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Début d’année politique pour les LGBT

Deux faits amènent à ce que les sujets LGBT, souvent clivant et symboliques au niveau politique, se retrouvent remis en avant en ce début d’année. D’une part, nous avons dépassé le terme symbolique du mi-mandat présidentiel pour Nicolas Sarkozy et, d’autre part, l’approche des élections régionales amène à mettre sur le devant de la scène les sujets qui clivent les partis et les obligent à se positionner.

Aussi, rien de surprenant à ce qu’une série de déclarations et de positionnements politiques sur les questions LGBT aient été effectués.

A droite, Hervé Morin, le Ministre de la Défense et président du Nouveau Centre souhaite se démarquer de l’UMP en faisant émerger des positions divergentes avec le grand parti frère. Lors de ses voux à la presse, l’ancien UDF a indiqué vouloir défendre le dossier de l’homoparentalité «en ayant en tête l’idée d’intérêt de l’enfant». «Il y a en France entre 30.000 et 40.000 enfants qui sont élevés par des couples homosexuels» a-t-il avancé estimant encore que la loi actuelle interdisant aux couples homos d’adopter, mais non aux célibataires homosexuels, était «d’une hypocrisie formidable». «Face à cette situation, l’intérêt de l’enfant, c’est que les couples homosexuels puissent bénéficier du même partage de l’autorité parentale que les couples hétérosexuels. Ceci, pour assurer une protection supplémentaire aux enfants de ces couples. Au moins une dizaine de pays européens ont accepté cela et tous les pédopsychiatres de la terre disent que cela ne provoque aucune perturbation pour l’enfant» a-t-il indiqué alors même que les élus issus de ses rangs ne font pas connaître leurs voix divergentes lors des travaux parlementaires.

Ainsi, toujours à droite, l’UMP a rejeté aussi bien les dernières propositions de gauche visant à améliorer le pacs qu’à ouvrir le droit à l’adoption pour les couples de même sexe ou améliorer la situation des familles homoparentales. Si cette position est assumée par les dirigeants de l’UMP comme par l’exécutif, GayLib, le mouvement LGBT associé au parti majoritaire, doit naviguer entre rappels des engagements de campagne et positionnement volontariste sur ces sujets. Ainsi, Emmanuel Blanc, nouveau Président de GayLib (ndr : il avait déjà occupé cette fonction par le passé), a repris en main le mouvement et cette élection interne a conduit à des échanges à fleurets mouchetés avec les anciens responsables pour qui, derrière ce nouveau bureau, c’est l’UMP qui reprendrait en main sur le mouvement LGBT interne alors que GayLib commençait à faire preuve d’un peu trop d’esprit critique.

A gauche, on aligne aussi bien les candidatures LGBT aux élections régionales, que l’on ne manque pas de rappeler les divergences sur les sujets qui nous intéressent. Ainsi, HES (Homosexualités et Socialisme) dénonce dans un communiqué le rapport Leonetti sur la révision des lois bioéthiques qui préconise en particulier d’exclure les célibataires et les couples homosexuels du recours à l’assistance médicale à la procréation, et de maintenir la prohibition de la gestation pour autrui. Déjà, associations et partis de gauche avaient dénoncé un autre rapport du prolixe député Leonnetti, mis à contribution par la majorité parlementaire pour enterrer le projet de loi sur le statut du tiers parent qui reconnaissait dans ses motifs les familles homoparentales, ce qui avait provoqué la colère de nombreux parlementaires conservateurs hostiles au texte.

Toujours à gauche, c’est la socialiste et maire de Montpellier Hélène Mandroux de continuer à défendre son appel à l’ouverture du mariage républicain aux couples de même sexe. Elle a ainsi adressé une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy rappelant que «il y a dix ans, la France a ouvert la voie. Aujourd’hui, elle a pris du retard sur des pays comme l’Afrique du Sud, le Canada ou certains états américains ainsi que sur plusieurs pays européens qui n’ont pas hésité à ouvrir le mariage aux couples de même sexe». A cette revendication récurrente, et unanimement portée par tous les partis de gauche, GayLib avance le projet d’Union civile alors même que la majorité et ses représentants n’opposent même plus cet engagement de campagne de Nicolas Sarkozy.

Gageons que l’approche des élections régionales verra se multiplier les prises de position sur le sujets LGBT. Gageons malheureusement encore que la période qui s’ouvrira ensuite, avec en ligne de mire les Présidentielles de 2012, devrait figer la situation politique sur ces mêmes questions, façon pour la gauche de faire entendre sa voix divergente et progressiste, façon pour la droite de rassurer son électorat traditionnel.

Au final, on renverra, au détriment des premiers concernés, à cette même future campagne présidentielle le soin de débattre de réformes éventuelles du pacs, du mariage ou de la filiation.

VIDEO PLUS

Pour rappel, une vidéo de GayLib avec une intervention Nicolas Sarkozy sur ses engagements de campagne à l’attention des LGBT. Un bon moyen de tirer un bilan…

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