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Une pensée pour les victimes d’homophobie

Il enserre le petit pot de pensée au creux de ses mains, presque religieusement, le regard baissé. « Action! » Le pas est sûr. Direction le petit coin de terre, lieu symbolique de la plantation. Depuis dix ans c’est chaque fois la même émotion pour Paul Hartfleet. L’artiste conceptuel anglais en a fait son cheval de bataille : répertorier des sites où des actes homophobes ont été perpétrés et y planter une pensée, pour ne pas oublier. En Anglais, pensée se dit pansy, en argot ce mot désigne aussi un homosexuel.

« The Pansy Project » est né il y a dix ans à Manchester, sur le lieu où Paul, lui-même, eut à subir de terribles maux. Depuis, il parcourt le monde en « pélerin-jardinier » de la résistance pacifique. Partout où ont été recensées des victimes (cela va de la simple insulte aux attaques violentes, voire aux meurtres), il plante, photographie et intitule son happening.

Depuis deux semaines, il est pour la première fois en France pour vivre une nouvelle expérience de son « pansy project ». Etre au coeur d’un film documentaire de 52 mn, qui sera diffusé en septembre prochain lors de la 20e Nuit Gay de Canal+. Une véritable immersion, aux côtés des victimes, à passer du temps en leur compagnie, à écouter leurs témoignages. Un voyage qui bouscule les codes de son travail, l’émotion à fleur de peau.

« C’est planter une fleur sur du fumier »

Le réalisateur Jean-Baptiste Erreca (qui était au tout début de l’aventure « Nuit Gay ») et Lionel Bernard, co-auteur, ont lancé il y a un an les appels à témoignages. L’équipe de tournage a pris la route, il y a deux semaines. Une étape, une scène de vie. « Il faut que les personnes se sentent rapidement en confiance, explique Jean-Baptiste Erreca. On leur demande de livrer des instants douloureux. Je tiens à la spontanéité. C’est pourquoi nous faisons souvent qu’une prise ». Et surtout ne pas tomber dans le pathos, « c’est un message de lutte ». « C’est planter une fleur sur du fumier » assène Lionel Bernard.

L’entreprise est très souvent perçue comme une forme de thérapie pour les témoins.

Mardi et mercredi, la troupe était en terre avignonnaise. Là où Louisiane vécut plusieurs formes de reniement dont celui de sa famille à l’âge de 16 ans. « Ce tournage est une des meilleures choses qu’il me soit arrivée, raconte-t-elle dans un large sourire. Cette équipe recherche la vérité pas le sensationnel ».

Hier c’est devant la gare TGV que Paul, Louisiane et son amie ont planté une pensée (la veille c’était place des Corps-Saints et devant la médiathèque Ceccano). Un choix voulu par la jeune femme car suggérant le voyage, le départ pour une nouvelle vie. Louisiane réside aujourd’hui à Paris, est une brillante étudiante (double licence Droit-Economie) et rêve de devenir journaliste. Le regard rivé sur un futur aux mille couleurs.

D’autres messages d’espoir émaillent ce documentaire, comme celui tourné à Strasbourg réunissant les communautés chrétienne, musulmane et juive pour une prière contre l’homophobie.

    Paul Hartfleet a commencé par planter des pensées, il y a 10 ans, pour marquer sa propre expérience de l’homophobie dans les rues de Manchester. Maintenant il plante des pensées pour d’autres, photographie ces happenings. Un peu partout dans le monde (USA, Angleterre, Turquie, Chine, Pays-Bas…). Les oeuvres sont ensuite diffusées sur les réseaux sociaux et sur le site du « pansy project ».

    En France, sept villes ont été choisies pour le documentaire (dont Lyon, Lille, Avignon, Sisteron…). Au bout des trois semaines de tournage, et pour une grande scène finale, le 17 mai (journée internationale de lutte contre l’homophobie) il invitera le public à un grand geste de résistance pacifique…une pensée dans la bouche.

    www.thepansyproject.com

Source :La Provence




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