in

Sida : les malades du sud, premières victimes de la crise et d’un désengagement des pays riches

En conférence de presse, ce matin, Act Up-Paris, AIDES, Coalition PLUS, Solidarité Sida, Sidaction et Oxfam, ont dénoncé des annonces trompeuses des pays riches, dont la France, qui se félicitaient d’une hausse des Aides Publiques au Développement (APD) alors qu’ils ont, dans les faits, diminué les aides directes et fait pression sur les pays pauvres qui se retrouvent directement victimes de ces désengagements.

Pour le Sidaction, la réunion du Fond Mondial contre le Sida à New Dehli au début du mois a fait l’objet d’une communication trompeuse et mensongère des pays riches : «Les malades vont être les premières victimes de la crise financière» estime le représentant de l’association qui constate que «les objectifs du millénaire ne seront pas atteints en 2010 et pas avant 2025 à ce rythme là».

Alors que les pays riches s’étaient engagés à accroître leurs efforts financiers, Sébastien Fourny, d’Oxfram France, estime que face à «des objectifs du millénaire ambitieux mais réalistes», «l’aide publique française va reculer à 0.38% du PIB quand on espérait 0.5% et que les objectifs sont fixés à 0.7% d’ici 2015». «Le gouvernement annonce que l’aide française augmente mais, quand on regarde les chiffres, la réalité st moins glorieuse, l’aide française va diminuer». «Il est avancé une hausse de 31% l’an prochain de l’APD française mais il s’agit principalement d’annulations de dettes, d’allègements hypothétiques, et d’une hausse exponentielle des prêts et non de l’aide directe publique» dénonce-t-il pointant l’absence de véritables efforts budgétaires sur des programmes pluriannuels, efficaces, comme «l’absence de programmation, de stratégie globale et de contrôle parlementaire réel». En réalité, estiment les associations, l’aide publique française réelle diminuerait de 7% !

Act Up rejoint l’Oxfram dans son analyse estimant qu’«alors les demandes des pays receveurs ont explosé, des pressions sur les pays du Sud ont été exercé à New Dehli pour imposer des coupes budgétaires». Pauline Bondeix, pour Act Up, s’est indignée que le Fonds mondial, minore ce jour même, dans un communiqué, les coupes budgétaires en renvoyant à une hypothétique hausse future des contributions.

Pour illustrer les conséquences de ces désengagements, le docteur Bintou Dembele de Bamako (Mali) a rappelé la genèse de l’association dont elle s’occupe. Alors que son association avait pu dès 1996, via la création d’un centre médical, procurer des antirétroviraux (ARV) à 3000 personnes et que ce chiffre a été porté depuis à 11000 avec une prise en charge des femmes enceintes, la scolarisation d’enfants et le suivi de populations fragilisées (détenus, travailleuses du sexe, homosexuels), ces coupes budgétaires sont à ses yeux synonyme de «chaos». «Le premier coup de massue a eu lieu en janvier 2008 avec la fluctuation du dollar» indique-t-elle déplorant qu’alors «nous avions prévu de mettre 30000 personnes sous ARV, on nous annonce une baisse de 25% des aides». «Dans une famille de 4 personnes, on devrait en choisir une qui ne bénéficierait pas de traitement, voilà ce que cela veut dire» pour la médecin qui prédit une «hausse des contaminations de la mère à l’enfant, faute de médicaments». «Est-ce qu’on va interdire l’accès, le limiter, sous quels critères ? Qui va-t-on priver de traitement ?» s’interroge-t-elle alors même que le Fonds mondial «nous avait demandé des projets ambitieux, c’est ce que l’on a fait, et aujourd’hui on ne sait pas quoi faire». Si, un temps, l’accès aux médicaments génériques étaient une question centrale, c’est aujourd’hui celle des moyens qui ressurgit : «Au Mali on n’a que des génériques, qu’est ce qu’il y a en dessous si on nous enlève l’argent pour nous en procurer ?» s’interroge-t-elle.

Enfin, pour Act Up-Paris, AIDES, Coalition PLUS, Solidarité Sida, Sidaction et Oxfam, il n’y a qu’une volonté politique qui peut régler le problème de désengagement des pays riches sur le sujet, alors que «les sommes nécessaires pour tenir les promesses d’aide au développement des pays pauvres représentent moins de 1% des 1 500 milliards mobilisés par les pays riches pour « sauver » leurs banques cet automne».

Pour illustrer ce décalage entre le nombre de personnes contaminées et le nombre de personnes traitées, elles prévoient, le 1er décembre prochain, journée mondiale de lutte contre le Sida, d’installer un compteur géant, Place de l’Opéra. Le 3 décembre, débutera à Dakar la 15ème conférence sur le Sida en Afrique.

EN SAVOIR PLUS

Le communiqué d’Act Up Paris sur le sujet : www.actupparis.org.

Le site de Aides : www.aides.org.

Notre Portail Prévention : http://prevention.citegay.com.





Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dnoncer les drives de la libert d’expression

Le MAG et les Jeunes Sropotes ensemble dans la lutte contre le SIDA