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Victime d’homophobie, Kévin a vécu un calvaire professionnel

Il a gagné. Mais, au-delà des mille euros de dommages et intérêts que lui a alloués le conseil de prud’hommes, c’est bien la reconnaissance du harcèlement moral, dont Kévin a été l’objet, qui donne un peu de baume au cour à ce jeune habitant de Rebréchien.

Cette lamentable affaire, où l’intolérance se dispute à la bêtise, débute en juin 2013. Kévin, 16 ans, achève sa première année de CAP vente au centre de formation des apprentis d’Orléans.

Des réflexions sur sa tenue vestimentaire

Un contrat d’apprentissage lie l’adolescent à un boulanger de Fleury-les-Aubrais. « Alors que la première année de cette formation en alternance s’était bien passée, la patronne a demandé à rencontrer ma mère. Elle lui a demandé si j’avais une différence sexuelle par rapport à des manières que j’avais ».

La maman de Kévin n’a aucune raison de dissimuler l’homosexualité de son fils. D’autant que ce dernier est parfaitement à l’aise avec son orientation sexuelle.

À la rentrée de septembre cependant, le ton change. « On a commencé à me faire des réflexions sur ma tenue vestimentaire. Je portais pourtant un tee-shirt, un jean, des baskets, tout ce qu’il y a de plus banal. Mon patron m’a reproché de m’habiller en clown », rapporte Kévin. « Je ne comprenais pas ce qui leur arrivait ».

Par la suite, les humiliations se multiplient. L’adolescent, qui accuse à l’époque une surcharge pondérale, se voit traiter de « gros porc ». Mais le pire reste pourtant à venir.

« On me poussait »

Début décembre, Kévin prend connaissance de son planning. Et constate que les horaires légaux ne sont plus respectés. On le contraint à être présent à la boulangerie dès 5 heures du matin, alors que la boutique ouvre deux heures plus tard.

Les jours de repos disparaissent et il lui arrive d’enchaîner cinq jours de cours après une semaine de travail.

Aux brimades, succèdent bientôt les agressions physiques. « On me bousculait, on me poussait », raconte Kévin. À l’époque, l’adolescent n’a qu’une idée en tête : tenir bon pour décrocher son CAP. « J’essayais de tenir le coup, mais mon moral était au plus bas. Je ne dormais plus la nuit?; je pleurais tous les matins?; je vomissais?; j’allais travailler la boule au ventre. J’avais l’impression que tout était de ma faute. À ce moment-là, j’ai vraiment pensé à me foutre en l’air », témoigne le jeune garçon, confronté pour la première fois de sa vie à une telle hostilité.

Kévin, qui a perdu trente kilos, finit par alerter la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) qui, après avoir mené son enquête, conseille au jeune homme de se mettre en arrêt maladie.

À son retour, la situation s’aggrave encore davantage. « On me faisait ramasser les mégots dehors. Je n’avais plus le droit de fumer dans la cour, parce que je pourrissais leur oxygène ».

« Habillé en travelo »

Le Direccte finit par mettre autoritairement un terme au contrat de travail et invite l’adolescent à saisir les prud’hommes. Kévin se rapproche du Groupe action gay et lesbien du Loiret (GAGL45) qui le soutient et l’aide à monter son dossier.

Son visage esquisse une moue de dégoût lorsqu’il évoque les propos tenus par l’avocat du boulanger à l’audience. « On a dit que je venais travailler habillé en travelo et maquillé, que je faisais des avances aux clients ».

En novembre dernier, les prud’hommes ont reconnu l’existence d’un harcèlement moral. Kévin a bien décroché son CAP et exerce aujourd’hui la profession de vendeur dans. une autre boulangerie.

« Aujourd’hui, j’ai repris confiance en moi. Je sais que je ne me laisserai plus faire », confie le jeune homme.

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Le GAGL 45 peu sollicité
Des témoignages de harcèlement, à l’image de celui vécu par Kévin, semblent très rares dans le milieu de l’apprentissage. « Nous sommes parfois sollicités par des personnes qui considèrent être victimes de harcèlement homophobe au travail », observe Christophe Desportes-Guilloux, du Groupe action gay et lesbien du Loiret (GAGL45). Mais, ce dernier souligne que peu de sollicitations ne signifient pas l’inexistence de cette homophobie. « Il ne faut pas hésiter à en parler aux associations », poursuit-il. Actuellement, le GAGL 45 travaille sur deux dossiers dont un où le harcèlement semble avéré. « Notre objectif, ce n’est pas de mener tous les dossiers en justice. Nous préférons, dans la mesure du possible, régler ces affaires « à l’amiable » ».

> Pour contacter le GAGL 45 : 02.36.47.60.88.

Source : La Rep



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