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Canal + zoome Sisteron pour un film contre l’homophobie

Dites-le avec des fleurs comme l’indique le proverbe français. Certains les cultivent dans une optique d’embellissement, lui, il les plante pour essaimer la tolérance. Depuis dix ans, l’artiste anglais Paul Harfleet parcourt le monde en laissant des « pansies » sur les lieux où se sont déroulées des agressions homophobes. « Pansies », un mot synonyme de mépris tristement connu des couples du même sexe quand ils en sont l’objet. Équivalent de « tapette » dans notre langue.

Mais ce terme a une autre facette. En anglais, s’il connote péjorativement une personne homosexuelle, il désigne aussi la fleur Violette. En plantant ces fleurs sur ces lieux de sinistre mémoire, Paul Harfleet marque une transition du dégoût à la beauté, une démarche qui a pris le nom de « Pansy project ».

Déjà présent dans plusieurs pays (Angleterre, USA, Turquie, Chine, Pays Bas, etc.) le projet « Pansy » arrive en France à l’occasion du 17 mai 2015, Journée mondiale de lutte contre l’homophobie. Il a séduit deux réalisateurs indépendants Lionel Bernard et Jean-Baptiste Erreca.

« À voir les foules d’opposants réunies dans notre pays pour empêcher une catégorie de la population d’obtenir un droit lors du mariage gay, nous tenions à faire quelque chose contre l’homophobie, indique Lionel Bernard. Mais nous ne voulions pas tourner un documentaire larmoyant sur ce sujet. Cette entreprise d’Harfleet qui équivaut à faire pousser la beauté sur du fumier, manifeste un engagement plein d’espoir. Le signe d’une évolution possible des mentalités. »

« Nous ne voulions pas tourner un documentaire larmoyant sur ce sujet »

Depuis le début de l’année, les caméras de la société de production Bangumi accompagnent l’artiste anglais à travers la France. Paris, Lille, Strasbourg, Lyon, Avignon… Sur leur passage les fleurs éclosent. Avec des moments forts.

Mercredi, l’équipe de tournage est arrivée à Sisteron et a procédé à des prise de plans au rocher de la Baume et à travers la ville. Paul Harfleet y rencontrait Nathalie Sarlat, une Avignonnaise pratiquant l’escalade et membre de l’association SOS homophobie. L’une des sept intervenantes du documentaire. « Il s’agit de faire bouger les préjugés, souligne-t-elle. Il n’y a aucune honte à exposer les mauvaises expériences auxquelles sont confrontés les gays et lesbiens. Au contraire c’est thérapeutique. » Depuis trois ans elle intervient à la Cité scolaire pour sensibiliser à la lutte contre l’homophobie. Hier Paul Harfleet est intervenu à ses côtés au collège.

Ce documentaire « Les pensées de Paul » d’environ une heure s’achèvera le 17 mai, Journée mondiale de lutte contre l’homophobie, au Trocadéro. « 500 personnes sont attendues avec une fleur dans la bouche », indique Jean-Baptiste Erreca. Il sera diffusé en septembre ou octobre lors de la 20e Nuit gay de Canal +.

3 questions à Paul Harfleet, artiste : « Marquer ces endroits »

Comment vous est venue cette idée de planter des fleurs ?
Paul Harfleet : Il y a dix ans à Manchester, j’ai subi trois agressions homophobes le même jour. Je voulais marquer ces endroits d’une certaine façon et penser aux mémoriaux qu’on dressait au bord des routes.

Quels ont été les moments forts du tournage ?
Paul Harfleet : À Lille où un étudiant a été agressé. À Paris, nous avons revécu la scène où deux personnes ont été violemment frappées près de la gare Montparnasse en 2014. Mais le documentaire ne se limite pas à ces actes odieux. Il est aussi porteur d’espoir. À Strasbourg où nous abordions l’homophobie dans la religion, les représentants de trois religions ont prié tous ensemble à l’église Saint Guillaume en faveur des homosexuels. Un moment formidable.

Et pourquoi Sisteron ?
Paul Harfleet : L’association SOS homophobie intervient régulièrement auprès des élèves de la Cité scolaire Paul Arène. En son sein la plantation d’une fleur est symbolique, un hommage à l’éducation des enfants.

La Provence




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