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Vers un dépistage généralisé du sida ?

On ne feindra pas la surprise suite à l’annonce faite par le quotidien Libération ce jour de la recommandation faite par la Haute autorité de santé (HAS) consistant à «aller vers un dépistage de toute la population française de 15 à 70 ans».

Il est vrai que l’expérimentation de l’offre communautaire de dépistage, l’usage des tests à dépistage rapide, les déclarations ministérielles ou d’experts comme l’avis récent du Conseil l National du Sida sur une possible place des traitements comme mode de prévention ont montré que sur le sujet de la lutte contre le VIH les paradigmes ont bougé au regard de l’évolution de la pandémie, des populations touchées, de la recherche et des traitements.

Cité par Libération, le rapport rappelle un fait établi soit que le dépistage est quantitativement déjà important en France mais que les diagnostics de séropositivité restent souvent trop tardifs, indépendamment du fait que 40.000 personnes ignoreraient qu’elles sont porteuses du VIH. Ces données, in fine, compliquent la prise en charge thérapeutique de ces personnes et induisent, faute de connaissance du statut sérologique et de mise en route de traitements, des contaminations nouvelles, de 6000 à 7000 par an. Alors que les gays se font plus dépister que la population générale, le problème du dépistage est patent chez les hétérosexuels et pour des populations de plus de 40 ans comme pour les migrants.

Alors que le dépistage est proposé à certains moments de la vie (grossesse, mariage…), ou qu’il est induit par des prises de risques, l’HAS souhaite généraliser l’offre, banaliser le dépistage et le systématiser sans remettre en cause, bien sûr, le fait qu’il doit demeurer volontaire et non obligatoire. Cela pourrait notamment se faire par une proposition de dépistage forte et généralisée par les acteurs de santé, médecins, services hospitaliers etc, sur une courte durée à l’échelle de l’épidémie (5 ans) comme le fait de pouvoir, sans prescription médicale, aller se faire dépister dans les laboratoires. A l’issue de cette période, un bilan serait tiré.

Ainsi, le pari est double pour les autorités. D’une part, au niveau individuel, diminuer le nombre de personnes ignorant leur séropositivité et faciliter leur prise en charge médicale et optimiser ainsi leurs traitements. D’autre part, et d’un point de vue collectif cette fois, cette prise en charge thérapeutique vise à ce que ces personnes prises en charge n’exposent plus leurs partenaires du fait de leur ignorance et voient leurs charges virales diminuer, l’absence de charge virale détectable étant l’un des facteurs pour lequel on estime que le risque de contamination est potentiellement faible. Avec cette double ambition, le taux de prévalence au VIH-sida en France pourrait diminuer comme le nombre de nouvelles contaminations.

Toutefois, sur le sujet de la lutte contre le VIH, on connaît les axes mais pas nécessairement les moyens. Si la prévention pure montre ses limites, elle n’en demeure pas moins essentielle et encore insuffisante, l’offre de dépistage comme la recherche scientifique nécessitent que l’Etat se donne les moyens de ses ambitions. Et les exemples récents quant à l’absence de campagne de prévention de l’INPES ciblant la communauté gay depuis plus de deux ans comme l’absence de campagnes sur le recours aux Traitements Post Exposition (TPE) ou sur les primo-infections, coïnfections, surinfections, ne sont pas encourageants quant à une généralisation du dépistage alors même que la lutte contre le VIH impose d’être sur tous les fronts.

Au final, le dossier est sur le bureau de la ministre. Roselyne Bachelot devrait attendre la remise d’un autre rapport sur le sujet de la lutte contre le VIH, celui sur les nouveaux axes de prévention, avant de faire ses déclarations. En professionnelle de la politique, comme de la communication, gageons que ces annonces interviendront en prélude à la journée mondiale de lutte contre le Sida du 1er décembre prochain…

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Une reportage de France 2 du 01/12/2007 sur le dépistage et notamment le recours aux tests de dépistage rapide, aujourd’hui en expérimentation en France.

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