue le premier bébé du Tennessee à avoir le nom d’une femme inscrit dans la catégorie « père » de son certificat de naissance. Un statut à moitié satisfaisant pour la famille, obtenu au terme d’un éprouvant combat, explique l’agence Reuters, mais qui donne des droits aux deux parents. Défendre un dossier devant la Cour Suprême leur demande à nouveau beaucoup de temps et d’énergie. « Mais c’est une opportunité pour changer les choses. Comment passer à côte d’un combat si important? », explique Sophy Jesty.

Un père sans autorité parentale

Pour mettre toutes les chances de leur côté dans cette lutte, les avocats sélectionnent des couples stables, auxquels le grand public pourra s’attacher. Valeria et Sophy sont vétérinaires, mères d’un bébé et propriétaires de leur maison. Gregory Bourke et Michael DeLeon se connaissent depuis 32 ans et ont adopté deux enfants. Année après année, leurs photos postées sur Facebook présentent une famille américaine souriante et propre sur elle.

Eux aussi sont habitués aux recours judiciaires. En 2013, ils ont lancé une procédure locale pour faire reconnaître les unions prononcées en dehors de l’Etat, qui n’a pas abouti. Ce lundi, ils défendront leur cas devant la Cour Suprême: leur mariage célébré en 2004 au Canada n’est pas reconnu dans le Kentucky où ils vivent et élèvent leurs enfants.

Devant les juges, ils feront valoir que, n’étant pas mariés dans cet Etat, leurs enfants adoptifs n’ont qu’un seul parent légal. Si celui-ci venait à mourir, ils seraient à nouveau dépourvus de famille. Au quotidien, cette situation inquiète beaucoup Gregory, qui n’a pas d’autorité parentale et ne peut prendre de décisions concernant ses enfants: « Je vis avec la peur de ce qui peut se passer en cas d’urgence médicale. C’est une des choses qui n’arriverait pas si nous étions légalement mariés dans cet Etat. »

Mariages autorisés du 9 au 16 mai

Le mariage gay est pris dans le millefeuille de la justice américaine. Dans tous les Etats qui l’interdisent, il fait l’objet de luttes entre plusieurs cours de justice -au niveau des villes, des comtés ou de l’Etat, par exemple- qui invalident tour à tour leurs décisions. Et chaque Etat ayant sa propre législation, cela donne lieu à autant de cas particuliers.

    Marsha & Glenna have been together for 26 years and are getting married RIGHT NOW!! pic.twitter.com/svqTttWtGI
    – BarbByrum (@BarbByrum) March 22, 2014

Dans le Michigan, quelque 300 couples ont saisi l’opportunité de se marier le 22 mars 2014. Une cour de justice locale a autorisé ces unions, avant qu’une cour d’appel ne les interdise à nouveau, 24 heures plus tard. Marsha Caspar et Glenna DeJong, amoureuses depuis 27 ans, sont les premières à s’être passées la bague au doigt ce jour-là. Un an après, elles regrettent amèrement de faire partie d’un « club privé », même si l’Etat a été forcé de reconnaître leur union, sous la pression d’un juge fédéral cette fois. « Pour chaque couple marié l’an dernier dans le Michigan, il y en a 45 qui n’ont pas eu cette chance », a rappelé Marsha Caspar lors d’une conférence de presse en mars.

Leur histoire n’est pas sans rappeler celle de Kristin Seaton et Jennifer Rambo. Elles sont le premier couple à s’être marié l’an dernier en Arkansas, où les unions ont été légales entre le 9 et le 16 mai, dans la petite ville d’Eureka Springs uniquement. Lorsqu’un juge local a levé l’interdiction, les deux jeunes femmes ont fait la route jusqu’à destination et dormi dans leur voiture devant le palais de justice pour ne pas manquer l’occasion. Au total, plus de 500 licences de mariage ont été délivrées sur cette courte période, avant qu’une cour d’appel ne les interdise à nouveau. Ces mariages ne sont pas reconnus par l’Etat d’Arkansas et sont donc purement symboliques. Fin juin, la Cour Suprême saisira peut-être l’opportunité de donner une valeur légale au document que Kristin et Jennifer brandissent si fièrement.

Le mariage homosexuel est interdit dans 13 des 50 Etats: le Dakota du Nord, le Dakota du Sud, le Nebraska, le Texas, le Missouri, l’Arkansas, la Louisiane, le Mississippi, le Tennessee, le Kentucky, l’Ohio, le Michigan et la Géorgie.

Source L’Express




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