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Nouvelle-Calédonie: le mariage gay fait son nid

Beaucoup de bruit pour. pas grand-chose. C’est un peu ce que l’on retient du mariage gay en Nouvelle-Calédonie neuf mois après l’adoption de la loi Taubira. « Il n’y avait pas de quoi en faire tout un plat » s’exclame Olivier Testemalle, coprésident d’Homo-Sphère, association pour la défense des droits des personnes homosexuelles. Après avoir ferraillé contre le mariage homosexuel en Métropole, la Manif pour tous a réussi à faire reculer le gouvernement sur la loi de la famille qui ne verra pas le jour cette année. La Nouvelle-Calédonie, malgré deux Manif pour tous, semble avoir tourné la page. Mais contrairement à certaines croyances, les couples gays du Caillou ne se sont pas rués dans les mairies. Nous avons fait le tour des municipalités et recensé onze mariages gays sur un total de plus de 630 en 2013, représentant ainsi 1,7 % des unions. « Fallait pas croire qu’ils allaient s’engouffrer comme ça dans le mariage, signale Olivier Testemalle, aujourd’hui les gens se marient moins ». A titre de comparaison, l’Hexagone a compté, en 2013, 7 000 mariages entre personnes de même sexe sur un total de 238 000 unions, soit 3 %.

D’âge plutôt mûr, les couples qui se sont dit oui ont généralement de longues années de vie commune derrière eux et cherchent à préserver leur patrimoine. « Mon ami a eu un accident, c’est là qu’on a réalisé qu’on n’était pas protégé », explique Sylvain Limousin-Gauchet, 46 ans. Rolls Royce, lâcher de colombe, quatre photographes et 250 invités : le couple a choisi d’entrer dans le mariage par la grande porte. « ça faisait quinze ans qu’on attendait. On voulait un beau mariage justifie Sylvain. Tout le monde a joué le jeu, se réjouit le « wedding planner » bien connu dans le business du mariage. La mairie a même mis les petits plats dans les grands. » Assumé sous le feu des projecteurs, ce mariage témoigne d’une volonté de faire évoluer les mentalités. « C’est dommage que d’autres le fassent en catimini », fait remarquer Sylvain. A Nouméa, ils ne sont pas tous du même avis. Steph, trentenaire homosexuel, apparente la cérémonie d’un mariage gay à une « parodie ». « Je peux comprendre que ça dérange, concède le jeune homme. Je suis pour la reconnaissance du duo, mais ils auraient aussi pu faire un copier-coller des droits du mariage et appeler ça autrement. » Warren, 28 ans, abonde dans le même sens. « En voulant accéder au mariage, la seule chose que les gays désirent c’est d’être l’égal des hétérosexuels. (.) Ce qu’ils souhaitent c’est accéder aux représentations d’une symbolique, pas à ses valeurs. Car nul besoin d’une cérémonie pour les obtenir. »

Dans le Nord, seulement deux mariages ont été célébrés pour l’instant. A Pouembout, le couple n’a pas souhaité s’exprimer. Mariées à Poindimié, Hélène et Marcella Férré-Toromona, ont accepté que leur cérémonie soit médiatisée. « Après 24 ans de vie commune, on l’a fait pour une question de patrimoine, mais aussi pour secouer le cocotier, souligne Hélène. Respectivement 60 et 58 ans, le couple était bien connu dans la petite ville, pour y avoir vécu seize ans. « A part deux-trois curieux malsains », la petite cérémonie n’a pas fait de remous, rapporte Sandrine Baille, 7e adjointe au maire qui a célébré leur union. « Les gens sont même venus nous féliciter », évoque Marcella, un sourire aux lèvres. « Après, on peut dire qu’on faisait partie des murs, nuance Hélène. Tout le monde nous connaissait et nous acceptait telles quelles. » Le fait que l’une soit Métropolitaine, et l’autre Polynésienne y est aussi certainement pour quelque chose. Car la culture mélanésienne ne cautionne pas le mariage gay. Si certains maires esquivent la question, d’autres font la part des choses entre avis personnel et devoir républicain. « Je suis élu de la République, j’applique les lois. Ni plus ni moins », résume le maire de Dumbéa, Georges Naturel. Même discours du côté de Poindimié. « Il n’y a pas à porter de jugement, on applique la loi et c’est tout », tranche Sandrine Baille. « Je pense que les maires sont plutôt conscients de la loi républicaine, commente Olivier Testemalle, avant de soulever une question pertinente. Les onze couples mariés ont-ils changé la vie des Calédoniens ? »

Source : Les Nouvelles Calédoniennes




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