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Annonce du plan vih-sida : du show et d’effroi pour les associations

Les associations soufflent le chaud et le froid suite à l’annonce dans le quotidien Libération hier des grandes lignes du plan VIH-sida 2010-2014, fortement remanié après les vives critiques concernant le préprojet proposé en juin dernier. A l’actif du ministère de la Santé, la reprise des propositions expertes et associatives sur le sujet en annonçant la généralisation du dépistage volontaire, la prise en compte des nouveaux modes de prévention et la mise en place d’une gouvernance effective pour le suivi de ce plan. Au passif, l’incertitude quant aux mesures concrètes qui seront adoptées, l’incertitude sur les moyens financiers réels qui seront consacrés et surtout l’adoption par la majorité parlementaire d’une mesure affectant la prise en charge médicale des étrangers malades sur le territoire français.

«UN VIRAGE A 90 DEGRES» PAR RAPPORT AU PRÉPROJET SALUÉ MAIS CELA NE RESTE POUR L’HEURE QU’UN «DOCUMENT DE TRAVAIL»

Ainsi, le président du Conseil National du Sida (CNS) qui avait été très critique sur le projet initial qui lui a été soumis pour avis s’est déclaré à titre personnel satisfait de cette annonce tout en attendant de voir le détail des mesures. Pour Willy Rosenbaum, interrogé par l’AFP, cette «version préliminaire, où il reste tout un ensemble de choses qui ne sont pas finalisées», constitue «un virage à 90 degrés par rapport à celui de juin, sur des options importantes» mais il y a encore «beaucoup de contradictions dans la déclinaison, dans la mise en oeuvre». Le CNS examinera le 14 octobre prochain dans le détail le plan gouvernemental.

Son collègue et directeur de l’agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites (ANRS), Jean-François Delfraissy, se montre tout aussi prudent tout en donnant un satisfecit, soulignant les «avancées pour le dépistage», conformes aux projets de recherche menés par l’agence, et l’idée d’«outils de prévention plus précoces». Mais celui qui avait poussé, à la veille du dernier Sidaction un cri d’alarme quant au financement de son agence rappelle que sur le sujet, «au niveau budgétaire il faut que ça suive».Roselyne Bachelot a assuré disposer d’un arbitrage budgétaire positif avec 1 milliard d’euros programmés sur 5 ans.

Pour Bruno Spire, le président de Aides interrogé par Public Sénat, «On est très favorable au plan qui a été proposé» mais «On est simplement inquiets des conditions dans lesquelles ce plan va se réaliser, notamment pour les populations migrantes qui sont particulièrement concernées».

«DES MINISTRES DE L’INTÉRIEUR ET DE L’IMMIGRATION QUI FONT UNE POLITIQUE AUX ANTIPODES DE CELLE DU MINISTRE DE LA SANTÉ»

Aides a déjà souligné que «pendant que Roselyne Bachelot organisait la fuite dans la presse du futur plan, qui comporte une partie thématique sur la prévention et l’accès aux soins des populations immigrantes / étrangères, l’Assemblée Nationale votait un amendement restreignant le droit au séjour pour les étrangers gravement malades».

Pour Bruno Spire, comme Sidaction ou d’autres associations, c’est le gros sujet de fâcherie. Cet amendement du député UMP Mariani, adopté par l’assemblée mardi dernier, prévoit de restreindre l’accès à un titre de séjour aux étrangers atteints d’une maladie grave. «On a l’impression que le Parlement est en train d’essayer de détruire ce que Roselyne Bachelot a fait en votant des lois sur l’immigration pour que les étrangers sans papiers ne puissent plus se faire soigner en France» estime Bruno Spire.

Roselyne Bachelot s’est clairement démarquée de sa majorité parlementaire, déclarant sur Europe 1 que la France «ne renvoie pas dans son pays un malade porteur du Sida ou porteur d’une hépatite». «La France est un pays extrêmement généreux et il faut que la France le reste» a-elle ajouté avant d’indiquer qu’elle sera «extrêmement vigilante» sur cette question. Mais les commentateurs politiques l’estime partante de son poste ministériel lors du remaniement qui devrait intervenir le mois prochain.

L’objectif de la Ministre de la Santé est de faire baisser à 5 ans de moitié le nombre annuel de contamination, qui s’élèverait à plus de 7.000 par an, et de diminuer la mortalité par deux. Le plan définitif et détaillé devrait être présenté à la fin du mois.

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Reportage de France 2 sur le sujet







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