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La Prévention Sida au rapport

L’année 2009 aura été une année blanche, sans campagne de prévention à l’attention des gays et ce depuis maintenant plus de trois ans, et ce sont succédées les données épidémiologiques concordantes sur une forte prévalence de l’infection à VIH-Sida au sein de la communauté homosexuelle avec une incidence des contaminations qui ne baisse pas. Aussi, les pouvoirs publics, tergiversant sur les méthodes de prévention à adopter, ont commandé une succession de rapports, d’études et d’expérimentations avec pour point d’orgue la mission sur les nouvelles méthodes de prévention confiée par le Directeur général de la Santé aux Professeurs Gilles Pialoux et France Lert.

Rendues publiques le 27 novembre dernier, leur rapport Prévention et réduction des risques dans les groupes à haut risque vis-à-vis du VIH et des IST contient une série de recommandations que l’on peut résumer par l’intégration des politiques de réduction des risques, l’accentuation des campagnes à l’attention des homosexuels et une nouvelle gouvernance.

Intégration des politiques de réduction des risques
La multiplicité des angles préventifs semble être actée : «Il s’agit de combiner tous les moyens disponibles pour renverser la tendance de l’épidémie et donner à chacun plus de moyens de prévenir la transmission du virus dans les pays et dans les groupes où sévit une épidémie massive» estiment les chercheurs, rejetant les divergences associatives, facteur de blocage malgré l’avancée de l’épidémie au sein de la population gay. Pour les scientifiques une grille de lecture doit être offerte aux gays, en fonction de leur pratique, par l’information délivrée sur le risque de transmission par type de pratique, la prise en compte des données virales (efficacité préventive du traitement et la signification de la charge virale), le rappel des méthodes reconnues efficaces de prévention (préservatifs, prophylaxie post-exposition…) et les stratégies individuelles de réduction des risques : adaptation de la protection ou de la pratique sexuelle aux statuts de chacun dans les relations sexuelles.

Aussi, les scientifiques font leurs la recommandation par la Haute Autorité de Santé d’un dépistage généralisé du VIH dans la population comme celui répété au sein de la communauté gay. Si «Le dépistage et le traitement ARV (Antirétroviraux) sont des outils majeurs de RDR (Réduction Des Risques)» les chercheurs rappellent que «Les préservatifs restent le socle de la prévention du VIH» mais que «Cette norme préventive s’articule avec d’autres méthodes de réduction des risques : PEP (Prophylaxie Post-Exposition), traitement antirétroviral, communication explicite entre partenaires, stratégies sero-adaptatives». «Cette prévention combinée augmentera le niveau de protection face à l’hétérogénéité des risques et aux besoins des personnes concernées» estiment-ils avançant les exemples de retrait avant éjaculation, pratiques actives etc

Santé sexuelle. Centres de santé. Pacte social contre la pénalisation
A l’image du Centre de Santé Sexuelle en cours d’ouverture par Sida Info Sevrice, les professeurs Pialoux et Lert préconisent «Un programme de santé sexuelle pour les personnes séropositives» mais aussi la création de centre de santé dédiés aux LGBT.

Dans ce refus de la stigmatisation et la prise en compte de personnes séropositives, Les scientifiques estiment que le «pacte social contre la pénalisation» ne doit pas être remis en cause malgré des décisions judiciaires discordantes. «Le large consensus qui existe aujourd’hui en France sur la non pénalisation de la transmission du VIH est une des conditions du succès de la prévention positive et une des clés du recul nécessaire de la stigmatisation» estiment-ils.

Nouveaux média et prévention
L’essor d’Internet et la place des nouvelles technologies tant dans l’information que dans les modes de socialisation et de rencontres des individus semblent, enfin, être pris en compte. «Cette nouvelle donne impose de redéfinir les contenus préventifs, de réfléchir au cadre de diffusion et aux moyens actuels de communication en impliquant tous les acteurs, y compris les éditeurs» avancent les scientifiques qui préconisent par ailleurs la création d’une poste de responsable Prévention LGBT au sein de l’INPES. On ne peut ici que se féliciter de cette prise de conscience en espérant que les campagnes, la gouvernance associative et les budgets dédiés acteront ce constat.

Prévention chez les gays, une priorité absolue
«La prévention chez les HSH (Hommes ayant des rapports Sexuels avec des Hommes) est une priorité absolue et urgente» ont avancé les chercheurs rappelant l’incidence et la prévalence du VIH au sein de la communauté qui imposent que «tous les moyens utiles pour augmenter le niveau de prévention dans cette population soient intégrés dans une approche combinée : traitement, PEP, dépistages VIH & IST, promotion du préservatif, actions visant à la réduction du nombre de pénétrations anales non protégées, ainsi que les autres méthodes de réduction des risques disponibles».

Ils renvoient aux associations le soin d’utiliser ces moyens et d les hiérarchiser en fonction de leurs actions et publics visés rejoignant ainsi largement les orientations de AIDES sur le sujet.

Enfin une gouvernance renouvelée est appelée à voir le jour avec aussi bien une meilleure coordination entre institutionnels et associations, qu’une implication croissante de ces dernières dans tous les stades de la lutte contre le VIH, y compris la recherche.

Les réactions à cette communication n’auront pas tardé. Pour AIDES, «les acteurs de la prévention disposent enfin d’un document clair et précis, rédigé par deux chercheurs reconnus pour leurs travaux dans le champ du VIH ; dont les recommandations sont basé sur des études scientifiques et sur l’expérience des acteurs de terrain». Si ACT UP PARIS participe depuis juin dernier à l’élaboration de ce plan de prévention, l’association l’estime «inachevé» et exclut qu’une politique de réduction des risques soit adoptée sans autres concertations. A l’inverse, Warning se félicite que «le rôle des traitements et de l’approche par la « réduction des risques sexuels » sont reconnus en matière de politique de prévention de l’infection à VIH ainsi que la place des tests rapides dans l’offre de dépistage». Enfin, Les Panthères Roses soulignent, via un micro trottoir vidéo, comment «Il y a urgence à (re)lancer massivement une prévention ciblée pédés qui valorise l’usage du préservatif» alors que «le taux de contamination parmi les pédés est loin d’être en baisse».

En France, les données épidémiologiques et les enquêtes font varier le taux de prévalence chez les gays entre 12 et 18%. En 2008, 48% des nouvelles contaminations concernent des relations homosexuelles et un gay sur cinq contaminé ignorerait sa séropositivité. La Journée mondiale de lutte contre le Sida aura lieu demain, mardi 1er décembre. Une manifestation aura lieu à Paris avec un départ à 18h30, place de la Bastille.

VIDEO PLUS

La vidéo des Panthères Roses :

EN SAVOIR PLUS4

Le pré rapport (Foramt PDF) : Ici

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Rapport – Prvention et rduction des risques dans les groupes haut risque vis–vis du VIH et des IST –

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