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Avalanche de réactions suite à l’amalgame pédophilie-homosexualité du numéro 2 du Vatican

Nous évoquions les propos tenus par le secrétaire d’Etat du Vatican en voyage au Chili qui déclarait ce lundi 12 avril qu’il y avait «un lien entre l’homosexualité et la pédophilie» et qu’il n’y avait pas lieu de débattre de la question du célibat des prêtres alors que les scandales pédophiles se succèdent dans l’Eglise (article). «De nombreux psychiatres et psychologues ont démontré qu’il n’existe pas de relation entre le célibat et la pédophilie, mais beaucoup d’autres – et on me l’a dit récemment – ont démontré qu’il existait un lien entre l’homosexualité et la pédophilie. La vérité est celle-ci et le problème, c’est cela» a ainsi affirmé le cardinal Bertone.

LES ASSOCIATIONS LGBT SCANDALISEES

Les réactions n’auront pas tardé et c’est une avalanche de critiques. Pour l’Inter-LGBT, il s’agit d’un «amalgame honteux». «Les autorités religieuses catholiques vivent une grande crise, mais pour autant en faire porter la responsabilité aux « homosexuels » et à l’homosexualité est une atteinte à la dignité des personnes» estime l’inter-associative pour qui ce «dérapage de plus (nous) montre finalement qu’il existe une vraie rupture entre les autorités religieuses catholiques et le reste de la société».

David et Jonathan, mouvement homosexuel chrétien, se dit tout autant «révulsé» par les propos du cardinal qui «n’avance jamais les preuves de ses allégations». La position du Vatican est soulignée par le mouvement qui rappelle par ailleurs l’instruction approuvée par le pape qui, depuis novembre 2005, interdit l’ordination d’homosexuels pour «parer tout risque» de pédophilie dans le clergé. «La hiérarchie catholique passe maintenant à l’offensive et veut faire diversion en allumant des contre-feux» estime encore l’association d’homos chrétiens estimant que les responsables religieux «ne font qu’ajouter la honte de l’homophobie à l’infamie de la pédophilie».

La Fédération LGBT interpelle quant à elle le cardinal Vingt-Trois ainsi que le nonce apostolique à Paris. «Nous leur demandons solennellement de transmettre au Vatican notre colère suite à ces propos afin d’obtenir le retrait de ces allégations mensongères par l’intéressé et des excuses au plus haut sommet de l’Église catholique pour avoir établi un amalgame indigne et avoir exposé délibérément les personnes homosexuelles à la haine» peut-on lire dans le communiqué de la fédération.

Le Collectif Contre l’Homophobie condamne tout autant les propos du cardinal Bertone et interpelle également les dignitaires religieux français. Hussein Bourgi, son président s’interroge : «la hiérarchie de l’Eglise catholique serait-elle déconnectée des réalités quotidiennes vécues par sa base ? la hiérarchie de l’Eglise catholique renouerait-elle avec ses vieux démons, qui l’ont conduite à ostraciser, à excommunier et à persécuter les homosexuels pendant des siècles et des siècles ?».

Les socialistes LGBT d’HES se placent sur le terrain politique quant à eux et rappellent que le Vatican s’oppose avec constance aux droits des personnes LGBT et de leurs familles. En 2003, le Vatican a publié des «considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles», rédigées par Joseph Ratzinger, dans lesquelles on pouvait lire que «tous les fidèles sont tenus à s’opposer à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles». En 2008, le Vatican s’est opposé à la déclaration relative aux droits de l’Homme, à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, adoptée par 66 membres de l’Assemblée générale des Nations unies.

Emmanuel Blanc, le Président de GayLib, mouvement LGBT associé à l’UMP, a pris la plume et blogué sa lettre au cardinal dénonçant le fait de trouver «comme au bon vieux temps de l’Inquisition, un bouc émissaire à qui faire porter le chapeau de vos propres errements».

Dans la même ligne, l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) juge «consternant qu’en 2010, l’Eglise catholique revienne à ses positions les plus obscurantistes et véhicule autant de clichés et de haine homophobe». A forciori, l’association estime que «ces propos sont d’autant moins acceptables qu’ils sont destinés à détourner l’attention sur le scandale des prêtes pédophiles et sur les débats internes liés à cette affaire qui agitent l’Eglise».

Le CGL Paris quant à lui rappelle que ces propos sont intervenus alors que le thème de l’IDAHO, journée mondiale de lutte contre l’homophobie du 17 mai, est cette année : «Religions et homosexualité». Christine Le Doaré, présidente du Centre, rappelle encore si besoin que «l’homosexualité est une orientation sexuelle, la pédophilie est une pathologie criminelle, elles n’ont rien de commun».

Le Comité IDAHO justement condamne cet exemple d’homophobie «la plus crasse» alors que«Les affaires de pédophilie se multiplient. Secouée par une vague sans précédent, le Vatican réagit en s’enlisant un peu plus dans l’ignominie» par cet amalgame et ce leurre.

SOS homophobie se déclare «outrée», alors que l’homosexualité n’est plus un délit depuis 1982 en France et ne figure plus dans la liste des maladies mentales de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis 1995, «de constater que l’on assimile aujourd’hui encore les homosexuels à des criminels, et que l’on en appelle à des scientifiques pour légitimer de tels propos».

REACTIONS POLITIQUES A MINIMA

Pour l’heure, les réactions politiques sont a minima. Nous n’avons entendus aucun membre de l’exécutif s’exprimer sur le sujet et seul le Parti Socilaiste a publié un communiqué rédigé par Najat Vallaud-Belkacem, Secrétaire nationale aux Questions de société. «Cette stigmatisation des personnes homosexuelles est une expression de plus de l’intolérance, des injustices, des discriminations et des violences que subissent encore régulièrement ces derniers, en raison de leur orientation sexuelle» estime-t-elle alors que «Non, l’homosexualité n’est pas une pathologie qu’il faudrait soigner, ni une infraction qu’il faudrait prévenir ou punir».

A noter que la gayfriendly Martine Billard, députée de Paris et porte-parole du Parti de gauche, a également dénoncé ces propos du cardinal Bertone estimant que «L’amalgame est d’autant plus inadmissible de la part du représentant d’un État. Nous attendons avec impatience la condamnation de ces propos ainsi que la destitution de l’auteur de son poste de secrétaire d’État du Vatican».

[MISE A JOUR 13h32]L’Etat français vient officiellement de réagirt aux propos du cardinal Bertone par la voie du porte-parole du ministère des affaires étrangères lors d’un point presse. Pour le quai d’Orsay, il s’agit d’un «amalgame inacceptable», «La France rappelle son engagement résolu dans la lutte contre les discriminations et les préjugés liés à l’orientation sexuelle et l’identité de genre». Le Maire de Paris a également fait part de son indignation, Bertrand Delanoë, affirme que «Contrairement au contenu de ces déclarations aucun scientifique ne soutient d’ailleurs une thèse à ce point inacceptable, la pédophilie ne concernant pas plus les homosexuels que les hétérosexuels. De telles prises de position sont d’autant plus dangereuses qu’elles stigmatisent délibérément une identité et portent ainsi atteinte au respect de la diversité et de la liberté individuelle».

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