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Recrudescence d’incidents homophobes ou racistes sur les campus

Jeudi 20 février, jour d’élection à l’université Lyon-III, François Billy, sympathisant de l’UNEF, tracte avec un camarade : « Il était 17 heures quand on a vu un groupe de sept hommes et trois femmes habillés en noir, blousons de cuir et rangers, et se réclamant du GUD , s’en prendre à nos tracts. J’ai eu le malheur de dire que ce n’était « pas très intelligent » et je me suis pris un coup de casque de moto sur la tête. J’ai eu le réflexe de me protéger avec la main. » La troupe disparaît avant que le service de sécurité n’arrive et François Billy s’en tire avec un hématome à la main. Il a déposé plainte et la vidéosurveillance permettra peut-être d’identifier les agresseurs.

Le 27 février, sur les réseaux sociaux, apparaît une caricature représentant un gros rat (emblème du GUD) qui tabasse, avec un casque, un étudiant, ainsi légendée : « Face à l’UNEF, ayez le bon réflexe. » En réponse, le syndicat étudiant a déposé une nouvelle plainte, à Paris, pour incitation à la haine.

Les étudiants de l’université de Dijon ont découvert, mardi 4 mars, sur le mur extérieur de l’établissement, deux tags d’une même main : « Vive la France » et « A mort LGBT » (pour lesbien, gay, bi et trans). Le président de l’université de Bourgogne, Alain Bonnin, a dénoncé sur son compte Twitter un « acte antirépublicain ».

L’incident n’est pas isolé : en novembre 2013, une statue du campus était vandalisée avec le slogan « Hollande démission » signé « ONLR » pour « On ne lâche rien », mot d’ordre des partisans de la Manif pour tous. « Les manifs anti-mariage pour tous ont donné des ailes à ces extrémistes », juge Jean-Baptiste Bourdillon, de l’UNEF Dijon.

Et le phénomène s’étend : les murs de l’université Toulouse-I Capitole et de divers locaux ciblés (association locale LGBT, siège du NPA) ont, le 19 février, été recouverts de croix gammées, de croix celtiques – symbole repris par plusieurs groupuscules d’extrême droite – et de sigles OAS, du nom de l’organisation clandestine terroriste qui milita pour l’Algérie française. Le forfait s’est produit durant le week-end : « Je suis persuadé qu’il ne s’agit pas d’étudiants de chez nous », affirme le président de l’université, Bruno Sire.

A Strasbourg, le 9 février, on pouvait lire, sur les murs de la bibliothèque de l’université « Alsace nationaliste » et « La France aux Français », assorties d’une fleur de lys stylisée, symbole du Renouveau français, mouvement se disant « pour la renaissance nationale ». « Ce n’est qu’un incident d’une longue série, et ils vont crescendo », témoigne Flavie Linard, présidente de l’UNEF Strasbourg, qui se souvient des tags « A mort les socialistes », des autocollants et affiches siglés GUD ou encore des distributions de journaux Action universitaire française. « On ne voit jamais les fauteurs de troubles, ce qui me conduit à penser qu’il s’agit d’éléments extérieurs », confirme l’étudiante, à l’origine, avec d’autres associations, d’un comité de vigilance.

« Un sale climat s’installe aussi à Clermont-Ferrand », juge Pauline Maximi, militante de l’UNEF. Un drame a même été évité de justesse, le 17 janvier, lors du concert organisé par Réseau universitaire sans frontières (RUSF), en soutien à une famille arménienne expulsée. Un skinhead, Kevin Pioche, a tiré des coups de feu, faisant deux blessés légers. Il a été, depuis, condamné à deux ans de prison ferme. Mais les militants UNEF et RUSF se sentent toujours menacés, puisque, début février, les murs de la faculté de lettres ont été graffités de slogans « Europe jeunesse génération » et « Pasaran quand même », référence au régime franquiste.

Angers, Poitiers, Bordeaux, Orléans, Nantes, Rennes ont aussi eu leurs lots d’incidents. « Tous ces groupuscules d’extrême droite se structurent et sont de plus en plus visibles », juge Julien Blanchet, président de la FAGE, qui tient désormais une minutieuse comptabilité de leurs manifestations.

Source : Le Monde



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