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L’homophobie, monnaie courante chez Pizza Hut ?

«Alors, est-ce qu’il est pédé ? » C’est une des questions que la directrice du magasin Pizza Hut de Créteil (Val-de-Marne) aurait lancé à quelques employés. Une des nombreuses invectives homophobes dont Lucas (1), vingt-trois ans, livreur en CDI à mi-temps depuis huit mois, a été la cible de la part de sa manager mais aussi de la part d’autres salariés. « C’est ma manager qui a commencé à demander à mes collègues si j’étais homosexuel. À partir de là, les uns et les autres ont suivi en me lançant des insultes du genre « hé sale pédé ! ». Je ne répondais pas en me disant que ça finirait bien par s’arrêter », explique Lucas, arrêté par son médecin depuis le 2 février et sous antidépresseurs. La goutte d’eau, ce fut une convocation de la manager. « J’étais presque sûr qu’elle voulait me virer. Mais je n’ai rien à me reprocher, je suis toujours à l’heure, je fais mon travail. C’est injuste, je me suis dit qu’il fallait parler. » Certains de ses collègues supportent mal ces « blagues insistantes » et prennent la défense de Lucas. « La manager n’arrêtait pas de le chercher, elle le trouvait trop timide et lui reprochait de ne pas répondre au téléphone alors qu’il est livreur », raconte un témoin.

Il y a un mois, le délégué du personnel, Hichem Haktouche, est alerté de ce cas de harcèlement et pose la question à la direction de Pizza Hut lors de la réunion des délégués du personnel du 22 janvier. « Question 26 : est-il normal qu’un manager pose des questions sur l’orientation sexuelle des employés pendant leur service ? Réponse : non. » Hichem Haktouche n’aura pas la possibilité d’approfondir le sujet, ni de savoir ce que Fanny Lhote, directrice des ressources humaines chez Pizza Hut Delco France, compte faire pour faire cesser ces comportements homophobes.

Le 6 février, le délégué du personnel demande l’ouverture d’une enquête conjointe (direction et délégué du personnel) sur la situation de Lucas. Pas de réponse. En revanche, il ne tarde pas à recevoir, comme trois autres salariés, une convocation « pour entretien préalable à une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement ». Premier sur la liste, le délégué se voit reprocher quatre livraisons tardives. « Cela a duré cinq minutes. J’étais très surpris, je pensais qu’ils avaient des choses graves à me reprocher », ironise-t-il. Aujourd’hui, c’est au tour de deux collègues d’être convoqués par la direction. Intimidation ? Quoi qu’il en soit, la direction, qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, n’a vraisemblablement pas convoqué la manager mise en cause pour ses propos homophobes. Lucas, lui, veut continuer à travailler comme livreur mais refuse d’être en contact avec sa supérieure. Aujourd’hui, les syndicats donnent rendez-vous aux salariés qui souhaitent les soutenir devant le siège de Pizza Hut, à Paris, 39, rue de la Bienfaisance (8e). Cela ne s’invente pas…

(1) Le prénom a été modifié.

Ixchel Delaporte, L’Humanité.

Source : L’Humanité



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